Laurent Crocis : « J’ai vraiment l’impression que les joueurs sont perdus »
Vendredi, au cours de notre émission radio partenaire, ‘Girondins Analyse‘, sur RIG, le journaliste Laurent Crocis (France Football), après avoir présenté en profondeur les dangers autour du FCGB actuel et de son actionnariat du moment puis évoqué le sujet de l’exploitation du stade, a listé les choses le rendant « sceptique » par rapport au coach, Paulo Sousa.
Des éléments qu’il étaye longuement, remettant le contexte en perspective ; celui d’une équipe moins forte qu’il y a juste quelques mois/années et que le Portugais exploite de manière non optimale pour notre invité :
« Imaginez-vous être joueur des Girondins de Bordeaux en ce moment. Vous avez la pression et il y a une situation de tensions énormes entre les Ultramarines et la direction. Vos résultats sont en dents de scie, vous êtes éliminés des coupes nationales – à Brest et à Pau, contre une équipe de National qui vous mange dans l’envie et avait pourtant mis six titulaires au repos -, vous avez perdu 4 matches de suite. Et l’entraîneur, Paulo Sousa, qui n’a pas les joueurs pour son schéma, fait preuve de dogmatisme. C’est très bien qu’il ait un schéma, que ce soit novateur, mais il n’a juste pas les joueurs pour le mettre en place. Selon vous, si on prend l’équipe de 2018, la dernière à s’être qualifiée en Coupe d’Europe ; est-ce que celle de maintenant est meilleure ?
Je suis désolé, mais en qualité intrinsèque il n’y a pas Malcom et Jimmy Briand n’est pas l’égal d’un Martin Braithwaite. Voilà. Aussi, avant ça, Kamano n’a pas mal carburé, et il y a eu la KLM, avec Laborde. Actuellement, devant, Hwang n’a pas eu de coupure depuis deux ans, a dû aller faire un service civique et n’est pas utilisé à son poste. Cette équipe, elle a un manque évident de confiance, et quand elle mène elle recule. Parfois, elle panique. Jimmy Briand, il a prolongé de deux ans – il aura alors 36 ans -, il met ses buts, oui, mais il y a 3 penaltys… Et regardez le ratio temps de jeu / buts. Je pense qu’une fois qu’il aura atteint son objectif personnel, très honorable, des 100 buts en Ligue 1… Voilà. Il touche trop peu de ballons dans les 30 derniers mètres, mais aussi car il y a peu de centres ; malgré un système fait avec des pistons – Kamano et Kalu, par exemple – et donc, normalement, du jeu sur les côtés. Son but à Nantes (0-1, J21), il le met sur le seul bon centre, fait par Mexer. Sinon, à 3 comme à 4 défenseurs, on voit peu d’appels, de une-deux, de redoublements de passes sur les côtés. Regardez le nombre de buts de loin… C’est symptomatique. Heureusement que Hwang a une belle frappe, par exemple. Mais ce qui m’intéresse le plus, c’est le circuit préférentiel de circulation de balle. Il est où ce circuit ?
(…) Au-delà de ça, moi, j’ai vraiment l’impression que les joueurs sont perdus, ne savent pas se positionner ou s’il doivent relancer court ou long, notamment Laurent Koscieny, souvent entre deux eaux. Et Paulo Sousa, je le trouve moins véhément sur son banc de touche. Et puis, je ne sais pas comment va jouer Bordeaux quand ils annoncent les groupes. Après, sans critiquer totalement, tout le temps, j’ai du mal à expliquer des choix, mais c’est lui l’entraîneur, qui est payé pour ça et a les diplômes. Je ne suis qu’un observateur. Mais devant, à part Adli peut-être, qui perce parfois, je ne vois pas de joueurs capables de garder le ballon… Et Adli, il est encore très irrégulier. Toma Basic, il a des qualités physiques, mais il manque parfois de lucidité et il reste à dégrossir.
(…) Bon, j’avoue que sur Paulo Sousa, je suis assez sévère, donc ne prenez pas forcément tout ce que je dis pour argent comptant, mais je suis sceptique depuis le début – et je pense qu’on est de plus en plus nombreux à l’être, y compris des observateurs avertis du football -, même quand ça allait bien. D’ailleurs, moi, désolé, mais je regarde plus derrière que devant. Et je vois également que Sousa, probablement pour éviter une ambiance anxiogène par rapport aux résultats avant la fin de saison – comme l’an dernier, où il disait qu’il préparait cette saison -, il revient peu à peu de son 3-4-3 pour repasser à quatre défenseurs. Car il faut des résultats et qu’une mauvaise série comme en fin d’année 2019 ou au printemps dernier remettrait vite Bordeaux dans le dur, surtout avec une équipe où, à part Benoît Costil, on ne sent pas de leaders capables de sortir pour remuer les choses. »
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