Bellion : « Je n’ai fait que des choix de coeur »

Comme souvent avec David Bellion (32 ans), il ne parle pas pour ne rien dire. L’ex-attaquant bordelais, aujourd’hui au Red Star (National) a ainsi accordé un entretien fleuve au site hat-trick.fr, retraçant tout le fil d’un parcours et d’une carrière pro riches en anecdotes.
« Je suis de la région parisienne (ndlr, David est né à Sèvres) mais mon premier club, c’est l’AS Cannes. Quand j’étais petit, ma mère est partie là-bas. Et j’ai joué de débutant jusqu’à réserve pro au club avant de partir en Angleterre. J’y ai passé dix ans, de 1991 à 2001. En minime première ou deuxième année, je suis rentré au centre de formation. Dès que j’ai commencé à taper dans un ballon, j’ai su ce que je voulais devenir. Il n’y a jamais eu de doute à ce niveau. J’ai perçu petit, même avant de commencer le foot, que je comprenais le jeu. C’est difficile à expliquer mais je savais instinctivement comment dribbler, comment éviter un joueur. Et j’allais très vite. Lors de mon premier match en débutant, on a gagné 14-0. J’ai mis huit buts. Le deuxième match, sept ou huit aussi. Après, on m’a mis en équipe une tout le temps jusqu’à ce que je quitte Cannes. J’ai presque toujours été surclassé. J’ai gagné des titres de meilleur joueur ou meilleur buteur lors de très nombreux tournois. C’était vraiment de belles années.

(…) Il y avait quelques clubs qui me voulaient, notamment Nantes qui venait d’être champion de France. Je suis parti là-bas visiter les installations. Et ça ne s’est pas fait. Je voulais y aller mais mon agent José Bray m’a demandé de patienter tout l’été. Ce que j’ai fait. Et il m’a dit que Sunderland était venu voir  de l’un de mes derniers matchs contre Borgo, une équipe corse. Sur la mi-temps que j’ai faite, j’ai marqué et l’entraîneur de la réserve de Sunderland, qui était venu me voir à la rencontre, a appelé l’entraîneur du club en lui disant : « Prenez-le vite ! ». Je suis allé voir le club pendant les vacances. Quand j’ai vu le stade, le centre d’entraînement, j’ai vraiment halluciné. Moi qui aimais bien la Premier League… Et ce n’était pas un choix financier car j’aurais gagné autant qu’à Nantes. D’ailleurs, au cours de ma carrière, je n’ai fait que des choix de cœur.

(…)  En 2001, je suis tout le temps dans le groupe mais je n’ai pas eu un match titulaire en Premier League. C’est l’année d’après, pour ma première titularisation en championnat que je marque pour Sunderland. Le 28 septembre 2002. Le jour où ma mère est née. Je n’avais même pas 20 ans. J’étais très heureux. (…) La première année, on a fait une saison très moyenne mais avec de supers joueurs. Dans le contenu, c’était pas trop mal. Ma deuxième année là-bas, ça a en revanche été catastrophique car on a changé trois fois d’entraîneur. On a été relégué. C’est là où moi je suis parti. Mais on avait des joueurs… C’était génial dans le sens où je sortais d’un choc psychologique violent (le suicide de son beau-père NDLR). Quand vous surmontez ça, la vie n’est plus aussi dramatique. J’ai passé la fin de mon adolescence là-bas. De 18 à 20 ans. J’ai commencé à m’amuser. J’étais un jeune libre. J’aime cette liberté, marcher dans la rue, me balader. Je n’aime pas trop le comportement de joueurs qui ne veulent pas s’ouvrir, parler aux gens.

(…) J’ai 18 ans quand je joue juste mon troisième match en championnat contre Manchester United. Il y a Kevin Kilbane qui se blesse à la mi-temps. Le coach me dit que je vais jouer la deuxième période. Je m’en rappellerai toujours car j’étais alors sponsorisé par Nike à l’époque. Et le gars de Nike me donne donc une paire de chaussures de couleur bronze. Une teinte unique. Un truc de fou parce que j’étais le petit jeune qui montait à Sunderland. Et je fais la mi-temps de ma vie face à Manchester United. Dribble sur dribble et ainsi de suite. Ferguson s’est entretenu avec mon entraîneur. Et puis ils m’ont suivi pendant deux ans. Je me souviens que l’année d’après, quand je marque un but contre Aston Villa et que mon temps de jeu augmente, il y a Liverpool qui m’appelle également. Du moins, j’étais en contact avec Gérard Houiller par mon agent. On me parle de Manchester United, Chelsea, la Juve, Barcelone et même de Newcastle alors que c’était l’ennemi. Il y avait des clubs qui venaient les uns après les autres pour manifester leur intérêt. On me parle de Manchester United, Chelsea, la Juve, Barcelone et même de Newcastle alors que c’était l’ennemi. Il y avait des clubs qui venaient les uns après les autres manifester leur intérêt. Après, quand j’ai vu que Manchester United ne rigolait pas, que c’était du sérieux, c’est sûr que ça s’est fait très vite.

Le problème, c’est que le président de Sunderland, Bob Murray, a demandé trop d’argent pour mon transfert en janvier 2003. Ce qui a fait que le directeur de Manchester United de l’époque, Peter Kenyon, a attendu pour pouvoir me prendre gratuitement six mois plus tard. Le reste de la saison a été une catastrophe car il y a eu un changement d’entraîneur. Et il savait que je voulais et que j’allais partir à Manchester United donc il ne souhaitait plus me faire jouer. Mais il m’a quand même demandé si ça me disait participer aux matchs importants… J’ai donc pris part aux deux derbys contre Middlesbrough et Newcastle. Après, Mick McCarthy est arrivé à son tour. Il m’a demandé si je ne voulais pas changé d’avis et rester à Sunderland une ou deux années de plus pour construire l’équipe autour de moi. Je lui ai posé la question : « Si Manchester United était derrière vous, que feriez-vous ? ». Et il m’a répondu qu’il partirait. Il avait sa réponse. Mais j’ai beaucoup de respect pour Mick McCarthy car il a été très gentil avec moi. »