Ludovic Obraniak : « On veut aseptiser le monde du football »
Peu à son aise avec le foot moderne et à la vue de ce que deviennent ses anciens club de Lille et – encore plus – Bordeaux, l’ex milieu offensif Ludovic Obraniak a, dans ‘100% Ligue 1‘ (sur VL), pris un parti très clair en faveur des supporters girondins, dans leur conflit avec la direction et un président Frédéric Longuépée dont il a de mauvais échos venant du Haillan :
« Le football s’est transformé et les supporters vivent mal ces nouveaux projets, avec des publics de moins en moins supporters ; regardez ce qui se passe à Bordeaux, avec les Ultramarines contre la direction. On veut une uniformité, parce que le stade est neuf, alors il faut dispatcher les gens correctement dedans, pour que ça fasse plus uniforme, quitte à ne pas remplir la tribune populaire et à faire payer les gens 10€ de plus. Donc aujourd’hui tout est opération de comm’. Mais à un moment donné, les gens n‘ont pas envie de ça ! Tu veux remplir ton stade ? Ce n’est pas comme ça que tu vas le remplir, au contraire ! Ils ont tout faux !
(…) Il ne faut pas oublier que dans ces clubs, les fonds d’investissement, DaGrosa et King Street, jouent avec de l’argent qui n’est pas le leur, mais celui des gens qui investissement leurs pensions, leurs retraites… Dans l’idée, le supporter ça devrait être un roi, bien considéré, mais là en l’occurrence ce n’est plus le cas, comme à Bordeaux. En fait, on veut aseptiser le monde du football pour n’en faire qu’un spectacle. Il faut venir s’asseoir comme au théâtre, regarder le spectacle, payer sa place, consommer et fermer sa gueule, ne rien dire, ne pas avoir d’opinion. Mais le football qu’on aime, ce n’est pas celui-là et moi je me battrai toujours pour le défendre. Je suis du côté des Ultramarines, clairement, du côté des supporters, car le foot existe grâce à eux, et il ne faut pas l’oublier.
(…) Aujourd’hui, quand je vais au stade, à Lille par exemple, c’est avec les DVE* que j’irai ; promis ; car c’est là qu’est ma vraie place. Je le sens, mais – et sans vouloir me la jouer (rire) – c’est un sentiment vraiment personnel, car je ne me retrouve pas vraiment dans la gestion humaine du club. Au lieu de s’appuyer sur le passé, on cherche à l’effacer. Et les 75 ans du LOSC, au lieu d’être une grande fête, je trouve que ça a été une opération commerciale… On a sorti le nouveau maillot, fait des ventes, mais il manquait du monde parmi les anciennes gloires – avant le trading… mais ils n’allaient pas tenter de créer de la nostalgie, car ce n’est pas leur fond de commerce – et moi je n’y suis pas allé, car je ne me sens plus faire partie de la famille. Maintenant, on essaye de gommer le passé, et il n’y a plus d’identification, de transmission. Pourtant, c’est important de se rappeler d’où on vient pour bien savoir où on va. Mais on comprend que le LOSC qu’on a connu n’existerait plus, donc ça me touche ; car malgré mon jeune âge j’ai un côté réac’ et je trouve qu’on n’affilie plus le futur au passé. Pourtant, je ne suis pas contre le LOSC. Mais il y a une cassure. »
*Dogues Virage Est, groupe ultra lillois.
Retranscription faite par nos soins