Nicolas Hourcade : « Une mesure (l’interdiction de déplacement) qui s’avère perverse, au final »
Dans un article du Progrès au sujet des supporters, alors que ceux de Lyon sont interdits de déplacement pour le derby à Saint-Étienne et que ces mesures sont devenues classiques pour les matches entre ces deux clubs et dans tout le foot français en général, le sociologue Nicolas Hourcade, spécialiste de ce thème des tribunes du football*, tente d’expliquer en quoi la répression systématique pose problème.
« C’est une mesure qui s’avère perverse, au final, puisqu’elle entérine l’idée auprès des supporters qu’ils sont victimes d’une répression injuste. (…) Ces dispositions ont connu une croissance exponentielle lors des attentats de 2015 : les préfectures ont argué d’un manque de forces de l’ordre pour sécuriser les stades et ont eu recours à ces mesures très fréquemment dans les mois qui ont suivi, devenant presque une habitude.
On ne retrouve pas forcément cette stratégie dans d’autres pays d’Europe. (…) En France, il n’y a pas non plus des stades à feu et à sang. Dans le cas français, plutôt que d’interdire tous les supporters d’un club en déplacement, on peut se demander s’il ne serait pas plus légitime de cibler les dizaines ou centaines de fauteurs de troubles et leur appliquer les sanctions à la hauteur des faits commis. »
*et lui-même supporter des… Girondins !