Niša Saveljić : « Mr Martin a bien compris l’intérêt de mon projet aux USA, un partenariat est jouable »
Dans GA, hier soir, le grand entretien réalisé en juin avec Niša Saveljić a enfin a été diffusé. Cette interview a été l’occasion, pour l’ancien défenseur central de Bordeaux, de présenter et de promouvoir son projet actuel, entre les États-Unis et… Bordeaux. ‘Nino’ a ainsi pour ambition de développer le soccer outre-Atlantique, et d’en faire profiter le FCGB, mais pas que. A l’écouter, le projet est même déjà assez avancé.
« Après ma carrière de joueur, j’ai longtemps réfléchi. J’étais tellement fatigué que j’ai pris du recul pendant 3 ou 4 ans. Ma fille est restée faire ses études en France, on a monté une affaire ici avec Lilian (Laslandes)… Et puis, ensuite, discrètement, j’ai pu commencer à conseiller un peu certaines personnes qui me contactaient, dans les Balkans, notamment des joueurs du Partizan Belgrade et de Zagreb… J’ai bien senti la chose et, depuis 2 ans, je suis revenu dans le foot, en prenant le temps. J’ai passé la licence UEFA, avec la fédération de Serbie, puis j’ai réfléchi à prendre un club en Yougoslavie, mais je n’étais pas chaud car là-bas ce n’est pas toujours très net… Alors je suis parti aux États-Unis, car le challenge est très clair : c’est un autre monde, un football en plein développement ! Mais je pense aussi à la France, où j’ai une bonne image, et où, si on pense à moi, je suis ouvert. Je suis prêt à être entraîneur, d’abord pour les jeunes, ou à être recruteur aussi, car j’en connais des bons jeunes. Mais pour l’instant, le projet que j’ai, aux États-Unis, il est très concret : je veux faire un club de foot, masculin et aussi féminin, en partant d’une équipe féminine qui existe déjà, entraînée par un Serbe, et qui a de supers résultats. Si ça continue de se développer, pourquoi ne pas en amener quelques-unes en France ? J’en ai déjà discuté avec Pierrot Labat, qui est très connu aux États-Unis. J’ai travaillé sur son programme technique, basé sur les appuis et la coordination ; et inspiré par Ante Mladinic, un Yougoslave ; afin de l’intégrer auprès des jeunes. Car les choses changent beaucoup dans le foot : les staffs, l’organisation, les joueurs, les médias ; mais la technique restera au centre de tout. Et aux États-Unis, il y a un potentiel de développement extraordinaire pour le football ! Je travaille beaucoup sur mon projet, centré sur une région, à Washington, et il y a Discovery Channel et CNN qui voulaient faire un reportage sur ça. J’ai aussi des clubs locaux qui veulent s’y associer.
(…) Je remercie Jocelyn Gourvennec et son adjoint Eric Blahic, qui m’ont invité pour venir regarder leurs séances, et qui ont discuté de mon projet aux États-Unis. Merci également au président, Stéphane Martin, très à l’écoute sur ces sujets. Je trouve qu’il est conscient de ces choses et qu’il a compris l’opportunité qu’un projet comme le mien pouvait représenter, à long terme. On a discuté, car ce club il est très important pour moi, et je pense qu’un accord est en bonne voie. Vous imaginez, ce qu’on pourrait faire en exploitant le potentiel d’un pays aussi grand que les États-Unis et en l’associant avec le nom d’un club fort, d’une région, de ses traditions ? Je ne parle pas que foot, mais aussi du rugby ; même si je ne m’y connais pas trop ; du vin, de la culture, du tourisme… J’y crois car là-bas, quand on y croit, ça marche forcément, car le pays est immense, donc il y a toujours des gens pour s’impliquer, surtout dans un secteur nouveau ! Depuis plusieurs mois, je suis à fond. J’ai déposé mon dossier pour avoir la green card le 16 mars et je l’ai eue le 30 : impressionnant ! Aujourd’hui, je pense encore que le soccer n’est pas au niveau du foot en Europe, honnêtement, mais ce qu’ils font en termes de business c’est fort, en ramenant de grands joueurs, des anciennes stars, dans leurs franchises. Le vrai souci, c’est qu’ils investissent 180 millions pour créer la franchise, construire un stade, des terrains d’entraînement superbes etc ; mais que derrière ils n’ont pas de vraie formation, d’éducation au foot, juste un peu avec leur système universitaire. C’est justement là qu’un pays comme la France, avec sa culture de la formation, peut apporter. Et derrière, pour le business, c’est excellent. A Dortmund, il y a un jeune joueur américain, Christian Pulisic, qui est très fort, et ils vendent beaucoup de maillots là-bas. Pareil pour Lyon quand ils ont fait venir Alex Morgan dans leur équipe féminine. A Washington, je lisais des études de marché là-dessus, mais c’est incroyable le potentiel qu’il y a !
En France, on voit que le football féminin se développe, avec des chaînes qui amènent de plus en plus de droits télés et les règlements qui obligeront un peu les clubs européens à s’y mettre. On voit que Barcelone a son équipe, Paris, et les Girondins aussi, donc les sponsors vont arriver, comme aux USA. Là-bas, je le vois avec mon ami qui entraîne les filles, il y a une rigueur énorme, presque plus que chez les garçons ! Mais la France est encore devant sur la formation, donc si on veut développer les choses ce sont les meilleures joueuses américaines qui vont venir ici, ce qui drainera de la popularité et du business avec l’Amérique. Et pourquoi pas à Bordeaux ; même avec les hommes ? J’ai une vision réelle par rapport à ça. Cela peut se faire très vite. Il n’y a pas de temps à perdre, surtout qu’avec les Américains, si tu leur montres un projet réel, basé sur l’image et le savoir-faire de la France et de Bordeaux, ils vont être intéressés immédiatement. Vous savez, quand je suis arrivé là-bas, moi, Nino Saveljic, ils ne me connaissaient pas du tout ! Ils pensaient même que le Monténégro était en Amérique du Sud, à côté du Paraguay (rire) ! Et quand Raúl est venu, pour jouer en Major League Soccer, ils ne le connaissaient pas ! Quand il est venu pour faire un tournoi, récemment, je suis le seul à l’avoir reconnu (rire) ! Mais avec internet, et avec ce que je leur ai raconté, ils ont été impressionnés. Je leur ai parlé des Girondins, de ma carrière, de Zinédine Zidane qui avait joué à Bordeaux, de notre titre de champion de France en 99… Ils sont très curieux, très respectueux, car ils voient que c’est sérieux, donc ils sont aimables, ils veulent aider, ils ne te prennent pas du tout de haut. Depuis huit mois, je suis très heureux de vivre entre Bordeaux et les États-Unis, mais là je vais rester ici quelques temps… Si un partenariat est envisageable ? Je pense que oui, honnêtement, c’est jouable. Je travaille beaucoup sur ça, et Mr Martin a bien compris cet intérêt de créer quelque chose entre nous, pour le long terme, pour l’image, pour le business. J’espère que c’est en bonne voie, car ça me tient à cœur ce projet, entre des gens que j’apprécie, des endroits que j’aime. Ce n’est pas pour me mettre en avant, mais j’aimerais bien être un ambassadeur de ce rapprochement-là. Pourquoi pas, si les résultats sont là ? J’espère qu’on pourra vite officialiser. Je crois que c’est en bonne voie, et merci encore au Président Martin. »