Rio Mavuba raconte sa longue et belle amitié avec Mathieu Valbuena
Sur le plateau du « Vestiaire » (SFR Sport) il y a une quinzaine de jours, l’ancien milieu défensif des Girondins, Rio Mavuba, aujourd’hui en fin de carrière du côté de Lille, a longuement abordé le sujet de sa relation avec Mathieu Valbuena. Nés la même année (1984) et tous les deux originaires de Bordeaux, ils ont été formés ensemble mais n’ont pas connu les mêmes trajectoires…
« Au début, Mathieu et sa famille ont beaucoup compté pour moi. J’habitais sur la rive droite de Bordeaux, à la Benauge, et Mathieu venait me chercher, avec son père, pour qu’on aille au match, le dimanche, ou qu’on aille chez lui, qu’on mange des chocolatines et d’autres trucs dont je n’avais pas l’habitude à la maison (rires)… On a vraiment vécu de très, très belles choses. C’est son père qui nous entraînait, au début. Et après, au centre de formation, malheureusement, Mathieu n’est pas conservé à ses 17 ans. A ce moment là, je le récupère, on s’enferme dans les toilettes, et il pleure dans mes bras. Pour lui le foot ; quand on voit comment c’est chez lui, avec des posters plein partout, des ballons ; il n’a que ça. Donc c’était douloureux, j’avais mal au cœur. Mais on a gardé contact, et quand il a été pro, notamment à Marseille, où c’était compliqué pour lui au tout départ, je l’ai pas mal défendu, via son coéquipier Ronald Zubar, que je connaissais de l’équipe de France Espoirs et à qui je disais de prendre bien soin de lui. Après, il a connu la gloire à l’OM, la consécration. Mais certaines choses m’ont alors déplu et je lui ai fait savoir. J’avais dit, dans une interview où j’avais été maladroit, qu’il fallait arrêter de nous associer car je lui avais donné quelques conseils et qu’il ne m’avait pas forcément écouté. Il a pris un chemin qui ne me ressemblait plus et pendant 2 ou 3 ans on s’est brouillé, quand il y avait des Marseille/Lille, mais on s’est ensuite retrouvé, surtout en équipe de France et l’amitié qui nous lie a été restaurée.
(…) C’est dur de le voir vivre ce qu’il traverse ces derniers temps. Il a quand même raté un Euro en France, ce n’est pas rien. Et ce qui est marrant (sic), alors qu’il n’y a pas longtemps il était encore dans le trou, c’est qu’il me disait : « Je vais leur montrer… », et voilà il revient bien depuis peu. (…) Je pense que ce qui le fait tenir, c’est l’amour du ballon. Il aimait tellement ça qu’il ne se voyait pas faire autre chose. A l’école, il était zéro, bidon, il ne pouvait vraiment rien faire d’autre (rires), et c’est là, où il a été bon, il s’est accroché, parce qu’il a fallu plus de temps pour lui. Je me rappelle, quand nous on était U17 et qu’on jouait déjà avec la réserve, Mathieu, physiquement, il se faisait exploser, dans les duels, il volait. Donc d’un côté, on comprenait un peu les Girondins de ne pas le garder parce que c’était compliqué pour lui de jouer avec les membres de sa génération, comme Chamakh ou Francia, qui ont percé… Alors Mathieu a été dans le foot amateur où il a peu été la petite star de la région, et je pense qu’il a bien aimé ça, d’abord à Langon, puis à Libourne où il a été le meilleur joueur de National. C’est là que Marseille est venu le chercher, après qu’il se soit révélé. Et ce qui est fou c’est qu’à l’époque il avait aussi Rennes et Auxerre qui le voulaient et qui faisaient bien plus confiance aux jeunes. Moi, à sa place, je n’aurais pas choisi Marseille… Mais bon, c’est Mathieu, il aime les défis, il aime les challenges, il aime relever ce genre de test, c’est sa force.
(…) Oui, j’ai quelques souvenirs de conversations avec Mathieu, sur nos deux carrières. Notamment au début, quand il me demandait comment c’était le monde pro. Tu voyais qu’il avait les yeux qui brillaient, comme chez un enfant… On avait pourtant le même âge, mais il me demandait plein d’anecdotes. Moi, j’étais admiratif de ce qu’il faisait à Libourne, déjà, après s’être fait virer du centre. Et lui, il était obsédé par ça. Il me demandait tout : les vestiaires, les primes de match, tout. Et ensuite, c’est moi qui lui ai demandé comment était la vie à Marseille et comment c’était l’Euro, puis la Coupe du Monde, en 2012 et en 2010. Il a connu ça avant moi. C’est marrant de voir comment les choses se sont un peu inversées. Mais ça s’est fini par une Coupe du Monde 2014 qu’on a faite ensemble. »