Jérôme Dauba : « Aux joueuses de se mettre au niveau ! Il va falloir faire des choix très vite »

Mises à mal d’entrée par le promu lillois (3-0), la semaine dernière, les Girondines reçoivent Albi ce dimanche pour la 2ème journée de Division 1, avec l’envie de se racheter. Mais, sur GOLD FM, leur entraîneur, Jérôme Dauba, qui ne cache pas sa déception suite au premier match, voit plus loin… Sévère envers ses joueuses – ou au moins envers certaines -, il parle déjà de trancher entre celles au niveau et celles pas dans le coup à ses yeux, tout en voulant que le jeu soit de qualité.

« La défaite à Lille, c’est une grosse déception, surtout par rapport aux matches de préparation réalisés. J’aurais aimé venir vous parler dans d’autres dispositions… Statistiquement, il n’a jamais été prouvé que gagner les matches amicaux permettait de gagner les matches de championnat, et on l’a bien vu : on a pris une grosse claque, à nous de nous relever très vite, en gagnant rapidement. Ce qu’il s’est passé ? Rien, justement, et c’est un gros problème. Donc il y a beaucoup de colère de notre côté, parce qu’il va falloir vite comprendre que c’est bien de bosser la semaine, de faire des choses excellentes à l’entrainement, de frôler parfois le parfait lors des matches amicaux, mais la priorité ce sont les 90 minutes du match du week-end, et je pense que certaines l’ont oublié dimanche ! Les matches amicaux, ce n’est pas la compétition. Pourtant, les gens qui sont venus nous voir évoluer sur les séances d’entrainements et sur les amicaux, étaient tous unanimes pour dire que c’était le jour et la nuit par rapport à l’an dernier… Mais cela n’a pas empêché que les Lilloises nous ont baladées, surtout athlétiquement, physiquement, car elles sont supérieures dans ce registre. Après, Lille est un promu qui a des ambitions, qui a mis de gros moyens pour recruter cet été. Quand on recrute l’attaquante du PSG, c’est qu’on a des ambitions. Fleury, un autre promu, a aussi recruté de bonnes joueuses devant, alors que nous ; quand nous étions promus, l’an dernier ; on avait fait confiance à l’ossature du groupe venant de D2. Encore plus que l’an dernier, on sait que ce sera dur, qu’il faudra bagarrer, car toutes les équipes se sont renforcées. Pour nous, la donne ne change pas : Paris, Lyon, Montpellier, voire d’autres, sont au-dessus ; même si on peut leur prendre des points, on l’a vu l’an dernier ; et nous on joue un autre championnat. On a commis un erreur à Lille, d’entrée, à nous de ne pas en refaire une, à domicile, contre Albi.

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(…) Cet été, on a recruté, car on est ambitieux : on veut exister en D1, progresser, gagner en expérience, avec l’arrivée de nouvelles joueuses pour encadrer nos jeunes éléments de l’an dernier. On veut se maintenir rapidement, sereinement, on fait ce pari. On a commencé par un coup d’arrêt, mais il faut repartir. Les nouvelles joueuses d’expérience commencent à parler français, notamment notre gardienne (Erin Nayler) et Niamh Fahey, en défense, qui agit en leader et le fera encore plus en maîtrisant la langue. Malgré la défaite à Lille, on bosse bien, et les automatismes viennent aux entraînements, donc tous les voyants étaient au vert ; mais la compétition ce n’est pas pareil… On en avait parlé avec le staff, on s’était dit qu’il allait peut-être nous falloir deux ou trois matches pour qu’on puisse voir comment le groupe se comportait, dans l’intégration des nouvelles. Là, sur la
compétition, on s’est rendu compte qu’il y avait des joueuses
complètement en dedans, qui n’étaient pas dans le rythme et dans l’intensité
de la compétition. A elles de vite se mettre à niveau !
Il va donc falloir faire des choix très vite entre celles qui sont déjà prêtes ; dans l’intensité et le rythme, sur qui on va pouvoir s’appuyer dans un premier temps ; et celles qui vont devoir s’accrocher pour rester dans le bon wagon. Il n’y a pas de temps à perdre, on n’a pas envie d’en perdre, on en a perdu suffisamment l’an dernier, et le niveau d’exigence est élevé. Le club a mis des moyens, on a étoffé le staff, on s’entraine en journée, on a répondu aux exigences des joueuses qui étaient là l’an dernier, donc aujourd’hui, toutes les conditions sont quasiment optimales, alors on n’a pas de temps à perdre. La saison dernière, on était sur une saison d’apprentissage, et aujourd’hui on veut être performant, on fait tout pour, donc aux joueuses d’élever leur niveau d’exigence. Nous, on ne veut vraiment pas perdre de temps et vite se maintenir pour pouvoir être plus ambitieux. Aux joueuses d’être prêtes à ça. Elles le savent, elles connaissent la donne depuis le mois de juin, donc à elles de se mettre au niveau par rapport à ce nouveau discours.

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Sophie Istillart, milieue et capitaine des ‘FCGB Girls’ – girondins.com (FCGB / D. Le Lann)

(…) Ce qu’on veut changer dans notre jeu ? L’année dernière, on avait plutôt tendance à subir, à défendre et à contrer. Là, on a voulu, avec les recrues et les joueuses qui sont restées, être beaucoup plus dans la possession, moins subir le jeu, et en produire ; avoir un jeu beaucoup plus dynamique et porté vers l’avant, jouer plus haut sur le terrain. On veut développer une vraie identité de jeu qui corresponde à la philosophie des Girondins de Bordeaux, que ce soit en jeunes, à la formation, ou chez les pros. Quand on a joué contre la Real Sociedad, en amical, on a sent qu’il y avait la même philosophie de jeu que chez les pros, les garçons, donc l’idée c’est de faire la même chose. Après, on sait qu’en faisant ça, on va s’exposer, car on prendra plus de risques dans le jeu, comme on l’a déjà fait à Lille. Mais ce sera à nous de retenir nos erreurs. En tout cas, c’est une vraie volonté du club d’essayer de jouer de la même façon, offensive, que dans les autres sections des Girondins. C’est d’ailleurs une discussion que j’ai pu avoir avec Ulrich Ramé (directeur sportif, NDLR), et avec les coaches du centre de formation, car c’est très important d’avoir une philosophie de jeu commune. Et l’intérêt de s’entraîner en journée, au Haillan, est aussi là, dans le fait de pouvoir échanger avec les autres coaches et composantes du club. J’ose espérer que les filles prendront vite conscience de tout ça, du fait que tout soit à leur disposition. »