Christophe Dugarry : « J’étais capitaine, j’allais négocier des primes, et je me faisais engueuler ! »
Durant son deuxième passage aux Girondins de Bordeaux, au début des années 2000, Christophe Dugarry, auréolé de ses titres de champion du Monde et d’Europe avec les Bleus, était devenu le capitaine des Marine et Blanc, période Pauleta, Bonnissel, Eduardo Costa ou encore Smertin(e). C’est donc lui qui était en charge de négocier les primes, à une époque où cette pratique était moins naturelle qu’aujourd’hui. Et ‘Duga’, dans son émission, sur RMC, explique qu’il avait pris cette mission avec une certaine gêne. Il développe même tout un avis sur la question.
« Moi, j’en peux plus de cette phrase, quand les joueurs disent : ‘Le club ne me respecte pas’. Ils le disent quand leur salaire n’est pas suffisamment important. C’est LA phrase du footballeur ça. Là, on a Cristiano Ronaldo, au Real Madrid, qui dit ‘Le club ne me soutient pas’… Je trouve cela assez surréaliste. Il y a des choses, vraiment, je ne comprends pas… Ils n’ont pas un pistolet sur la tempe quand ils signent leur contrat. Moi aussi j’ai vécu ça, en ayant la chance d’être professionnel pendant 16 ans et capitaine à Bordeaux. J’allais donc négocier des primes, et je voyais des réactions incroyables, chez certains de mes coéquipiers, dans le vestiaire, qui me reprochaient de ne pas avoir négocié une prime assez importante. Moi je les regardais, j’avais envie de dire : ‘Mais mec, t’es déjà payé pour gagner des matches ! Tu veux pas, en plus, être payé dès que tu en joues et que tu en gagnes ?’… Je trouvais ça aberrant. Après, quand tu finis dans les trois premiers, ok, tu as rempli l’objectif, le club a gagné des sous, donc pourquoi pas ? A la limite. Après, on a tous besoin d’amour, mais au bout d’un moment, c’est bon…
Les primes de match ? Oui, ça a toujours existé. Mais moi, j’ai été capitaine à une époque où ça évoluait dans un sens où tu ne touchais ces primes que à la fin de la saison, si tu atteignais l’objectif. ‘Entre 1er et 3ème’, ‘Entre 3 et 5’… Et en dessous, tu n’avais pas de primes. Je m’étais fait engueuler, en tant que capitaine, car j’avais négocié ça. Certains voulaient gagner une prime à chaque match joué et gagné. Mais je répondais que je n’allais quand même pas demander ça au président Triaud ! Imagine, on est 14èmes, alors qu’on est les Girondins de Bordeaux, je vais pas aller réclamer au président une prime de 2 000 euros parce qu’on a gagné un match ! Mais je me faisais engueuler, donc bon ils n’avaient qu’à le prendre, le brassard, et aller négocier. Sérieusement, je trouve ça dingue ; comme l’attaquant qui demande une prime de but. Il est déjà payé pour ça. Après, moi, des primes de but j’aurais peut-être été un des seuls ayant le droit d’en demander (rire) ! Ce genre de primes : ‘Si je marque 15 ou 20 buts’, il faut le relier à un objectif collectif, comme ‘Finir 1er’. Sinon… Il faut vraiment que ça se rajoute, éventuellement, à un objectif d’équipe. (..) J’en ai marre de ces questions d’égo, ces attitudes de pleureuses, juste pour se faire augmenter, surtout quand on gagne déjà assez. »