Ludovic Obraniak : « On ne sent pas d’âme dans cette équipe »

Invité de Girondins Analyse (Twitch), Ludovic Obraniak a donné son sentiment sur la situation actuelle des Girondins de Bordeaux : 

« Quand il n’y a pas de pilote dans l’avion, cela doit jouer. À l’époque, on était entourés de mec de la formation comme Marc Planus et Matthieu Chalmé. Quand ils prenaient la parole, personne ne mouftait. Il y avait le président (Triaud) aussi. On le voyait de temps en temps mais quand il venait on savait qu’il fallait regarder ses chaussures ! Il y avait aussi une autorité, une atmosphère. Ce qui m’a profondément touché dans l’interview de Jean-Louis Gasset, c’est quand il dit qu’il n’y a plus d’univers Girondins comme il a dû connaître : arriver une heure avant, partager un café, lire les journaux, se chambrer, faire un tennis ballon, manger ensemble au Château… Le Château du Haillan, c’est le coeur des Girondins. C’est là où tout se passe. Si tu gagnes le Château, les choses peuvent bien se passer, si tu ne le gagnes pas ça peut devenir très compliqué. Il y a des gens qui n’ont pas compris ça. Je ne sais pas ce qui est instauré mais on ne sent pas d’âme dans cette équipe. On ne sent pas des joueurs qui ont envie de partager des choses ensemble, on ne sent pas de révolte, de caractère. On ne sent pas des garçons qui vont taper du poing sur la table. Nous on les avait mais aujourd’hui qui est légitime pour le faire ? Je ne vois pas grand monde. »

« Tout cela n’incombe pas qu’aux Girondins de Bordeaux. Il y a une perte d’identité générale pour beaucoup de clubs. Quand on prend des joueurs comme Marc Planus, Matthieu Chalmé, quand ils voient leur club en difficultés, c’est toute une histoire pour eux qui pourrait s’effacer, et là, tu est touché en plein coeur. Quand ce sont des mecs qui pensent que les Girondins de Bordeaux sont juste un tremplin pour aller ailleurs et qu’on a exposé un projet basé sur le trading alors qu’on n’a pas la meilleure cellule de scouting, qu’on n’a pas structuré les choses, c’est compliqué. À Lille, quand on me dit que l’on veut faire du trading, je comprends : le projet est structuré et il y a des gens compétents autour. À Bordeaux je doute qu’il y ait des recruteurs qui quadrillent les quatre coins du globe. Je pense qu’il faut revenir à des choses simples à Bordeaux. Aux Girondins, il y a toujours eu un bon feeling avec les Brésiliens et les sud-américains, il faut préserver ça. Il faut garder des joueurs du cru. Hors à mon avis, la formation est en berne du côté des Girondins. […] Les trois que tu avais (Koundé, Tchouaméni Youssouf) si tu avais construit autour d’eux, tu aurais une ossature de tueurs ! Peut-être que Bordeaux ne pouvait pas dire non face à l’offre de Séville mais avec les 25 millions récupérés sur Jules Koundé, est-ce qu’ensuite il y a eu de la suite dans les idées ? Et est-ce que c’était indispensable de vendre Aurélien Tchouaméni ? Je ne connais pas la situation financière, j’ai vu que certains se sont régalés sur le dos des actionnaires notamment GACP qui a bien profité. Je ne sais pas, mais tout ce qui sort de la formation, ça ne crève pas l’écran. On a signé énormément de joueurs pros mais est-ce que ça ne révèle pas de la peur de voir filer le bon joueur qui pourrait t’amener un gros transfert ? Cela démontre de l’incompétence de faire signer autant de jeunes professionnels dans un groupe. C’est de la folie ! On m’explique ce qu’on veut mais si on pense qu’on va remplir le stade avec du marketing, du sponsoring etc, on prend le problème à l’envers. Il faut déjà une équipe qui plaît et une équipe à laquelle les gens peuvent s’identifier. S’il n’y a pas ça, le stade sera toujours vide. Aujourd’hui, l’exemple c’est l’UBB. Il faut revenir à des choses plus familiales, à de l’humilité. »

Retranscription faite par nos soins