P. Favier : « L’examen DNCG sera particulièrement périlleux cette année »

C’est normalement fin juin (le 30) que les Girondins de Bordeaux passeront devant la Direction Nationale du Contrôle de Gestion, le fameux gendarme financier – qui a d’ailleurs durci ses critères, malgré la crise sanitaire et économique du Covid-19 -, dans le cadre de l’examen, classique et commun à tous les clubs, de leurs comptes.

Sauf que, avec un déficit sans doute énorme (on parle de 60 M€, au bas mot), le FCGB n’ira pas fièrement à cet examen. Il risque même, si jamais l’actionnaire King Street ne se porte pas garant au moins en théorie, des sanctions.

Pour nos partenaires et amis de l’émission ‘Girondins Analyse‘, ce jeudi, le journaliste Patrick Favier (écrivant pour Sud Ouest et étant spécialisé sur l’économie du sport) fait donc un récapitulatif du fonctionnement et des prérogatives de la DNCG :

« La DNCG, elle a une fonction essentielle, qui est de s’assurer qu’un club qui commence une saison sera capable de la finir, c’est à dire qu’il sera au moins capable de payer ses salaires, les impôts, les charges et les taxes. Elle contrôle donc la solvabilité du club, car il ne faut pas qu’il ait une défaillance en cours de saison. D’ordinaire, les examens sont avant le 30 juin, soit là où les clubs clôturent leur exercice financier de la saison en cours, mais là, avec la crise du Covid-19 ce sera peut-être après ; enfin ça ce n’est pas grave. La DNCG regardera ainsi ce qu’a été l’exploitation du club sur la saison écoulée, et là Bordeaux s’attend à un déficit, puis elle regardera le budget que présentera le club pour la saison suivante. Si elle voit une perte d’exploitation, comme ce sera le cas des Girondins, elle regardera si cette perte peut être compensée, soit par des ventes de joueurs – comme il y a un an, où Bordeaux s’en était tiré comme ça, en ne vendant d’ailleurs pas tous les joueurs prévus ce qui avait été source de difficultés -, soit par un apport.

Donc, les Girondins vont devoir arriver devant la DNCG avec l’obligation de lui dire le montant de leur perte – au moins 60 millions d’euros – et d’expliquer qu’ils veulent la combler en vendant tels joueurs à tels prix. Alors, la DNCG regardera si ces prévisions sont cohérentes – en général, les clubs gonflent un peu leurs espoirs de ventes et la DNCG retaille ça pour que ce soit plus réaliste -. Ensuite, comme les Girondins ne pourront pas vendre pour 60 M€ de joueurs, car ils ne les ont pas, il faudra que l’actionnaire King Street s’engage à apporter des fonds propres pour combler les trous, c’est à dire de l’argent frais sur les comptes, ou s’engage financièrement quoi qu’il arrive d’une manière ou d’une autre – c’est bien là ce qu’attendra la DNCG -. Normalement, et comme l’a redit le président Frédéric Longuépée à L’Équipe, King Street va le faire et recapitalisera donc le club, ce que demandera la DNCG. Mais elle attendra aussi que le budget de l’année prochaine soit un petit peu meilleur que celui de l’année écoulée, avec des réductions de charges que la DNCG attendait déjà sans même la crise du coronavirus. La DNCG devrait aussi attendre une augmentation des fonds propres. C’est à dire que, pour toute dette nouvelle du club, l’actionnaire doit mettre de l’argent en face pour garantir que le club aura effectivement les moyens d’aller au bout de la saison en payant ce qu’il doit.

Voilà donc ce que sera l’examen de la DNCG à venir, qui sera évidemment particulièrement périlleux cette année, à cause de la crise du Covid-19, et en particulier pour les Girondins de Bordeaux, qui font partie des trois clubs perdant de loin le plus d’argent, avec Lille et Marseille. L’examen sera aussi périlleux pour une autre chose, c’est qu’en raison de la crise on ne sait pas trop ce que sera le marché des transferts, qui risque d’être beaucoup plus calme et beaucoup moins rémunérateur que les années précédentes. »

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