Gernot Rohr parle de Samuel Kalu, Josh Maja et de ses liens avec le FCGB
Ex grand joueur défensif puis entraîneur des Girondins de Bordeaux dans les années 80 et 90, l’actuel sélectionneur du Nigeria, Gernot Rohr, s’est confié sur quelques sujets, dont certains communs au FCGB et aux Super Eagles :
La dernière CAN et le duel contre Alain Giresse ? « C’était une grande joie que de remporter cette médaille de bronze à la dernière Coupe d’Afrique des Nations. La compétition a été longue, dure, pour une première fois à 24 équipes, et il a fallu cravacher pour arriver en demi-finale, déjà : Cameroun – champion en titre -, Afrique du Sud, pour finalement tomber contre l’Algérie (futur vainqueur) et battre la Tunisie lors de la petite finale. Heureusement, tout s’est bien terminé. Avec Alain Giresse (ex sélectionneur de la Tunisie et surtout ancien coéquipier de Gernot à Bordeaux), on avait échangé sur la longueur de cette CAN et la chance qu’on avait d’être encore là, toujours en lice, mais nous n’avons pas parlé des Girondins, non, car ce n’était pas le moment. Plus du football africain… On a pu échanger des mots sympathiques. Gigi et moi sommes sélectionneurs en Afrique depuis des années et on s’était déjà croisés (…), nous sommes redevenus ce qu’on a toujours été : des copains, même s’il a joué à Marseille ; mais ça arrive. (…) Par le passé, il avait été plus heureux quand nous nous étions affrontés, mais lors de cette CAN c’est nous qui avons gagné. »
Samuel Kalu ? « Il avait très bien commencé avec les Girondins l’année dernière mais s’était blessé en hiver et avait fait une rechute à l’arrivée de Paulo Sousa. Après, ça a été dur pour lui de se refaire une place, mais on l’a aidé, comme lors du kidnapping de sa maman. Heureusement, il a trouvé la solution et a très bien réagi, mais ce fut une semaine très dure pour lui et malheureusement ça arrive très fréquemment au Nigeria ce genre de choses. Avec la sélection, comme il avait raté la fin de saison aux Girondins, il a fallu le reconstruire, par des entraînements spécifiques. Puis la veille du premier match – alors qu’il devait être titulaire pour cette CAN – il fait un malaise, qui n’était pas grave (déshydratation), mais tout le monde a eu peur. On l’a quand même relancé dans la suite de la compétition, pour qu’il revienne en forme et je pense que maintenant il va profiter de ce travail avec le Nigeria et d’un bon encadrement aux Girondins pour s’épanouir, dans le 3-4-3 de Paulo Sousa, où il jouera très différemment par rapport à la sélection, car avec nous il est plus sur l’aile et rentre moins. »
Josh Maja ? « J’ai déjeuné récemment avec Kalu et lui. Il est Anglo-Nigérian, donc sélectionnable pour le Nigeria. On a déjà parlé de ça, il est plutôt positif, surtout qu’il n’a pas joué pour les U20 anglais donc ce serait plus facile. On a la possibilité, comme l’a fait par exemple l’Algérie avec de nombreux joueurs ayant été appelés en jeunes avec la France, de le récupérer, comme on l’a déjà fait pour d’autres. J’ai quand même déjà beaucoup d’attaquants, mais ce n’est pas impossible que je l’invite à nous rejoindre pour notre prochain match, en Ukraine. »
Son amour pour les Girondins et ses liens avec le club ? « J’ai rencontré la nouvelle direction, avec les joueurs de l’équipe finaliste de Coupe d’Europe de 96, quand ils ont eu la bonne idée de nous inviter pour un repas, avant le match contre le Slavia Prague, équipe qu’on avait aussi jouée, en demi-finale, à l’époque. Je les ai trouvés sympas, DaGrosa était agréable et m’a demandé, en plaisantant, si parmi ces joueurs il n’y en avait pas qui pouvait donner un coup de main. Mais je n’ai pas eu de demande pour devenir un ambassadeur. En revanche, on a eu de bons échanges et je pense qu’il faut laisser du temps aux Américains pour montrer ce qu’ils vont apporter. Ils sont ambitieux, donc mon a priori il est plutôt positif. La qualité est là, maintenant les gens ont besoin de résultats alors il faut gagner des matches, notamment à domicile. Tout sera jugé sur les résultats et le staff sera responsable, avec des joueurs en première ligne pour montrer leur qualité.
(…) J’ai toujours beaucoup aimé ce club des Girondins, où j’ai passé 21 ans : arrivé en 77 et parti en 98 ; j’y ai vécu toutes les étapes, aussi bien le positif, les titres, que la rétrogradation administrative avant de remonter, puis la finale de Coupe d’Europe. On a fait plein de choses, alors pourquoi ne pas… encore aider les Girondins ? J’aimerais beaucoup et j’ai déjà essayé. Quand j’étais sélectionneur du Gabon, j’ai conseillé Pierre-Emerick Aubameyang à Bordeaux, mais ça ne s’est pas fait. En revanche, il y avait un dénommé André Poko, de 18 ans, qui est venu pour rien et a été revendu cher ensuite. Il a fait une bêtise à la fin (sa photo en train de fumer la chicha vêtu d’un maillot de l’Olympique de Marseille, NDLR), oui, mais il n’était pas très mâture malheureusement et il ne faut pas retenir que ça car il a aussi fait de bonnes choses. En tout cas, j’en connais beaucoup des joueurs de qualité en Afrique, alors pourquoi ne pas mettre ça au service des Girondins. Ce serait avec plaisir. »
Source des retranscriptions : émission ‘Le Point G‘, de GOLD FM & G4E