Willy Sagnol : « En 2006, j’en ai voulu à Zizou, comme à la terre entière »
Pour RMC et sa ‘boîte à souvenirs‘, l’ex entraîneur des Girondins de Bordeaux, Willy Sagnol, a commenté son rapport avec… Zinédine Zidane, autre ancien du FCGB, qu’il a connu comme coéquipier en équipe de France, surtout dans les années 2000.
« Il faut remettre les choses dans leur contexte. Après 2006 et ce qui s’est passé lors de cette finale de Coupe du Monde perdue aux tirs au but contre l’Italie (1-1), on a eu un peu les boules et on a tous voulu l’exprimer, ce d’une façon ou d’une autre, même si certains l’ont gardé pour eux quand d’autres ont préféré le dire plus publiquement. Avec mon caractère, j’ai préféré garder ça pour moi, à ce moment, mais ça n’empêche pas que j’avais une certaine rancœur, un mauvais goût dans la bouche… Et lors des préparatifs de mon mariage, en 2008, ma femme me dit que je devrais quand même l’appeler, car ça ne restait que du foot ce qui s’était passé, même si c’était un rêve qui était parti. Donc je l’ai appelé, je lui ai envoyé un message, et puis il a dit ok, sans soucis. Par contre, il ne pouvait pas venir pour la cérémonie, mais il est venu en fin de matinée et voilà. On a pris l’apéro, on a mangé ensemble, et c’était sympa. Pas d’avoir Zinédine Zidane, mais d’avoir un ami, un copain, à son mariage.
(…) Mon sentiment sur son coup de boule en finale, qui lui a valu une exclusion ? On est tous humains, et personne n’est parfait, mais forcément, quand il y a des grosses défaites comme ça, ou de gros échecs, ou un rêve qui s’en va, alors… tu cherches absolument de qui c’est la faute. Tu ne te diras jamais que c’est de ta faute, que peut-être tu as mal fait certaines choses, mais tu tu vas rejeter la faute sur les autres. Donc, oui, j’en ai voulu à Zizou, mais comme à la terre entière ; et au quatrième arbitre, d’avoir vu ça à la vidéo alors qu’à l’époque on n’avait pas le droit. Donc oui, ça fait mal quand le rêve s’arrête. Dans le vestiaire, on savait que ça ne servait à rien de s’engueuler, car de toute façon on ne pouvait pas changer les choses.
Mon centre pour Zizou, en prolongations, avant son coup de boule sur Materazzi ? Ce n’est pas le centre parfait, mais sur le coup je ne me pose pas cette question et je centre car c’est ce que j’ai l’habitude de faire, par réflexe, par ressenti. Mais en voyant les images après, j’ai vu que j’avais un défenseur dans mon angle de centre enroulé, donc si j’avais réussi à peut-être raser un peu plus ce défenseur ça aurait pu permettre à Zizou d’arriver plus lancé, d’être plus proche du but et peut-être de marquer le but du 2-1, face à Buffon. La séance de tirs au but (5-4 pour l’Italie, il a transformé la dernière tentative des Bleus) ? Je ne sais pas pourquoi j’ai tiré. Je me souviens que, sur le terrain, à ce moment-là, je vois Raymond Domenech qui me parle, et je lui réponds ‘Oui’, alors que je ne suis pas prévu dans les tireurs et que je n’y pense pas. Et lui, il a pris ce ‘Oui’, pour un ‘Oui, je vais tirer’, alors que c’était plus un ‘Oui, qu’est-ce que vous voulez ?’… Je me suis alors rendu compte que je ne pouvais plus faire marche arrière, car ça ne se fait pas. Je n’étais pas un tireur habituel, car j’ai dû en tirer deux ou trois dans ma carrière des penaltys, mais je me suis dit que je n’allais quand même pas demander à un jeune de le faire à ma place. Je n’étais pas parmi les plus anciens, mais quand même… J’ai pensé que c’était mon devoir, et puis les quelques penaltys que j’avais tirés avec le Bayern Munich je les avais marqués, donc je savais que je pouvais le refaire. Après, je comprends aussi ceux qui ont dit ‘Non’, pour de grandes échéances, et si quelqu’un ne se sent pas il ne tire pas. Car si il tire, de toute façon, il a une chance sur deux de rater… Alors qu’il en laisse un autre tirer, même un plus jeune, avec plus de baloches et de sang-froid à ce moment. »
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