F. Brunet : « On me dit que les gens ne viennent pas à 40€, mais à 100€… »

En plus de ses critiques envers la façon qu’a Frédéric Longuépée de présider le club et de ses doutes – toujours présents – sur les finances de GACP et du consortium de fonds d’investissements américains dirigeant les Girondins, Florian Brunet a une grosse crainte.

Lors de l’émission ‘Girondins Analyse‘ d’hier soir, sur la radio RIG (podcast dispo ICI), il la détaille. La crainte du porte-parole des Ultramarines et du groupe de supporters concerne la manière dont la nouvelle direction semble considérer le public allant au stade et le football en lui-même :

« Le vrai danger, c’est d’oublier que le match est central dans la soirée. Et c’est un vrai débat. Attention à certaines dérives. Je trouve qu’il y a un excellent exemple, en rugby, qui est symptomatique des dérives potentielles – et là on a tous un vrai rôle à jouer car il y a un grand danger – : regardez ce qu’il se passe avec le Racing, à Paris, et leur nouveau stade. Il y a tout un tas d’animations avant, à la mi-temps et à la fin du match. C’est incroyable. Mais au final, le match devient presque secondaire. Et là, qu’est-ce qu’il se passe aux Girondins ? La philosophie du Racing s’installe… Les Américains, ils veulent développer – et ça on peut difficilement leur en vouloir, car il le faut, ils ont raison – le merchandising et le commerce autour du club. Alors pour ça ils ont pris les meilleurs à tous les postes : Longuépée, Thiodet, d’autres gars, qui ont tous de très belles cartes de visite mais très peu de culture Girondins, pas beaucoup de culture foot et peu de culture tribunes – même si Longuépée en a un petit peu -. Et leur job à ces personnes, c’est quoi ? Le développement commercial.

Mais là, attention. Il ne faut jamais oublier que le moteur c’est le foot. Moi, quand on vient me dire qu’il faut que le stade Gallice – mais on ne m’a pas dit Gallice – soit le lieu de rencontre des entreprises pour qu’elles fassent du business… La tribune d’honneur, elle ne va plus se remplir à la 60ème minute, mais à la 75ème, car le temps qu’ils signent des contrats pendant la mi-temps ça va prendre du temps. Mais là, attention, vrai danger. Et moi, quand j’entends ça, je bondis. Quand on me dit que les gens ne viennent pas à 40€ mais par contre ils viennent à 100€, je dis que ces principes-là ne marchent que pour les montres de luxe. Car effectivement, si tu veux une montre de luxe, tu te fais plaisir… Mais pour le foot, ça ne marche pas. Et tout ça, surtout, ça veut dire quoi ? Qu’on va développer plein de choses qui feront qu’on pourra vendre ça à 100€… Vous savez, quand j’ai rencontré Zizou lundi, à Lescure, il m’a dit plein de choses extraordinaires, et surtout une : ‘Bordeaux, c’est quand il y a du foot que les gens viennent au stade‘. Voilà…

Et alors nous, notre job, depuis qu’on a compris la volonté du club, c’est de rappeler ça. Tous ces gens, recrutés avec de beaux CVs, ils commencent à être fatigués par les Ultras, car ils voudraient faire plein de trucs mais les Ultras les freinent sur tout. Oui, on vous freine, car nous une chose nous dérange : le terrain, le rectangle vert, ça doit rester central. On ne veut pas de gens qui viennent pour l’avant-match, la mi-temps, l’après, pour signer des contrats ; on veut des gens qui viennent pour le terrain. Et par passion. On ne veut pas quelque chose de surfait, de superficiel.

(…) Pour notre club, et c’est le rôle des ultras comme de l’ensemble des supporters, on doit faire comprendre que les Girondins ont une histoire et une identité – classe, sobre -, et qu’on ne peut pas jouer avec, la rabaisser, que ça ne marchera pas avec des artifices, mais en mettant le terrain au centre. (…) Avec tout le respect qu’on leur doit, ces gens-là qui arrivent ils n’étaient pas supporters des Girondins avant de venir. Nous, on était là avant eux et on le sera après, donc attention, qu’ils ne fassent pas n’importe quoi avec notre club, car ils n’ont pas de culture club. Alors attention aux dérives qui ne correspondent pas à l’image des Girondins depuis une dizaine d’années. »