A. Giresse et B. Lacombe racontent leur complicité sur et hors terrain
Lors d’un long live sur les réseaux sociaux, le mois dernier, organisé par Éric Dagrant (la voix des Girondins et de la FFF, notamment), Messieurs Alain Giresse et Bernard Lacombe, stars offensives du grand Bordeaux des années 80, ont retracé leur amitié, au-delà du football, et leur complicité sur le terrain :
GIRESSE : « Quand vous avez passé autant de temps, dans une vie, à discuter avec un coéquipier et un compagnon de chambre comme lui… Sa voix est gravée. (…) Bernard Lacombe, c’est quand même le meilleur buteur français de tous les temps, de l’histoire du football. Cela signifie tout, déjà. Après, même si bien sûr c’est un Lyonnais, Bordeaux a été je crois le summum de sa carrière, car c’est là où il a pris toute sa dimension, dans l’équipe que nous avions à l’époque. On dit, évidemment, qu’il marquait beaucoup de buts, mais il en faisait aussi marquer beaucoup, et je suis bien placé pour le savoir car il m’a donné beaucoup de buts. Notre relation, c’était un plus dans l’équipe, comme la relation que Bernard avait avec l’attaquant international allemand Dieter Müller. Et grâce à tout ça, en 84-85, quand on jouait à Bordeaux, on ne se posait même pas la question de savoir si on allait gagner mais sur quel score. Comme dit Bernard, des fois, certains joueurs étaient si confiants qu’ils demandaient même contre qui on jouait en arrivant dans les vestiaires avant le match (rire) ! (…) Avec Bernard, mon complice, l’amitié va au-delà du football et même des personnes, car ce sont nos familles aussi qui sont amies. Ce n’est pas simplement lui et moi. »
LACOMBE : « Alain et moi, on avait déjà la chance d’avoir pu jouer ensemble en équipe de France junior – alors que je ne jouais pas encore N°9, car c’était Marc Berdoll, mais en 10, avec Gigi en 8 -. C’est là qu’on s’est connus, en faisant chambre commune, en étant en stage. On avait, déjà, pu partager des moments merveilleux, des moments magnifiques avec d’autres joueurs qui ont fait de bonnes carrières ensuite. Aussi, je me rappelle qu’avant les matches de Coupe d’Europe, à Bordeaux, on allait en mise au vert à Belin-Béliet et Alain avait le tic de mettre ses chaussures sur une grande caisse en bois dont on disait que c’était la caisse à munitions, grâce à laquelle il était plus efficace les soirs de match. Mais en fait, avec les joueurs de l’époque, et les gens dans la rue, il y avait beaucoup d’amitié et de gentillesse. Notre entente sur le terrain ? On avait le temps d’en parler, dans l’avion, dans la journée du match, ensemble dans la chambre, on discutait des matches, des caractéristiques des adversaires, on savait tout… On était tellement passionnés par notre métier – enfin, à l’époque c’était surtout un jeu, encore – ! Mais au-delà d’Alain et moi, entre Jean Tigana, René Girard, Léo Specht, Marius Trésor, on a eu d’autres très grands joueurs à Bordeaux. C’était vraiment du haut niveau, on était costauds.
Gigi et moi, on avait un truc, c’est qu’une fois qu’on avait mis un pied sur le terrain nous n’étions plus les mêmes personnages, dans l’implication. Tous les matins, à la fin des entraînements, on faisait des gammes, en se mettant à 25-30 mètres, tous les deux. On travaillait pied fort et pied faible. Vous savez, on me demande très souvent si nous aurions pu jouer avec les joueurs d’aujourd’hui, mais je réponds que ce sont plutôt eux qui n’auraient pas pu jouer avec nous (rire) !«
Retranscriptions faites par nos soins