Planus : « J’ai emporté la plaquette avec mon nom et fait une dernière photo »
« Ce vendredi, pour moi, c’était la toute dernière fois au Haillan. Il y avait beaucoup d’émotion, de la nostalgie aussi. Mais je n’ai toujours pas fini de dire au revoir à tous les salariés, je n’ai pas terminé de saluer tout le monde, et je compte repasser la semaine prochaine. Par contre, j’ai entièrement vidé mon casier, ça y est. J’ai emporté la plaquette avec mon nom et j’ai fait une dernière photo. Celle-là, elle est pour moi. L’entraînement matinal était ouvert au public et j’ai eu beaucoup de message de sympathie de la part des supporters présents. Ils ont encore eu des mots très touchants. En partant, j’ai distribué des maillots, des shorts, des tee-shirts, des paires de crampons, à ceux qui le demandaient ou qui me l’avaient déjà demandé.
(…) C’est sûr que c’était fort cette dernière ligne droite avec ma fille, en lui disant : « Regarde le château, c’est terminé ». Il n’y a pas eu de larmes mais une grosse pointe de nostalgie. Les larmes, c’était pour Bordeaux – Nantes, pour la dernière à Chaban. J’avais fait venir toute ma famille, et les supporters m’avaient réservé quelque chose d’exceptionnel.
Mercredi, j’ai offert le champagne pour mon départ. Mes jeunes coéquipiers sont venus me voir et m’ont dit : « Merci pour tes conseils qui nous ont aidés à intégrer le groupe pro. Si tu as un maillot qui traîne en souvenir de toi… ». C’est toujours agréable. J’ai été dans leur situation et j’avais pu bénéficier, moi aussi, des conseils des joueurs plus anciens. D’anciens coéquipiers comme Yoann Gourcuff, Lilian Laslandes, François Grenet ou même Fahid Ben Khalfallah qui se trouve en Australie, ou encore Jean-Louis Garcia, qui était mon coach en CFA, m’ont envoyé des messages de soutien en me disant de profiter à fond de ces tout derniers moments et, pendant l’entrainement, de temps en temps j’y pensais et j’essayais de vivre l’instant présent pleinement.
Avec Willy Sagnol, nous avions parlé en début de semaine et il m’avait demandé si cela me ferait plaisir de figurer dans le groupe pour le premier match dans le nouveau stade, ce samedi contre Montpellier. (…) Il faut remettre les choses à leur juste place. Pour moi, c’était beaucoup plus important d’entrer contre Nantes pour dire pouvoir adieu aux gens. C’est une nouvelle page de l’histoire des Girondins qui va commencer, et c’est à d’autres personnes que moi de l’écrire.
(…) J’ai tellement de choses à dire, il y a tellement de gens que j’aime dans ce club. Je voudrais vous parler de chacun d’eux dans chaque interview. Pourtant, je ne suis vraiment pas friand de ce genre d’exercice. Mais là je me dois de le faire, pour raconter ce qu’un joueur a vécu, encore en 2015, dans un club de foot en France. J’ai été dur avec mon milieu. Parfois, je l’ai même dénigré, en disant qu’on avait perdu certaines valeurs. Mais avec ce que j’ai vu et vécu, quand 35 000 personnes se mettent debout pendant une minute pour un joueur qui est remplaçant et qui n’est plus très performant depuis deux-trois ans, je me dis qu’on n’a pas tout perdu. C’est un bel espoir. »