Jérôme Dauba : « Le club mérite d’être à ce niveau, les joueuses ont fait tant de sacrifices »

Même dans la tourmente, Jérôme Dauba y a toujours cru. Et c’est donc un entraîneur heureux qui a commenté, pour GOLD, le maintien des Girondines en D1 féminine. Et ses conséquences pour la suite.

« Avant le match à Paris, le dernier de la saison, j’ai discuté avec les joueuses, pour leur demander quel était, pour elles, le meilleur souvenir, le meilleur moment de la saison. Elles m’ont parlé du match gagné à Marseille, du nul contre Juvisy qui nous maintenait en vie, de la première victoire, à Albi. Et moi, quand elles m’ont demandé la même chose, en conclusion, je leur ai dit que le plus beau moment allait être le match de demain (jeudi, NDLR), à Paris. Elles ont été alertées, mais je leur ai expliqué que vu la tournure de la saison elles méritaient de tout jouer sur ce dernier match, mais qu’il fallait le jouer. Et le savourer.

A la mi-temps, à 0/0, au tableau, j’avais affiché les nombres 48 et 18 000. Je leur ai demandé : ‘C’est quoi 18 000 ?’, et certaines m’ont dit ‘C’est peut-être le nombre de minutes qu’on a passées à l’entraînement…’. J’ai répondu : ‘Faites le ratio, jouer sa vie sur 48 minutes par rapport à tout ce temps d’entraînement, ce n’est rien’. Et vu le contenu de la période, et ce qu’on avait observé à la vidéo, le matin, on savait qu’il y avait des possibilités, certains coups à faire,
notamment sur de la transition. Et c’est exactement ce qui s’est passé sur les deux buts que l’on marque
. On savait qu’on n’avait rien à perdre et on avait identifié certains coups à jouer, donc on les a joués à fond, et ça nous a
souri.

http://www.zupimages.net/up/17/21/aex6.jpg

  • (…) Les buts de Ghoutia (Karchouni) et Emelyne (Laurent) ? On en parlait avec Ulrich Ramé, justement. A la trêve, quand j’ai souhaité qu’elles nous rejoignent, il m’a demandé si, avec elles, on était sûrs de se maintenir. J’avais répondu que non, mais qu’on se donnait plus de chances grâce à ces deux joueuses. Et ça s’est vérifié. L’avantage avec Ghoutia c’est que sur ce type de match, avec de l’enjeu, elle connait, car elles en a vécus, aussi bien à Lyon qu’à Paris, ou aux États-Unis, et donc elle l’a très bien géré, avec un but et une passe décisive. Sur ce match-là, elle nous délivre ! C’est exactement ce qu’on attendait d’elle quand on l’avait fait venir. Quant à Emelyne, elle est restée dans la même dynamique que sur les matches précédents, même si elle a eu une première période très difficile, avec très peu de ballons à jouer, parce qu’en face il y avait quand même du très haut niveau, surtout en défense centrale.
  • Et concernant Paris, quand on voit la physionomie du match, et les joueuses alignées, je peux vous assurer qu’elles n’ont pas lâché la rencontre. 11 joueuses ayant jouées contre nous jeudi ont quand même joué la demi-finale de Ligue des Champiosn face à Barcelone. Je pense que c’est parlant… Le PSG n’a pas lâché le match et cela met encore plus en avant notre prestation. On a mis deux buts en une mi-temps à une défense de 4 qui a joué contre le FC Barcelone en Ligue des Champions. Ce qu’elles ont fait est donc encore plus honorable. Mais ce qui est marrant c’est qu‘on marque deux buts rapidement, en seconde période, alors qu’on a souffert de problèmes d’efficacité tout au long de la saison. Alors on s’est dit qu’il restait beaucoup de temps, et que face à leur armada on pouvait être en danger à tout moment. On n’a pas eu peur, surtout en sachant que Saint-Étienne était mené, mais Paris a mis une grosse, grosse pression sur nous… Lors de la pause boisson de la seconde période, il restait 20 minutes, je sentais les joueuses au bout et je leur ai dit que Guingamp menait. Ça les a reboostées. Mais malgré cela, Paris a mis deux buts, jouant beaucoup sur la hauteur, la puissance, les airs. Du jeu long, dans le dos, ce sur quoi on est le plus en difficulté. Paris a même des situations pour gagner 3 à 2, ce qui nous condamnait. Les dernières minutes, alors que c’était fini dans l’autre match, étaient juste… interminables ! Aujourd’hui, je suis soulagé et fier de laisser l’équipe des Girondins de Bordeaux en D1. Le club mérite d’être à ce niveau, et les joueuses, je pense surtout à elles, ont fait tant de sacrifices depuis le début, vécu tellement de moments difficiles… Mais à aucun moment elles n’ont lâché, donc les voir si heureuses était un bonheur. Moi, j’ai eu la chance de vivre dans un tel club et puis de fréquenter au quotidien des personnes extraordinaires, grâce à qui j’ai évolué positivement.

Actualités : Emelyne Laurent :

  • (…) On est obligés de tirer les enseignements, positifs et négatifs, de cette saison. Ça va nous permettre d’avancer beaucoup plus vite dorénavant, et de régler facilement des petits points de dysfonctionnement, pour avancer plus vite. On ne va peut-être pas commettre des erreurs qui pourraient mettre la section féminine en danger. Aujourd’hui, il y a deux structures professionnelles, FC Metz et AS Saint-Étienne, qui descendent en D2… On se refuse de vivre ça la saison prochaine ! Les contrats fédéraux ? Ça, je ne peux pas y répondre, il faudra voir avec la direction. Il y a une réflexion, mais il faudra poser la question aux dirigeants. En tout cas, vu tout l’engouement autour de Bordeaux en D1F, même chez nos adversaires, qui ont apprécié, et chez les médias, et même au niveau régional, on se dit que si on veut développer le football féminin dans la région c’est forcément avec les Girondins en D1. On se donne la possibilité, encore, de vivre de superbes affiches l’an prochain. Paris, Lyon, Marseille, c’est fabuleux de les jouer !
  • Les dirigeantes emblématiques de la section féminine, ES Blanquefort avant cela, m’ont confié que ce maintien était plus fort que la montée. Car la tâche était plus dure, l’adversité plus forte. On sait d’où l’on vient, on sait aussi qu’en début de saison tous les médias spécialisés nous avaient mis parmi les relégués… Donc on est contents d’avoir déjoué les pronostics. Et, en plus, c’est un peu dans l’ADN du club, je crois, de s’en sortir à la fin, et notamment de remplir ses objectifs sur un dernier match à Paris. Donc je crois que c’était écrit (rire). »