Le bilan du retour de Ricardo aux Girondins
Officiellement démis, ce mardi 26 février, de ses fonctions de manager général du club au scapulaire, Ricardo Gomes Raymundo (54 ans) présente une série de statistiques peu reluisantes durant le temps du duo qu’il a formé cette saison avec Éric Bedouet.
Depuis septembre et le retour du Brésilien ; qui avait pourtant fait un très bon premier passage entre 2005 et 2007 ; 11 victoires, 9 matchs nuls et pas moins de 12 défaites constituent aujourd’hui le bilan du tandem Ricardo – Bedouet, toutes compétitions confondues, à la tête de l’équipe première du FCGB, qu’ils laissent à une piteuse 13ème place en championnat. Loin des objectifs européens affichés, et ce peut-être à tort vu la qualité du groupe et le contexte autour du club ces derniers mois ; qui ne permettaient peut-être pas de viser le Top 5-6 comme annoncé.
Nommé manager général, le 5 septembre dernier, Ricardo (avec son staff technique) a également été en très grande partie impliqué dans le chiffre terrible des 50% de matchs en Ligue 1 sans… but marqué par les Girondins cette saison. Au-delà des seuls résultats, la léthargie offensive des Marine et Blanc, donnant presque raison au cliché négatif collant à la peau de Ricardo, catalogué « bétonneur », a aussi pesé dans la fin de la collaboration plus tôt que prévu. En effet, on ne voyait pas de progrès dans le jeu ni même – encore plus grave – de marge de progression dans le fond de jeu. Et ça, pour se projeter, même à court terme, c’est rédhibitoire.
Animée aussi par un clash entre l’un de ses adjoints (Patrick Colleter) et l’un de « ses » joueurs au comportement disctuable (Yann Karamoh), mis à pied mais réintégré par la suite, la ‘V2’ de Ricardo à Bordeaux aura également permis à quelques (jeunes) joueurs de se lancer ou relancer : Otavio, Toma Basic, Vukasin Jovanovic ou encore Josh Maja, voire Driss Trichard, se souviendront que le second passage du Brésilien en Gironde a coïncidé avec leurs débuts au FCGB et/ou leur relance. Des éléments comme Pablo Castro, Jules Koundé ou Benoît Costil auront, eux, consolidé leur statut acquis avant Ricardo.
On se souviendra aussi que si Ricardo est revenu en tant que « manager » et non comme entraîneur, c’est car, faute de diplômes, il n’avait pas le droit d’être entraîneur en titre, laissant donc Bedouet (préparateur physique en pratique, mais ayant les diplômes d’entraîneur) aller en conférence de presse à sa place pour porter sa parole sans être lui mais aussi se lever du banc à sa place pour parler aux joueurs lors des matches, ce que l’ex grand défenseur international n’avait pas le droit de faire. On rajoute que la personnalité tempérée et sereine du peu bavard Ricardo, renforcée depuis des graves ennuis de santé qui ne l’ont pas rendu plus explosif, n’est pas vraiment bien passée dans un vestiaire assez jeune dans l’ensemble, ayant donc besoin de plus de poigne pour se prendre en main, et probablement perturbé par tous ces éléments… pour ne pas dire pire, en critiquant la discipline et le degré de respect du groupe envers le coach.
Au final, ayant récupéré en septembre un effectif déjà (mal ?) constitué par la cogestion estivale entre M6 et le consortium de fonds d’investissement américains repreneurs du club, Ricardo, qui n’avait qu’un contrat court (jusqu’en juin 2019) afin de gérer la transition entre les deux ères, a échoué dans sa mission de bien mener cette transition. Un échec relatif, car dans un tableau aussi chaotique il était dur pour un coach de briller, mais un échec indiscutable, quand même. Alors, comme le maintien en Ligue 1 est déjà presque acquis – malgré tout -, et alors que le discours de l’Auriverde ne passait sans doute plus auprès du groupe, il valait mieux arrêter les frais pour déjà préparer l’avenir. Et arrêter l’hypocrisie, aussi, car Ricardo – proposé par M6 et accepté par GACP faut de mieux à cette époque – n’allait bien entendu pas rester au-delà de cette saison. On s’en doutait tous plus ou moins dès son retour. Certainement que les joueurs aussi. Et ça, aussi, ça n’aide pas à réussir une saison, ensemble.
Au moins, dans tout ce bricolage global assez calamiteux, Ricardo aura été égal à lui-même : un gentleman, faisant son travail du mieux possible, pensant à servir le club avant de penser à servir ses intérêts (sinon il ne serait pas venu). Il part sans faire d’histoires, en accord avec la nouvelle direction qui ne l’avait que validé sans le choisir, après avoir constaté son impuissance dans une situation encore plus galère que celle qu’il devait s’attendre à trouver. Le chantier est immense et Ricardo n’était pas l’homme de la situation pour reconstruire ni même gérer avantageusement la transition. Bon courage au FCGB pour trouver la perle rare capable de relancer une machine ‘Girondins de Bordeaux’ bien grippée. Depuis trop longtemps.