Daniel Riolo : « Se remettre à table ; supporters, LFP et pouvoirs publics ; pour trouver un modèle »

Alors qu’un représentant des Ultramarines Bordeaux 87 sera, ce soir, dans ‘L’After Foot’ d’RMC, Daniel Riolo a pu, ces derniers jours, donner son avis sur la crise actuelle des tribunes françaises, et le conflit du moment entre les supporters français, d’une part, et la Ligue et les pouvoirs publics, d’autre part.

« Ces derniers temps, on a vu que les supporters bordelais sont devenus les porte-drapeaux de la lutte. Mais de quelle lutte ? Et c’est ça qu’on ne comprend pas bien : pourquoi on a là une résurgence de la cassure entre les différents groupes de supporters et la LFP – enfin, la LFP toute seul ou aussi les pouvoirs publics – ? Parce qu’en fait, qui prend les mesures qui dérangent les groupes de supporters ? La LFP ou, à travers elle, les pouvoirs publics ? Tout est un petit peu flou, alors qu’on semblait être un peu sortis de ces difficultés car il y avait eu beaucoup de discussions et de lois votées, notamment une en 2016 pour instaurer un ‘référent supporters’. Mais on sait que c’est toujours délicat de dialoguer avec les supporters car on ne sait pas avec qui on parle réellement ni si tout le  monde est vraiment représenté par ceux qui parlent ou si telle asso vaut mieux qu’une autre.

Donc en gros, les supporters disent que c’est du tout-répressif et qu’il n’y a plus réellement de dialogue et de prévention. Et ça tourne autour de quoi ? De leurs déplacements, sur lesquels c’est autorisé, mais pas vraiment, ou juste un peu, mais pour pas beaucoup, le tout en maquillant aussi ça par l’augmentation dingue des prix des places visiteurs, ce qui fait que les mecs – de toute façon – ne vont pas y aller. Ou alors, c’est carrément interdit et ceux qui y vont sont arrêtés, gardés à vue et relâchés des heures après. Résultat, le climat du moment c’est la protestation, partout, dans chaque stade, avec des banderoles anti-LFP ; et une LFP qui ne répond pas, car elle estime peut-être avoir déjà répondu à travers des réunions… faites avec des gens – pour certains – pas très représentatifs.

L’autre souci, c’est que ça aboutit aussi à des huis clos, avec des stades vides ; ce que je n’aime pas, car ça sonne toujours comme une petite mort du foot. Alors est-ce qu’il faut reclarifier ce qui est faisable en déplacement, car certains n’ont pas compris ? Ce serait peut-être pas mal… Et est-ce qu’on peut punir de différentes manières ? Après, moi, je suis prêt à entendre que si le déplacement nécessite trop de moyens financiers, de déplacement des forces de l’ordre – qui ont autre chose à foutre, enfin on estime que… – etc, on l’annule. Pourquoi pas ? Mais alors que ça nous soit clairement dit et qu’on explique : ‘Dans ce pays, c’est terminé, il n’y aura plus jamais un déplacement !’. Sauf que là, la situation est floue et c’est n’importe quoi !

Et en plus il y a le souci récurrent du fumigène, dont on sait qu’il est interdit mais que les Ultras disent que c’est un symbole de leur mouvement… En ce moment, on en voit beaucoup alors qu’on en voyait plus trop, et donc les instances sanctionnent et ça conduit à des stades vides, comme je le disais avant. Et donc, c’est un problème. Alors, certains disent qu’en Allemagne on arrive à les gérer, les fumigènes, avec des nouveaux procédés faisant que ce n’est plus dangereux et qu’on peut les réintroduire. Faut-il se pencher sur ça et dire : ‘Ok, c’est un instrument de fête, donc on peut l’utiliser’ ? Faut-il refaire des réunions, alors qu’il y en a déjà eu ? Je ne sais pas… Mais en tout cas la situation actuelle se dégrade, ce n’est pas bon et les supporters n’ont plus que les banderoles pour s’exprimer. Donc j’ai l’impression qu’il va à nouveau falloir se remettre à table pour trouver un modèle. Le modèle anglais, les supporters n’en veulent pas ; le modèle espagnol, il est trop particulier ; le modèle italien, il ne marche pas ; et le modèle allemand, finalement, on se dit que c’est le seul qui fonctionne et qu’il n’y en a pas d’autres… »