A. Giresse : « Chaque club a son identité, il ne faudrait pas qu’on dérive »
Joueur le plus emblématique de l’histoire des Girondins de Bordeaux, dont il est l’élément le plus capé (presque 600 matches en pro) et le meilleur buteur (plus de 180 fois) en plus d’être le symbole car formé au club, Monsieur Alain Giresse n’est pas convaincu par le FCGB sous pavillon américain :
« Le club est en train de prendre en virage. C’est à dire qu’avec la reprise du club par ce fonds d’investissement américain, quel que soit le propriétaire, on est dans les données de maintenant. Les clubs, ils sont repris comme ça. Après, pour quelle(s) raison(s) ? Bah on voit bien que vouloir faire de ces clubs des rentes financières est un travers. En plus, ce n’est pas toujours le cas. Il ne faut donc pas oublier ce que c’est qu’un club de football, ce que sont les Girondins, ce qu’ils représentent, ce que les gens attendent ; et ne pas tout d’un coup être une machine à vouloir faire du business. Il y a d’abord le terrain, le sport, le club dans son ensemble et son histoire, sur laquelle on s’appuie.
Je ne dis pas qu’il faut vivre avec le passé, mais simplement chaque club a son identité, sa spécificité, et il ne faudrait pas qu’on dérive, tout d’un coup, et qu’on fasse des choses qui deviennent juste un spectacle sportif, loin de toutes les valeurs que représentent les Girondins, auxquelles les gens de la région sont très attachés. Et ça, je pense qu’il faut essayer de le préserver à tout prix. Mais pour le moment, on est encore dans l’expectative quant à cette finalité. Si je suis dubitatif par rapport à ce qui se passe ? Oui. Fatalement. Quand on voit ce qui se passe dans d’autres clubs, comme Monaco, où tout d’un coup on vient faire du trading – comme on dit maintenant – pour que l’équipe se valorise et qu’ensuite on vende les joueurs pour friser la D2 et naviguer en eaux troubles… Ce n’est pas ça qu’on attend aux Girondins de Bordeaux, un club qui a une histoire et qui est très représentatif dans le championnat national. Et c’est à travers ça que les supporters et les gens s’intéressant aux Girondins sont fiers, car les Girondins sont dans le patrimoine de la ville et de la région. Il faut donc préserver ça et trouver un compromis pour que tout fonctionne ensemble, avec les supporters, dont le Virage Sud. Les supporters ont besoin des sportifs et les sportifs ont besoin des supporters. Et quand on est tous conditionnés par l’envie que les Girondins soient le club qu’on a envie qu’ils soient, il faut trouver le bon moyen de fonctionner ensemble. »
Retranscription du podcast « Le point G« (Gold FM – G4E) faite par nos soins