Nicolas Hourcade : « Les ultras, c’est plus du syndicalisme »

Lui aussi invité, hier dans ‘L’After Foot‘ d’RMC, à commenter les récents propos de Didier Quillot (directeur général de la Ligue de Football Professionnel) sur la situation des tribunes en France, le sociologue spécialisé « mouvement supporter », Nicolas Hourcade, décrypte les choses.

Les mots de celui qui a, en plus, la qualité de supporter des Girondins de Bordeaux (et un passé au Virage Sud, avec l’ancien groupe des Devils) :

« Déjà, je suis assez d’accord avec ce que vient de dire Willy Sagnol (voir ci-dessous). Après, dans le problème des tribunes, pour moi, il faut distinguer trois choses : les fumigènes – ça dure depuis des années mais ce n’est pas nouveau -, le conflit entre un club et ses supporters – qui n’est pas nouveau non plus mais qui revient avec plusieurs situations locales conjoncturelles – et les violences physiques – le plus grave, vu sur quelques matches -. Mais les problèmes ne sont pas les mêmes et il ne faut pas tout amalgamer, car les solutions sont différentes. Je ne pense pas que le terme de ‘radicalisation’ de Monsieur Quillot soit pertinent, mais il y a quand même une surenchère sur les fumigènes, des deux côtés, entre la commission de discipline de la Ligue et les Ultras. Des fermetures de tribunes, mesure très radicale, sont quand même prononcées, et en réponse à ça les ultras craquent de plus en plus de fumigènes car ils savent bien que, de toute façon, la tribune sera fermée.

Mais il faut surtout voir que le monde ultra n’est pas homogène, car en son sein il y a des gens très radicaux, dans une logique ‘Gilets Jaunes’ si vous voulez, et d’autres dans une logique plus syndicaliste, parfois à l’allemande, axé sur le dialogue social. Et entre ces deux extrêmes, il y a tout une palette, car les ‘Gilets Jaunes’ sont très peu nombreux parmi les ultras. Après, parmi les ultras ‘syndicalistes’, la tradition française est plus d’être dans le combat. Mais on reste quand même dans le syndicalisme, car il y a une hiérarchie, des représentants, des porte-parles, et donc on sait à qui s’adresser. Mais pour moi, oui, les groupes ultras sont les syndicats des clubs de foot, il faut le prendre en compte comme ça. Et, du coup, si on part de ce principe et qu’on construit les conditions d’un bon dialogue social avec eux, on peut trouver des solutions profitant à la fois aux supporters et aux clubs. C’est ça l’enjeu posé par les différents interlocuteurs. »

Retranscription faite par nos soins