Ambiance entre joueurs, match final à Paris, festivités à Lescure : Lilian Laslandes nous ramène en 99
FootDAvant.fr propose, pour finir 2018, de relire son entretien datant de fin avril dernier avec… Lilian Laslandes, l’ancien attaquant et buteur des Girondins de Bordeaux de la fin des années 90 – surtout – et – un peu – des années 2000 ! Laslandes revient, forcément, sur le titre de champion de France 1998-99 gagné avec Bordeaux, juste devant le rival marseillais, avec qui les Marine et Blanc se sont disputés la première place tout au long des 34 journées. Lilian raconte notamment qu’entre les Girondins et les Phocéens, la mentalité n’était pas la même avant le choc de fin janvier entre les deux clubs, qui a conditionné la suite…
« Pour moi, la réception de Marseille (4-1) est le tournant du championnat. On a joué avec une telle décontraction, alors que les Marseillais étaient un peu blancs. Aux abords du terrain, il y avait des pompiers, et trois ou quatre joueurs bordelais ont pris et porté le casque des pompiers pour déconner avant l’entrée sur le terrain. Les Marseillais avaient l’air de se dire : « Mais ces joueurs ne viennent pas jouer un match de cet enjeu-là ! ». La veille, pendant la mise au vert, le journaliste de Canal + est venu nous interviewer au bar de l’hôtel. Il nous a dit : « Pour mon reportage, pourriez-vous déconner pour montrer que l’enjeu n’est pas très important pour vous ». On se concerte avec les Michel Pavon et Johan Micoud et on lui répond : « Ok, on va déconner ». On prend les bouteilles d’alcool, on les met sur la table, on fait semblant de se servir des verres. On fait les cons comme si on était éméchés. A la fin du reportage, le journaliste nous dit : « Je vais voir avec la rédaction en chef pour pouvoir le diffuser ». Bon, finalement, ce n’est pas passé à la télé.
Le match du titre, à Paris ? D’entrée de jeu, Sylvain (Wiltord) marque. Après, je marque aussi mais le but est injustement refusé. Paris égalise et Sylvain remarque derrière. Il reste un quart d’heure à jouer et la pression commence à monter. On savait qu’Ali Benarbia partait à Paris en fin de saison. On lui avait dit en rigolant : « Si tu vas là-bas, tu pourrais négocier le match (rires) ». Et il nous avait répondu : « Il y a certains Parisiens qui ne veulent pas que Marseille soit champion, d’autres s’en moquent donc on ne peut pas vraiment savoir ». Pour revenir au match, Bordeaux se fait égaliser à sept minutes de la fin. Là, Elie Baup décide de faire rentrer Pascal Feindouno. En fin de rencontre, je lui mets le ballon en profondeur et il marque. Je deviens meilleur passeur, lui nous offre le titre. Ensuite, la joie est indescriptible. Lors des dix dernières minutes, le public parisien nous encourageait. Entendre le Parc des Princes chanter « Allez Bordeaux », ça fait tout drôle.
La soirée, après ? On a fait la fête avec les supporters bordelais, qui avaient fait le déplacement à Paris. Quand on arrive à l’aéroport, le président Triaud dit : « Demain, on a rendez-vous à la mairie ». Je lui réponds : « Non, c’est au stade Jacques Chaban-Delmas qu’on doit fêter ça, c’est là-bas qu’on a lutté pour ce titre ». Il passe un coup de fil pour demander l’autorisation et le maire, Alain Juppé, dit : « Pas de problème, on va ouvrir le stade ». Jean-Louis Triaud revient alors vers moi : « Je vous ai écoutés, j’ai fait ouvrir le stade, s’il n’y a pas grand-monde, tant pis pour vous ». Un quart d’heure après l’ouverture, un copain qui était sur place m’appelle : « Lilian, dis à ton président que le stade va être plein, il y a déjà 20 000-25 000 personnes assises ». Les gens ont attendu quatre ou cinq heures au stade. Quand on est arrivés, à 3 heures du matin, il y avait 35 000 personnes. Un truc de fou. Après, on est reparti en voiture, avec Nisa Saveljic et Ivan Vukomanovic. Nous étions en décapotable et nous klaxonnions. Les gens, à Bordeaux, ils nous acclamaient, c’était génial. »