Daniel Riolo : « Réveillez-vous, les Bordelais qui êtes encore au club ! »
Énervé sur le cas des Girondins de Bordeaux, le journaliste d’RMC Daniel Riolo a chargé, hier soir, le président Frédéric Longuépée, dans un ‘After Foot‘ où l’ex joueur offensif du FCGB, Ludovic Obraniak, avait aussi taclé le duo Longuépée – Antony Thiodet ; avant que Christophe Dugarry n’en remettre une belle couche ce soir.
Voici donc les mots de Riolo sur FL, qui raconte longuement comment l’ancien gymnaste de haut niveau passé par la Fédération Française de Tennis et le Paris Saint-Germain (directeur-adjoint en charge des relations commerciales) a détruit l’identité girondine des Marine et Blanc :
« Le choix du président, déjà, ça avait été un petit problème, souvenez-vous… Car il y avait plusieurs candidats, dont Jean D’Arthuys et Vincent Tong-Cuong. Résultat : c’est Joe DaGrosa et GACP qui se sont dits : ‘C’est mieux si on prend celui qu’on pourra le plus facilement contrôler’. C’est un peu comme ça que ça s’est fait pour le choix de Frédéric Longuépée, que King Street a voulu aussi, même si tout le monde a été scotché qu’il soit nommé président car c’est un pur commercial qui n’y connait rien au foot. Après, Longuépée, il n’est pas plus bête qu’un autre dans ce genre de circonstances et une fois arrivé, il a essayé de placer ses équipes. Alors, suite à ça, est née une guerre interne. King Street, dans tout ça, quand ils ont eu assez d’éléments pour démontrer que la gestion de GACP était catastrophique et qu’Hugo Varela avait croqué bien comme il fallait, Longuépée a donc demandé à King Street de virer GACP. Mais la bataille n’a été gagnée qu’à moitié, car pas mal de gens sont restés comme Eduardo Macia ou bien Souleymane Cissé, à qui longtemps Longuépée n’a même pas adressé la parole. Et il faut savoir aussi que Longuépée a dit à Paulo Sousa qu’il n’avait pas à lui parler, car le rapport de hiérarchie faisait qu’il y avait Macia entre eux. Ça décrit, déjà, les rapports qui se sont installés, ceux du N à N+1. Donc que Longuépée ne connaissent pas le foot, à la limite, ce n’est même pas le principal souci.
Après, Longuépée, il n’est pas un président dans l’âme, et sa nomination a surpris dans le milieu. Mais à Bordeaux, il a voulu s’imposer comme un patron. Donc, ce qui va être son œuvre jusqu’à aujourd’hui, c’est écraser tout le monde en nommant ses hommes. Au fil du temps, l’exploit de Longuépée, ça aura été de se couper de tout le monde en interne et autour du club à travers des petites anecdotes qui n’ont l’air de rien, comme le coup de forcer les joueurs et le staff à porter, à la soirée des vœux du club aux partenaires, des vêtements de la marque parisienne Études – celle de David Bellion – ; ce que les coaches et les joueurs ne voulaient pas et qui l’a mis très en colère. Finalement, Longuépée n’est pas rentré dans la culture bordelaise, il est arrivé de façon très élitiste et a coupé tout le monde de tout le monde en se coupant lui-même de tous. Au club, la convivialité a disparu. En plus, avec l’échec du PPP, sa volonté de récupérer l’exploitation commerciale du stade, lui qui pensait pouvoir faire mieux que la filiale de Vinci – Fayat qui avait déjà du mal, ne marche pas non plus…
Frédéric Longuépée, il s’est coupé du vestiaire, des partenaires, des supporters, de tous les acteurs culturels, sociaux et économiques de Bordeaux. En arrivant, il a placé ses hommes – mais ça, il parait que c’est normal -, sauf qu’en fait il a viré… 100% des membres du comité de direction, des Bordelais là depuis si longtemps, pour ne mettre que des gens hors Bordeaux. Quelques-uns sont même totalement affichés supporters du PSG, ce que moi je trouve choquant en général dans tous les clubs. Mais là, dans un club comme Bordeaux, qui a une véritable histoire, où il y a une tradition forte, et où en plus on n’aime pas trop le PSG, ce n’est pas possible d’avoir dans les couloirs des gens qui sont proches… du PSG ! Et là, Bordeaux – qui a viré du jour au lendemain son plus ancien salarié, qui avait 35 ans de présence -, ils n’ont pris que des mecs de l’extérieur, des mecs qu’ils ont recrutés très cher en plus, sur CV et en faisant exploser la masse salariale ; comme pour les joueurs… Le mec du sponsoring vient de New-York, donc je pense qu’ils ont bien aligné. Le mec de la comm’, c’est un ancien de chez Lidl et Danone mais aussi des cabinets de Jean-François Coppé ou Laurent Wauquiez et un grand supporter du PSG, par exemple. Donc, oui, je trouve que là ça fait vraiment désordre. Aussi, le nouveau mec du digital est un ancien du digital du Real Madrid, mais lui il bosse depuis Madrid, il n’est pas à Bordeaux. Ce n’est pas utile apparemment qu’il soit sur place ; télétravail. En fait, le club de Bordeaux est complètement hors sol. Tu as l’impression qu’il n’y a plus de Bordelais au club, et ça c’est ce qu’on reproche le plus à cette direction-là, même chez les supporters. Du coup, c’est pour ça que je dis qu’Ulrich Ramé, s’il veut rattraper les deux-trois casseroles qu’il a au cul dans la gestion, ce serait bien qu’il se bouge. Quant à Patrick Battiston, lui c’est le bureau dormant. Il a peut-être peur pour sa place, mais moi j’ai envie de l’inviter à tout déballer. Car lui, il sait tout ! Il est dans un placard doré, il ne fait rien… mais qu’il parle, sinon il est également coupable ! Réveillez-vous les Bordelais qui êtes encore là !
Aussi, ce qu’il faut dire, c’est qu’entre le sportif et l’administratif, on est passé de 200 à 300 salariés. Bordeaux est 2ème, derrière Paris, au nombre de salariés. C’est incroyable ça… Et en interne, il y a une rivalité, vu qu’il reste quand même d’anciens bordelais. Mais comme les nouveaux venus dominent, ils s’appellent ‘Team Lescure’, sont bien identifiés et sont, en gros, des pestiférés, bien à part… Encore une fois, dans ce club, tout est sclérosé : vestiaire, joueurs, salariés, anciens ; les institutionnels je n’en parle même pas… La mairie s’est pas mal désintéressée de Bordeaux ces derniers temps et Alain Juppé, de son temps, il n’en a pas souvent eu grand-chose à faire du foot. Mais, il y a son opposant écolo, Pierre Hurmic, qui a rendu publique une lettre pour demander des comptes au club ainsi que… la réponse incendiaire de Longuépée. On voit là, encore, à quel point Longuépée est un homme de dialogue, lui toujours très arrogant, très cassant. En tout cas, il ne reste plus personne de Bordelais… »
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