Jeandupeux : « Tant que Marseille n’aura pas gagné à Bordeaux… »
« Tant que Marseille n’aura pas gagné à Bordeaux, on me parlera de cette rencontre, de cette action, de cette blessure. Mais, pour moi, ça ne reste qu’un match dans ma carrière.
(…) Je me rappelle de l’action, mais pas du choc. Je contrôle le ballon en pivotant pour repartir du côté droit. Je me situe à trente mètres du but de Marseille sur la bande des 16,50 m. Le ballon est à peine à deux mètres de moi. Et je me retrouve au sol, sur le dos. C’est la première image qui me revient en mémoire avec le visage blanc, si blanc, de l’arbitre M. Delmer lorsqu’il me regarde. (…) Pourtant, pendant que l’on m’évacue sur une civière, mon optimisme béat m’incite à penser que je rejouerai deux à trois mois plus tard. En réalité, j’ai fait quarante-cinq jours d’hôpital au CHU de Pellegrin, à Bordeaux, avec plusieurs opérations. Puis je suis resté plâtré durant un an et j’ai enchaîné avec quasiment une année de rééducation, en pratiquant notamment du vélo.
(…) Ma sortie a certainement été déterminante dans l’issue de la rencontre. Cela a été un choc pour mes coéquipiers, un choc émotionnel mais aussi et surtout visuel. À l’hôpital, durant les premiers examens, les médecins redoutaient une infection. Bien des années plus tard, j’ai même appris qu’ils avaient, un instant, craint de devoir m’amputer. »