Jocelyn Gourvennec raconte comment il a vécu son renvoi des Girondins
Jocelyn Gourvennec, interviewé en profondeur par Ouest-France, revient sur son passage (été 2016 – janvier 2018) comme entraîneur des Girondins de Bordeaux et surtout sur la fin. Redevenu, à l’automne, l’entraîneur de Guingamp, actuellement remonté à la 18ème de Ligue 1, JG donne un point de vue plus personnel sur la façon dont il a vécu et digéré son renvoi du FCGB, pour mauvais résultats :
« Si le terrain m’a manqué ? Oui. Ça a été un peu difficile à la rentrée de septembre 2018, alors que pendant l’été et les matches du mois d’août ça allait. Mais ce qui m’a aidé à surmonter ça, c’est que j’ai repris en étant consultant pour le Canal Football Club, en ayant là une autre observation de la Ligue 1, plus en tant qu’entraîneur, même si ça reste mon principal métier. Mais j’ai vu beaucoup de matches, j’ai pris beaucoup de plaisir au CFC, et c’était une belle expérience, avec une très bonne équipe et une bonne ambiance. Puis le challenge de revenir à Guingamp est arrivé, alors que j’avais prévu de faire la saison au CFC, et j’ai dit oui, avec plaisir.
Si un licenciement ça fait aussi partie du bagage d’un entraîneur ? Ce sont des expériences de vie, comme on en connait dans le monde professionnel, car le licenciement d’un entraîneur n’est pas différent du licenciement d’un employé ou autre. Je pense donc qu’on le vit, tous, dans nos différents secteurs, de la même manière. Si j’ai déprimé ? Je ne sais pas, mais c’est un choc Plein de sentiments se mêlent, ce n’est pas agréable, mais je crois que c’est un passage obligé. On est en colère, on s’interroge, on culpabilise même, mais après tout ce mélange on passe à autre chose, il le faut. Moi, j’ai repris une activité sportive régulière, j’ai passé plus de temps avec mes enfants et mon épouse, ce qu’on n’a pas trop le temps de faire quand on est entraîneur. La famille, c’est très important dans ces moments, pour prendre des vacances. Mais au bout d’un moment l’envie d’entraîner, de relever des défis, reprend le dessus, même si je n’étais pas trop pressé non plus.
J’ai pris le temps d’aller à Liverpool, à Barcelone, de m’intéresser à d’autres choses, d’observer plusieurs sports. J’ai été voir du basket, du hockey, du rugby, du hand – le final four de hand à Cologne était un grand moment, je suis content de l’avoir fait, j’ai adoré ! -, j’ai pu faire des choses que je n’avais jamais faites et ça c’était important pour ma fraîcheur mentale. J’aime beaucoup les histoires de vie des sportifs et les modes de management, car je me nourris et m’enrichis de ça, de ce que j’observe ailleurs, comme de mes propres erreurs ; même si c’est différent. Et avec tout ça, je forge ma méthode pour être à l’aise et en accord avec mes idées, ma philosophie et même mon mode de vie. J’avais besoin de ça pour repartir sur… pas de nouvelles bases, mais quelque chose d’enrichi.
(…) J’ai aussi eu la chance d’avoir beaucoup de messages très sympas quand j’ai été évincé et un des premiers à m’avoir appelé c’est Gérard Houllier, avec qui j’échange de temps en temps. Il a une grande expérience et il était très positif, pour m’expliquer qu’il fallait voir le bon côté des choses et qu’une fois tout ça digéré j’allais repartir sur de nouvelles choses, ce qui fait partie de la vie d’un entraîneur et ne devait pas me tracasser car ça ne remettait pas en cause mes qualités et ma capacité à bien faire les choses. Mais par rapport à mon métier, quand ça s’est arrêté avec Bordeaux, je ne me sentais pas fatigué ou usé, je voulais continuer avec Bordeaux. J’avais vraiment les mêmes sensations que l’année d’avant, où c’était moyen jusqu’à Noël et où le groupe était très bien reparti en deuxième moitié de saison. D’ailleurs, Bordeaux a fait une belle fin de saison ensuite, comme en 2017. Du coup, quand ça s’est arrêté aux Girondins, j’étais frustré de ne pas pouvoir continuer, alors que je sentais que ça revenait bien. »