Éric Blahic : « On a une liste évolutive de 40-50 noms »

Au cours d’un entretien (podcast complet dispo en fin de brève) à nos partenaires de ‘Girondins Analyse‘, réalisé hier, Éric Blahic, ex adjoint de Jocelyn Gourvennec sur le banc des Girondins de Bordeaux et depuis peu en pleine découverte de ce rôle pour l’équipe de France féminine, a présenté sa vision de sa fonction et ses impressions sur le foot féminin et l’essor des Girondines. Il a aussi très longuement expliqué, en pratique, comment se passait son travail :

« Je vais vous faire sourire… Quand j’ai commencé avec les Bleues en leur disant qu’à part quand j’étais prof d’éducation physique la seule expérience que j’avais c’était de voir comment faire du sport avec ma femme et ma fille… elles ont rigolé ! Mais moi je pars du principe que tout commence et se termine avec un ballon. Sincèrement, que ce soit des filles, des garçons, des enfants ou des adultes… C’est à vous de vous adapter. Si vous ne vous adaptez pas, c’est plié : l’affaire reste au fond du seau et vous la regardez passer. La clé, c’est donc d’être capable de vite et bien s’adapter, même si c’est différent. Après, les filles elles sont très à l’écoute, et notamment les Bordelaises, puis techniquement c’est intéressant, elles comprennent très vite et très bien les exercices qu’on met en place… Après, oui, il y a des particularités – moins de dimension athlétique, de frappes, de renversements de jeu -, mais vous n’avez pas de problèmes d’attitudes, de comportements ou de retards. Les filles ont leur caractère, bien sûr, et elles attendent qu’on leur dise les choses, en y mettant le fond et aussi la forme, en étant parfois plus psychologue et attentif aux mots que vous employez. Mais c’est une remise en question très intéressante. Franchement. (…) Avec les joueurs ou les joueuses, je pense qu’un entraîneur doit être entraînant et savoir être dans l’empathie, les comprendre. Si vous arrivez en faisant la tête, que vous êtes dans le stress quotidien – même s’il y en a -, sans sourire ni rien, ceux que vous entraînez le voient vite, garçons ou filles… Et quand, sur le terrain, c’est dur, les joueurs ou joueuses regardent en bord de terrain et voient un coach, un staff, mais surtout des personnes. Alors, si ils ou elles ne ressentent pas l’envie de se battre pour les personnes ; c’est plus compliqué… Ce métier n’est pas simple, mais il faut être dans l’empathie. Car on ne fait pas ça que pour gagner de l’argent, loin de là.

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(…) Comment ça se passe le choix des joueuses ? Nos semaines, là, elles sont différentes, c’est sûr (crise du Covid-19, confinement, pas de foot etc ; NDLR) ; mais il faut savoir que, en sélection nationale, vous repartez pour 10-12 jours toutes les six semaines. Et pendant ces jours-là, on est pied au plancher, car dans une sélection – et on ne s’en rend pas bien compte ; moi le premier d’ailleurs je ne m’en rendais pas bien compte – c’est ‘tout faire dans une rapidité exceptionnelle’. Je ne parle pas d’urgence, mais il faut récupérer vite, construire des séances rapidement, aller à l’essentiel, s’occuper de la vidéo, de l’adversaire ; et donc vous n’avez pas le temps de vous préparer, comme en club… Les joueuses sont déjà prêtes, évidemment, mais il faut aller à l’essentiel. Et le reste du temps, quand nous ne sommes pas en rassemblement, il y a beaucoup de vidéos à regarder, avec les moyens actuels, pour voir toutes nos filles jouer, en France et à l’étranger. Ensuite, le vendredi, on se déplace pour aller les voir jouer, en France, en Angleterre, en Espagne… On fait alors des rapports sur toutes les joueuses et on s’intéresse à ce qui se passe en-dessous, en U23, en essayant d’être bien à l’écoute. C’est moins contraignant au quotidien que d’être coach en club, mais ça prend quand même beaucoup de temps et il y a beaucoup de choses à faire, notamment du montage vidéo !

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(…) Le Tournoi de France ? Je crois que c’est parti pour recommencer, après la première édition qu’on a faite dans le Nord. Ce sera sûrement délocalisé, et la formule sera peut-être différente, avec deux groupes de trois et des finales de classement. Mais là on a quand même joué le Canada, le Brésil et les Pays-Bas, qui n’étaient pas des adversaires moindres mais des équipes qualifiées pour les Jeux Olympiques. Il y avait donc matière à faire… Et Corinne Diacre a pu faire une petite revue d’effectif, avec moins de pression qu’en compétition officielle. Donc oui, c’est à refaire ! En plus, il y a vraiment de l’enthousiasme dans cette équipe et autour, et ça c’est vraiment important ! (…) Le souci, par contre, c’est qu’avec le report des compétitions à cause du coronavirus, vous allez avoir une série avec l’Euro en 2022, le Mondial en 2023 et les JO en 2024. Donc c’est ça le programme de l’équipe de France féminine, avec bien sûr les qualifications à jouer entre tout ça. Mais là, on a une période de deux ans sans réelle compétition officielle. Et ça, ce n’est pas simple.

(…) Les joueuses bordelaises convoquées ? On a une liste évolutive de 40-50 noms, avec des joueuses qu’on surveille en fonction de l’âge, du niveau de jeu et autres… Des anciennes de l’équipe de France sont toujours sur cette liste, mais après ce sont des choix de la sélectionneuse, faits sur le moment. En tout cas, quand on voit des joueuses girondines venir en équipe de France, j’adore leur état d’esprit. Franchement, quand elles viennent, je suis très content de les voir. Il y a eu dernièrement Viviane Asseyi, Ouleymata Sarr, Charlotte Bilbaut et aussi Estelle Cascarino. J’aime leur enthousiasme, leur énergie, leur dynamisme. Quelque chose se passe, vraiment, autour des Girondines. J’avais été les voir jouer à Fleury et j’avais pu revoir quelques personnes des Girondins aussi. J’avais vraiment vu, encore, de l’enthousiasme chez elles. »

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