L. Perpigna : « Notre club appartient aux supporters, qui se sentent dépossédés »
Ayant répondu, en vidéo, à ‘Révolution Permanente Bordeaux‘, le porte-parole des Ultramarines Bordeaux 87, Laurent Perpigna Iban, revient sur le rassemblement ‘Nous Les Girondins’ de fin juin et sur toutes les critiques des UB et des supporters girondins en général envers le club actuel, son actionnaire et sa direction.
« Dans le football, il y a énormément de résistance. Les groupes ultra, et tout particulièrement le nôtre, ici à Bordeaux, en sont une. Le Football Club des Girondins de Bordeaux a une base de supporters et de fans extrêmement fidèle, qui est ici depuis des années, extrêmement rebelle aussi, qui a toujours lutté contre les abus de pouvoir de toutes les directions et les dérives du football-business. Il faut savoir qu’aujourd’hui, sans les Ultras au stade, le prix des places ne serait pas entre 10 et 15€, mais entre 30 et 40€. On aurait affaire à un business qui serait tout simplement un pur produit capitaliste, qui aurait exclu les classes et les masses populaires des stades. Nous, on se bat pour ça depuis des années.
Mais ce qui s’est passé à Bordeaux c’est qu’il y a deux ans, M6, qui était le propriétaire du club, avait un visage humain. Bon, on ne dit pas que c’était extraordinaire, mais on arrivait à discuter avec eux et à avoir des négociations. Puis M6 à vendu le club et on s’est retrouvé avec un fonds d’investissement américain, King Street, qui n’a pas de visage, qu’on ne connait pas. Les gens qui possèdent aujourd’hui les Girondins de Bordeaux ne sont jamais venus au stade, c’est quelque chose qui est totalement surréaliste. Ces gens-là ont monté un business-plan pour faire de l’argent, de la rentabilité. Ils se sont achetés les Girondins de Bordeaux, un club de football avec tout ce qu’il comprend : son histoire, son patrimoine, ses supporters ; comme on s’achète une bagnole, comme on s’achète un café.
Nous, à Bordeaux, on a vraiment le sentiment de s’être fait voler, et c’est malheureusement quelque chose qui arrive très souvent dans le football. Beaucoup de supporters disent, maintenant, que quand il y a des gens qui viennent avec des grands moyens, qui achètent un club de foot, on se sent dépossédés d’une partie de notre âme. Car le football, c’est ce qui rassemble les peuples, c’est quelque chose qui permet, on le répète, une extraordinaire solidarité et beaucoup de luttes d’émancipation, entre des gens d’horizons extrêmement différents, car le football c’est quelque chose qui rassemble toutes les classes sociales, qui est vecteur d’un message fort. Notre club appartient à ces milliers de gens, de supporters, qui aujourd’hui se sentent dépossédés. Car il y a des gens qui sont arrivés, d’outre-Atlantique, et qui se sont dits : ‘Ça, ça nous appartient, on l’achète’. Et ils ont mis à la tête des Girondins deux personnes qui ont changé quasiment l’intégralité de l’organigramme des Girondins de Bordeaux. Il faut savoir que tous les gens qui travaillaient aux Girondins, avant, étaient des passionnés, mais aujourd’hui il y a plus de 80 personnes qui ont attaqué le club aux prud’hommes : harcèlement au travail, burn-out, c’est quelque chose qui ressemble à un nettoyage en fait. Et au final, on se rend compte que tous ceux qui, hier, aimaient le club, s’en sont détachés.
Nous, en se rassemblant dans le centre-ville du Bordeaux bourgeois (le place Pey-Barland ; NDLR), on a voulu faire passer le message que le peuple était partout. Le football, il n’appartient pas aux actionnaires, aux capitaux, et ni aux fonds d’investissement. Le football, il appartient aux supporters. Et avec nous, plus de 2 500 personnes ont partagé ce message, venant écouter, participer et chanter, dans ce moment très particulier, et montrer leur soutien. Alors on fait aussi une promesse à notre club, qui là est mal dirigé, par des gens voulant en faire un simple business et développer une marque : ces gens-là, les supporters, ils resteront et ils lutteront tant qu’il le faudra. Le message, c’est ça. Les Bordelais, les supporters des Girondins, peu importe qu’ils habitent à Bordeaux, Paris ou Bayonne, sont en lutte. Et ils se battront pour sauver le club. »
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