Pour J. Gourvennec, le nouvel outil d’EAG est « bien supérieur » au Haillan
En ce jour de finale de la Coupe de la Ligue (ce soir, à Lille, contre Strasbourg), l’entraîneur d’En Avant Guingamp, Jocelyn Gourvennec, ancien technicien des Girondins de Bordeaux entre l’été 2016 et janvier 2018, accorde un entretien fleuve et assez passionnant au site de So Foot.
Parlant longuement de sa vision du football, du jeu, du métier d’entraîneur, de son rôle de manager, et de la complexité dans l’enchaînement d’une carrière de joueur pro puis de coach – d’abord en amateur puis en pro -, JG affirme aussi qu’il trouve le nouveau centre d’entraînement du club breton (actuel 18ème de Ligue 1) supérieur à celui des Girondins : Le Haillan.
« Mes études (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives), ça m’a donné un savoir universitaire et cela a aiguisé ma curiosité. Entraîner, c’est réfléchir en permanence. La rigueur fonctionnelle est primordiale ; ça donne des repères à tout le monde dans la vie de tous les jours comme sur un terrain. Quand ça va moins bien, ces repères subsistent. Dans tous les métiers en lien avec la pédagogie, on est obligé d’avoir un cadre, car sinon le savoir ne passe pas. Le management, c’est simple : expliquer ce que l’on attend, faire savoir quand on est content et quand on ne l’est pas. Les joueurs n’attendent que ça. Il faut toujours avoir un coup d’avance. C’est un métier où il faut savoir inspirer les joueurs. Coco Suaudeau, à Nantes, était un maître dans le genre. Son feeling, sa capacité d’analyse lui permettaient d’avoir toujours la bonne remarque. Plus j’avance, plus j’affine ma méthode. Je pense être plus juste, je gagne du temps dans la gestion des joueurs. (…) Nous autres, entraîneurs, parlons et pensons collectif, équipe, en permanence, alors que la société, d’une manière générale, pousse les êtres humains vers plus d’individualisme et de confort personnel. La difficulté, c’est de fédérer la somme de ces comportements plus individualistes qu’avant pour les installer vers un projet collectif, alors que tout les pousse en sens inverse. Sans parler de certains entourages ou agents qui vont jusqu’à indexer les contrats sur les performances individuelles des joueurs.
(…) En étant à Guingamp, je reviens dans un club qui a construit un centre d’entraînement extraordinaire (ouvert en septembre 2018), bien supérieur à celui de Bordeaux. J’ai l’impression d’être dans un nouveau club, qui a plus de moyens qu’avant. On n’est plus promus, donc c’est mécanique, les revenus (droits télé) augmentent. Je n’ai pas pensé à ça, j’ai songé au challenge. Est-ce que j’en avais envie ou non ? On en revient à faire des choix, les conditions étaient réunies et je l’ai fait. C’est une option cohérente avec du sens, je ne voulais pas partir à l’aventure. Les clubs qui ont de la continuité, ce sur le plan technique, avec un entraîneur qui reste un minimum, c’est ça qui marche. Après, il y a souvent des décisions qui sont prises par des gens instables, impatients… Un club stable a de la continuité technique, une vision. Les clubs qui souffrent sont les clubs qui n’ont pas de vision. À Guingamp, il y a de la continuité. La stabilité technique est gage de bonne santé ; ça veut dire que les choses roulent, que la stratégie sportive qui mène le club opère bien. Le marketing, le merchandising et la comm’ sont importants, mais le point d’ancrage, c’est le sportif ; et ça, ça ne coule pas toujours de source. Aussi, revenir à Guingamp, c’était aider un club qui m’a beaucoup donné, dans un moment difficile, et ça avait du sens pour moi, alors je n’ai pensé qu’à ça. »