Barrière de la langue, cannettes d’Heineken, Pavon incompréhensible : la 1ère de Niša Saveljić au FCGB
En train d’entamer sa reconversion, ce toujours dans le monde du football, l’ancien défenseur central des Girondins de Bordeaux, Niša Saveljić, a été l’invité de l’équipe de ‘Girondins Analyse’ durant le mois de juin. L’interview complète de ‘Nino’ sera diffusée rapidement dans GA (qui reprend ce soir à 21H !), sur les ondes d’R.I.G, puis relayée en podcast et retranscrite sur G33.
En guise de teaser voici donc un premier extrait, celui où l’ex international serbe raconte ses débuts avec Bordeaux. Attention, c’est garanti sans langue de bois !
« L’intégration, c’était difficile, surtout dans une équipe totalement renouvelée. Déjà, je ne parlais pas du tout Français ! On avait un professeur, mais il était… Portugais (rire) ! Et black (rire) ! Chez nous, il n’y a pas de black, ni de black qui parlent portugais (rire) ! Je pensais que je m’étais trompé de cours… J’avais plein de bouquins… Alors je parlais en Anglais, et c’était surtout Lilian Laslandes qui s’occupait de moi, et au quotidien, pour les papiers, la maison, l’argent etc. On se débrouillait ! C’est devenu un ‘frère’ grâce à ça. Pour moi, c’était un vrai choc culturel, car j’arrivais comme ça, sans rien ! Il m’a expliqué comment tout marchait. Au niveau du foot, pour mon premier match, on joue à guichets fermés contre Monaco, au Parc Lescure. A côté de moi, en défense centrale, j’avais le Brésilien Paulo Gralak, plus Stanley Menzo dans les buts. Aucun de nous trois ne parlait vraiment Français, même si Gralak ça allait par rapport à moi. Et devant nous on avait Michel Pavon qui criait, alors qu’on ne comprenait rien (rire) ! Il parlait hyper vite ! Ça plus le Médocain aux cheveux longs (Laslandes, NDLR) en attaque, je vous dis pas (rire) ! Alors qu’en face, on avait des ‘monstres’ : Thierry Henry, Emmanuel Petit, N’Doram… J’en rigole maintenant, mais sur le moment c’était très dur à vivre. Et je me suis dit : ‘Attention Nino’, j’avais la pression, surtout devant mon nouveau public, même si j’étais sûr de mes qualités. Après le match, on avait gagné 1 à 0, j’étais très soulagé. Et j’ai alors découvert les cannettes d’Heineken et de Coca dans le vestiaire (rire) ! On n’avait pas ça au Partizan Belgrade… Quand Michel m’a proposé de boire, j’ai refusé : ‘Je bois jamais moi !’ (rire). Donc voilà, mes débuts n’étaient pas évidents. Mais j’ai vite senti une ambiance très familiale dans le vestiaire. J’ai eu un bon feeling, même si c’était très différent de la Yougoslavie. Donc en plus de ma motivation de départ, car j’arrivais dans un grand club, j’ai apprécié la vie en interne.
De toute manière, je n’aurais pas eu
d’excuses si ça n’avait pas marché. C’était à moi de m’adapter,
d’apprendre la langue, même si c’était très dur. Ma culture et mon éducation
font que je n’avais pas à me chercher d’excuses, je devais être fort et
motivé pour suivre le rythme et apprendre : à la fois la langue, la vie,
et la tactique, bien sûr. Il fallait que je sois costaud dans ma tête,
et je l’ai été, bien que cela n’ait pas été facile, car je ne comprenais
rien au départ. Mais c’est à chacun de passer le cap mentalement.
Après, c’est sur le terrain qu’on joue : donc même si en face on m’avait
mis Bruce Lee ou Jackie Chan, devant un stade plein, j’y serais allé,
je ne les aurais pas lâchés, même sous 60 degrés, quitte à perdre 5
kilos (rire) ! Là, contre Monaco, c’était un peu ça… Et on avait gagné 1
à 0, donc les barrières de la langue, de la culture etc c’était pas
important ! J’avais rien compris à ce que Michel m’avait dit, mais tant
pis (rire) ! J’ai appris après… »