Didier Tholot : « Le plus dur dans le management, c’est que votre idée devienne celle des joueurs »
Nouvel extrait du grand entretien de Didier Tholot, accordé à ‘Girondins Analyse‘ (radio RIG) le mois dernier. L’ex attaquant des Marine et Blanc, parlant ici comme l’entraîneur qu’il est devenu, présente sa façon de s’adapter aux attitudes des nouvelles générations de joueurs. Aussi, par rapport à son management global, il explique l’importance du staff.
« Il faut absolument cadrer les choses, mais aussi savoir vivre avec son temps. La nouvelle génération, elle est déjà là, donc vous ne pouvez plus fonctionner comme nos entraîneurs fonctionnaient avec nous à l’époque. Les jeunes ont besoin de liberté, ils ont leur téléphones portables, les réseaux… On peut vouloir le réduire, le contrôler ; mais pas le supprimer. En tout cas, en aucun cas il ne faut que ça sorte du cadre collectif, qui n’est donc pas un cadre individuel. L’entraîneur met un cadre à son équipe et soit vous y rentrez soit vous n’y rentrez pas ; que vous soyez jeune ou ancien, peu importe, mais il ne faut pas s’en exclure. Des règles restent toujours immuables, comme le fait d’être à l’heure, ce qui vaut dans n’importe quel travail, ou le fait d’être respectueux. Après, il y a des évolutions à avoir, dans le management, selon le groupe que vous avez. Il y a des groupes beaucoup plus responsables que d’autres, à qui vous pouvez peut-être laisser un peu plus de libertés. L’entraîneur est là pour s’adapter, sans renier des principes de vie et de jeu.
(…) Le rôle du staff autour du coach ? Il est très important, et les rôles sont bien définis. Ils ne sont pas là pour poser les plots. Ni l’adjoint, ni le préparateur physique, ni le staff médical ne sont à négliger. Mais vous n’empêcherez pas un joueur de percevoir le message différemment s’il vient de l’entraîneur principal ou d’un adjoint. C’est naturel. Mais par rapport aux messages que vous passez, le staff aide à ‘débroussailler’ en parlant avant vous, en étant à l’écoute du groupe qui parle souvent plus quand eux sont là que quand vous vous êtes là. Le staff n’est pas une balance, bien au contraire, mais il doit avoir de la sensibilité. Ici, à Bordeaux, moi qui connais un peu Jocelyn Gourvennec, je sais qu’avec son staff ils sont beaucoup dans l’écoute et le dialogue, et je pense qu’ils trouveront les clés.
Le fait de devoir relancer un groupe ? Ce n’est jamais facile à gérer, surtout avec une trêve internationale, car c’est souvent mieux de rejouer 3 jours après. Mais pour se relancer, chacun à sa méthode. Moi, j’ai déjà pris 5-0 et 3 jours après j’ai remis les 11 mêmes sur le terrain, en leur disant de me prouver que c’était une erreur. En tant qu’entraîneur, il faut faire preuve de caractère, savoir mettre son groupe en confiance, et le plus dur dans le management – et je parle en général, même dans toutes les entreprises – c’est de faire passer le projet aux joueurs ; que le désir, le but que vous avez en tête devienne le leur. A partir du moment où votre idée, votre point de vue, devient le leur, où eux se l’approprient, vous avez fait un grand pas. »