F. Brunet (UB 87) : « Avec Triaud, au final, c’était du rapport de force »
En marge des débats principaux du festival Coup Franc, sur les supporters de foot dans le contexte économique actuel du ballon rond, Florian Brunet, porte-parole des Ultramarines, a réexpliqué qu’entre les UB 87 et un certain Jean-Louis Triaud, l’ancien président des Girondins de Bordeaux, la relation avait été particulière, longue et mouvementée.
« Ce n’était pas Triaud qui avait la bourse, c’était M6 et Nicolas de Tavernost ; alors pourquoi cette reconnaissance envers lui vous me demandez ?. Mais car il avait cette simplicité, cette faculté de toujours nous affronter, de toujours se battre pour ses idées ; qui n’étaient pas toujours les nôtres. Donc ça n’a pas toujours été une relation aussi calme que les gens peuvent le croire. Au contraire, ça a été 20 ans de relations extrêmement conflictuelles. Mais bon, voilà, on se rentrait dedans, on se disait les choses, des fois avec beaucoup de force, mais au fil des années il y a un vrai respect qui s’est instauré entre lui et la Tribune du Virage Sud. Jean-Louis Triaud, déjà, c’était quelqu’un de Bordeaux, un vrai amoureux des Girondins depuis très longtemps. Le début de notre relation, ça avait commencé au début des années 2000… en ne se parlant pas pendant plusieurs années, et puis, de fil en aiguille, chacun avait fait un pas vers l’autre. Sous sa présidence, il y a quand même eu de très, très bons moments, avec des titres, un quart de finale de Champions League, des titres… Les gens s’imaginent qu’on était main dans la main avec lui, mais jusqu’au bout les relations elles ont été extrêmement conflictuelles.
On parlait de la billetterie tout à l’heure, mais je me souviens d’une réunion où Jean-Louis Triaud avait essayé que le Virage Sud du nouveau stade ne dispose que de 3000 places dans le bloc central. Il y eu une réunion, au Haillan, très violente où on s’était battu pour ne pas avoir que 3000 places mais 4000. Et des réunions comme ça on en a eues… Et quand je dis ‘violentes’… c’était très violent. Jean-Louis, c’est quelqu’un d’authentique, quelqu’un qui ne mâchait pas ses mots. Et nous, c’est notre style aussi. Les réunions étaient donc franches et viriles, mais ça n’empêchait pas un fort respect. Un autre exemple : ‘Adieu Lescure’. Il nous avait un peu pris pour des ânes en nous disant qu’il allait faire ce qu’il fallait pour que ce match-là se fasse le samedi soir, car pour nous, c’était indispensable, on n’imaginait pas que le dernier match à Lescure il ne soit pas un samedi soir. Et finalement il s’avère que le match est programmé le dimanche à 14 heures. Je me souviens d’un coup de téléphone où on s’est insulté, raccroché au nez, où il me disait : ‘T’es bien mignon, mais il y a deux millions d’euros de droits TV en jeu, on s’en fiche que ce soit le dernier match pour vous’. Mais nous, je dis au président qu’on s’en fiche des deux millions d’euros, complètement. Là, c’était limite à s’insulter, à se raccrocher au nez. Et puis, deux heures après, quand il comprend qu’on ne lâchera pas, il commence à nous rappeler en nous disant que Nicolas de Tavernost était au courant. Puis le lendemain matin, après qu’il y ait eu une première page dans Sud Ouest ; car on avait eu la chance que dans le monde il ne se passe pas grand-chose ; ça disait ‘le Virage Sud en colère’ ; donc à 11 heures Triaud nous appelle pour nous dire que Nicolas de Tavernost avait fait le forcing auprès de la Ligue pour que le match soit programmé le samedi soir.
Mais ça n’a été que ça notre relation avec Jean-Louis. Il y a eu beaucoup de bons moments, mais aussi, tout le long, des relations conflictuelles. L’histoire d’Adieu Lescure c’est symptomatique. On avait parfois deux objectifs différents. Triaud, quelque part, on peut un petit peu le comprendre : il a un budget à clôturer, une pression de ses actionnaires, et deux millions d’euros pour lui c’était très très important. Donc il a fallu lui expliquer avec insistance que non, car dans cette affaire-là ce n’était pas les deux millions d’euros qui étaient importants. Mais il nous a testés, il a compris qu’on ne lâcherait pas, et après, derrière, il avait cette intelligence de se battre pour ses arguments, mais aussi d’écouter les nôtres. Et quand nos arguments étaient exprimés avec force, conviction et pertinence, il avait l’intelligence pour aller finalement dans notre sens. Mais au final, c’était du rapport de force. Rien d’autre. »