Patrick Favier : « Le contexte est très difficile pour bâtir un budget »
Le journaliste de Sud Ouest, Patrick Favier, a répondu, fin mai, à des questions de nos amis et partenaires de ‘Girondins Analyse‘ (lire nos retranscriptions thématiques de son entretien par ICI, écouter l’audio complet via CE LIEN). Au milieu de bien d’autres sujets, il revient sur ce que peut faire la Direction Nationale du Contrôle de Gestion pour évaluer ce que vont lui présenter les clubs durant cette intersaison, et notamment le budget prévisionnel des Marine et Blanc pour 2020-21… que le club aura bien du mal à élaborer en cette période troublée :
« La DNCG sera attentive, mais la construction (des budgets des clubs) est difficile. Déjà, il y a un nouveau diffuseur, Mediapro, et de nouveaux droits TV. Aussi, la Ligue de Football Professionnel a contracté un emprunt (prêt garanti par l’État ; NDLR) pour pouvoir combler, auprès de chaque club, la part des droits TV non versés pour cette année ; vu que Canal et BeIN n’ont pas payé pour les matches qu’ils n’ont pas diffusé suite à l’arrête du football à cause du Covid-19. Du coup, cet emprunt de la LFP pour combler le manque à gagner, il faudra le rembourser, ce n’est pas un cadeau, et la LFP va le rembourser, il semblerait, avec les droits TV de Mediapro ; qui dit qu’il honorerait le contrat. Alors, déjà, une partie des nouveaux droits TV de Mediapro va servir à encaisser le choc du Covid cette année. Si j’ai bien les bons chiffres en tête, les droits TV de Mediapro c’est une hausse de 400 M€ par an, et le prêt de la LFP c’est 200 M€. Donc ça ‘mange’ la moitié de la hausse des droits TV.
Ensuite, effectivement, avec les conséquences de la crise du Covid, au niveau du public et de sa présence incertaine, il est plus dur de construire un budget. Les recettes ‘jours de match’ ça représente, hors année de Coupe d’Europe, 12% du budget des Girondins. Donc c’est beaucoup. Après, les ventes de joueurs sont l’essentiel de ce qui permet d’éponger le déficit, mais ça c’est vrai pour bien d’autres clubs de Ligue 1. Mais le prochain budget sera extrêmement difficile à construire. Pour moi, il y a des incertitudes énormes qui pèsent sur la capacité de construction des budgets. Alors, est-ce qu’on va négocier, comme au rugby, des baisses de salaires – et des vraies baisses sur toute l’année, pas des reports – ? Visiblement, en Espagne, on entend que même des clubs comme Barcelone et Madrid vont devoir le faire. Alors imaginez pour des clubs moins réputés et dans une situation moins florissante… Voilà. Le contexte est donc très difficile pour bâtir un budget, cela d’autant plus quand vous étiez déjà, comme les Girondins, dans les clubs les plus déficitaires. Lille et Marseille sont aussi dans le lot, mais ils ont la Ligue des Champions et un actif joueurs à vendre bien plus important, surtout Lille. Alors que Bordeaux n’a rien de tout ça…
Pour finir sur ce sujet, je rappelle que la DNCG – comme prévu avant la crise, alors elle l’a maintenu – a musclé un peu ses règles en demandant aux clubs de limiter la part de leur masse salariale par rapport aux recettes et de bien s’assurer que, si endettement, de l’argent frais était mis en place pour bien finir la saison. Alors, bâtir les budgets 2020-21 sera vraiment compliqué pour les clubs. »
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