Éric Besnard : « FCGB – Milan 96 ? Je suis supporter, et plus journaliste »
Le journaliste de Canal +, Éric Besnard, questionné par le maître de cérémonie des Girondins de Bordeaux, Éric Dagrant, pour son émission ‘Pressentiments‘, témoigne de la façon dont il a réagi pendant LE FCGB – Milan AC du 19 mars 1996, où les Bordelais ont renversé le grand club italien en 1/4 de finale retour de la Coupe de l’UEFA, dans un Parc Lescure en fusion :
« Pendant le match (il était intervieweur bord-terrain, NDLR) ? Je suis supporter, évidemment, et absolument plus journaliste ! Je suis à l’entrée du tunnel, entre les deux bancs, et j’ai un œil sur les bancs, l’autre sur le jeu, avec un casque sur les oreilles pour écouter ce que nous disent Philippe Bruet et Michel Platini aux commentaires – dont on sentait qu’il était vraiment heureux -. Et à 1-0, très vite, après le but de Didier Tholot, on se met à y croire… Mais je ne suis absolument plus journaliste.
(…) Ma réaction au coup de sifflet final ? D’abord, je suis heureux comme un supporter. Donc je lève les bras. Mais je me souviens d’un truc, et j’ai là un petit regret, quand même, c’est que dans l’excitation j’ai juste envie de recueillir un maximum d’interviews. Alors que ces moments-là, il faut les laisser vivre, donc je pense que c’était une erreur. Car on n’a pas besoin d’entendre les acteurs du match, mais d’abord d’avoir là 5-6 minutes, une sorte de parenthèse où on communie avec eux et partage leur joie. Mais, tout de suite, j’ai voulu aller dans la mêlée, avoir des réactions, et je me dis que si c’était à refaire je laisserais vivre ça pendant quelques minutes, avant d’aller obtenir des réactions. Mais là, elles étaient fortes, incroyables, car on avait le sentiment qu’on venait de vivre un moment historique. Les Milanais, on les a gardés pour plus tard, mais je ne sais pas s’ils avaient très envie de parler… Puis on a d’abord eu envie d’entendre les Girondins, auteurs d’un exploit ; d’écouter ces mecs venant de nous faire rêver !
(…) Canal +, à cette époque – je parle comme un vieux con (sourire), mais ça fait quand même 24 ans, même si pour moi ce n’est pas si loin… -, était la seule chaîne à suivre vraiment le foot, donc on avait la chance de pouvoir rentrer dans les vestiaires après le match, car on connaissait les joueurs. Et là, ce fut une joie incroyable ! Mais on avait envie de se faire tout petit, car nous n’étions pas les auteurs mais juste là pour traduire, retranscrire. Et on avait déjà rendu l’antenne… Donc à titre personnel, c’était un vrai bonheur de partager ça, et s’il y avait eu les smartphones à l’époque j’aurais immortalisé cet instant. Heureusement, je l’ai vécu et il restera toujours dans un coin de ma mémoire.
(…) Si je devais garder une image ? Bonne question, car il y en a plein qui s’entrechoquent… Mais je vais dire la joie de Dugarry après le troisième but, sans doute. Puis ce groupe qui pose pour la photo historique. Car il fallait se souvenir que Bordeaux était 14-15ème en D1, venait de se faire sortir par Toulon – club de 3ème division ! – en Coupe de France, et n’avait plus rien à espérer… C’était une aventure incroyable et la magie vient de là, on la voit dans cette photo, avec Gaëtan Huard, Gernot Rohr, Grenet, Witschge, Zidane, Dugarry, Lizarazu. Je pourrais tous les citer, sans oublier de penser à Joachim Fernandez, entré en cours de jeu et qui est mort dans des conditions épouvantables. Mais il avait lui aussi participé à ce moment d’histoire. »
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