Son but, sa célébration, sa blessure, sa finale : Christophe Dugarry raconte son Mondial 1998
Pour Yahoo! (vidéo complète ici), l’ancien attaquant espoir et capitaine – lors de son deuxième passage – des Girondins de Bordeaux, Christophe Dugarry, est revenu longuement sur sa Coupe du Monde 1998, gagnée en France, avec les Bleus de Zinédine Zidane, Bixente Lizarazu, Didier Deschamps et Aimé Jacquet.
20 ans après, ‘Duga’ explique que :
« Le regard des gens a changé, ils ne te regardent plus pareil, car tu as été dans leur vie. Tu es vraiment entré dans leur vie, dans leur salon. Et moi encore pire car, en plus, j’avais une image assez moyenne on va dire (rire)… Je n’ai jamais fait l’unanimité comme joueur, loin de là, et j’ai l’impression qu’aujourd’hui les gens m’apprécient plus comme consultant« .
Et sur son fameux but, le tout-premier du tournoi, contre l’Afrique du Sud (3-0), le caractériel Dugarry confie, sans langue de bois :
« Quand je dois vite rentrer, je m’habille rapidement, je sens que les gens sont surpris, que ça commence à monter… Et puis il faut y aller ! Pas le choix (sourire). Et 10 minutes après, je marque. Et là je passe par tous les sentiments, par toutes les émotions. Mais je pense que la plus grosse émotion c’est la libération. J’exulte vraiment, je fais ce geste (il mime sa célébration de l’époque, en balançant ses bras)… Bien évidemment qu’au départ j’ai eu l’idée de mettre les deux doigts d’honneur, mais par bonheur – heureusement – je n’ai pas eu ce geste ridicule. Parce qu’après tu te revois à vie en train de le faire. C’est moche, ça ne sert à rien, c’est une insulte, et ça n’avait aucun sens ; même si les journalistes avaient été durs avec moi. Donc heureusement que j’ai juste fait ça (il mime encore) et tiré la langue, ce qui est resté comme un club d’œil, mieux que quelque chose de désagréable et de méchant. »
Sauf que pour Dugarry, après ce match-là, le Mondial a pris une autre tournure, plus personnelle et… médicale ; jusqu’à la finale :
« Au match suivant, je me blesse. Une déchirure de 8 centimètres. Donc je me dis : ‘C’est cuit, je suis mort’… Puis on en parle avec Boixel, l’ostéopathe, le Docteur Ferret, les kinés. Il y a une chance sur mille, mais on l’a tentée. (…) Etre sur le banc de touche, c’est horrible, car tu prends tous les hauts et les bas, toutes les émotions, mais sans pouvoir agir ou interagir. (…) La veille de la finale, je ne suis pas prêt du tout, j’ai encore très mal à la cuisse, je sens que je ne suis pas apte à jouer. Mais malgré tout ça, Aimé vient me voir pour me demander si je peux jouer… Donc je réintègre le groupe, mais sur le banc ; évidemment. Donc si on fait appel à moi je suis censé pouvoir… Une finale de Coupe du Monde, c’est forcément bien de la jouer, on n’en a pas joué d’autres…
C’est vrai que c’est très égoïste de ma part car je me dis que je n’ai pensé qu’à ma gueule, pas au groupe, au collectif. Je suis à 80% mais je dis que je veux jouer car je suis persuadé que ce n’est pas moi qui rentrerai. Je pensais que ce serait David (Trezeguet). Mais je voulais être là, avoir les chaussures, la tenue, le maillot : être là. Sauf qu’Aimé fait encore appel à moi ! Je n’allais pas lui dire : ‘Ah non, en fait, je ne t’ai pas dit…’. Donc j’y suis allé. Le destin m’a même donné une chance de marquer le dernier but, mais je ne l’ai pas fait. Heureusement que c’est passé derrière (3-0 contre le Brésil, NDLR)… Mais si j’avais marqué, alors là ! Je ne parlais plus à personne (rire) ! J’engageais un mec pour parler à ma place ! L’histoire aurait été fantastique. Même si, pour les 20 ans, on aurait parlé que de ça et que de moi. Ç’aurait été embêtant (sourire) ».