« Il suffirait juste d’une victoire – contre Bordeaux par exemple – pour relancer la machine »

1. Quel est ton regard d’ensemble sur le club de Bordeaux en général et sur l’équipe actuelle des Girondins ?

Les Girondins, c’est une équipe mythique. Les Girondins c’est Marius Trésor, Réginald Dortomb, Lassina Diabaté ! Des joueurs de légende tous passés par l’ACA. Aujourd’hui, c’est Cheick Diabaté. Donc forcément je suis les résultats de cette équipe avec intérêt.

2. Ce weekend, après plus d’un tiers du championnat, Bordeaux – Ajaccio va opposer le 12ème au 19ème de Ligue 1. Ca te surprend de voir Bordeaux dans le ventre mou ? Et pour l’ACA, tu t’attendais à ce que le début de saison soit si galère ?

Les Girondins ne sont pas à leur place à l’heure actuelle. Certes, ils ne déploient pas le plus beau jeu du championnat mais, au vu de leur histoire, ils ne méritent pas ce classement. Surtout avec des joueurs comme Henrique, Obraniak et Diabaté. Pour ce qui est de l’ACA, le classement est logique, ou en tout cas dans la continuité des années précédentes. Je m’attendais à ce que l’ACA joue le maintien, surtout avec l’instabilité au niveau des joueurs et des entraîneurs. On ne pouvait pas espérer mieux. Mais on ne pensait pas que ce serait à ce point-là…

3. Comment tu expliques l’échec de Fabrizio Ravanelli sur le banc et est-ce, selon-toi, la principale raison de la situation actuelle ?

Ce n’est pas Fabrizio Ravanelli qui a échoué, c’est la méthode Ravanelli. Contrairement à Alex Dupont et Albert Emon, les joueurs ont toujours soutenu le coach italien. La personnalité de Ravanelli collait bien avec l’esprit du club et des joueurs. Sauf qu’il a voulu instaurer une méthode trop professionnelle pour les joueurs. L’écart qui s’est creusé entre le club familial des dernières saisons et le club, véritablement plus pro, de cette année n’a jamais été digéré. Ravanelli a voulu trop en faire. Trop bien faire. Les joueurs n’étaient pas prêts, tout simplement. Donc selon moi, les principaux fautifs, ce sont les joueurs.

4. Depuis que Christian Bracconi est devenu l’entraîneur numéro 1, ça a changé quoi dans l’équipe, le jeu, les résultats ? Tu es confiant pour le maintien ?

L’arrivée de Bracconi n’a rien changé pour le moment. Et le fameux choc psychologique s’est seulement résumé à un match nul contre Toulouse. Bracconi a changé les méthodes d’entraînements – c’est plus soft -, les approches des matchs et a voulu retrouver l’ambiance familiale du club, mais sur le terrain le changement tarde à se faire voir. Il utilise les mêmes joueurs et le même dispositif que Ravanelli. De toute façon, avec le nombre de blessés, tout changer est impossible.

Mais malgré ce mauvais début de saison et de grandes difficultés à déployer du jeu, le maintien reste possible et j’y crois ! Comment une équipe qui a battu Lyon et fait match nul au Parc des Princes pourrait ne pas gagner contre les autres équipes ? Il suffirait juste d’une victoire – contre Bordeaux par exemple – pour relancer la machine et donner confiance aux joueurs. Car c’est ce qui manque. Il y a deux saisons, à pareille époque, l’ACA avait déjà six points de retard sur le premier relégable. Et à la fin, on s’était maintenu « facilement ».

5. Pour toi, quels sont les points forts et les points faibles de ton équipe en ce moment ainsi que son style de jeu ?

Les points forts, il n’y en a pas beaucoup. Je vais vous dire Memo Ochoa bien sûr, qui est toujours aussi bondissant et rassurant. Et accessoirement notre meilleur joueur. Ronald Zubar fait également partie des satisfactions, malheureusement pour nous, il est blessé jusqu’à la fin de la saison. Plus largement, notre point fort, ce sont les coups de pieds arrêtés. Sachant que l’on n’arrive pas à créer du jeu, les corners et les coups-francs représentent la seule occasion pour marquer. Surtout qu’avec Pedretti (blessé) et Cavalli, on compte deux bons tireurs dans notre effectif.

Les points faibles, justement, ce sont ces difficultés à créer du beau jeu, et du jeu tout court. Ce n’est pas pour rien que l’ACA est le club qui se procure le moins d’occasions en Ligue 1. L’animation offensive en souffre donc. Les attaquants de pointe sont beaucoup trop isolés devant et ne reçoivent qu’un ou deux ballons exploitables dans le match. Vu que nos attaquants ne sont pas des tueurs nés dans la surface, on n’arrive pas à marquer. Que ce soit Mutu, Arrache, Belghazouani, Eduardo, Oliech, Belghazouani ou Camara, aucun n’a véritablement marqué les esprits cette saison.


6. Sur les dernières oppositions, Ajaccio a fait de bons résultats contre Bordeaux avec notamment des buts en fin de match – un gros problème chez nous – lors des deux derniers matches au Parc Lescure… Tu penses que ce contexte peut jouer, surtout après l’élimination des Girondins en Coupe d’Europe ?

La fatigue des Bordelais et cette propension à encaisser des buts en fin de match pourraient être un avantage pour l’ACA, sauf que cette saison, on a marqué que deux fois dans les dix dernières minutes. Et encore, les deux buts ont été marqués dans la même rencontre, contre Evian et on perdait déjà 3-0 à ce moment-là, donc les Girondins ne doivent pas se faire de souci sur ce point-là.

7. A propos d’Europe… Hier on l’a encore vu, mais Bordeaux vit en ce moment une belle crise au niveau de l’image et le public déserte le stade depuis des mois. Comment tu vois ça de l’extérieur en tant que supporter d’un « petit » club ?

Je me demande surtout comment vous réussirez à remplir votre nouveau stade une fois qu’il sera construit… A l’ACA, malgré les résultats en dents de scie, le nombre d’abonnés a augmenté cette année et les travaux du stade vont permettre d’attirer encore plus de spectateurs. Ce que je ne comprends pas, c’est que les Girondins ont une base de supporters assez immense mais le stade sonne creux. Partout où je passe, je rencontre des supporteurs des Girondins. Mais je ne me fais pas de soucis, les supporteurs reviendront en même temps que les bons résultats.

8. Aux yeux du grand public, le football corse c’est surtout Bastia ; alors qu’avec deux clubs en L1, un en L2 et des bonnes équipes en National et CFA l’île est bien représentée. Ça ne te saoule pas un peu ce manque de reconnaissance ?

Si on considère Bastia comme le club de la Corse, c’est seulement par rapport à son histoire. Ils ont gagné des trophées, eu des grands joueurs dans l’effectif mais maintenant c’est terminé. Le SCB est, encore, plus attractif mais à l’ACA on a aussi des Corses dans notre effectif (Pierazzi et Cavalli) et des stars (Mutu, Ochoa). Ce qui fait encore que Bastia est vu comme N°1, c’est le public. Et force est de constater que le public de Bastia est bien meilleur que le nôtre.

9. Niveau effectif (blessés, suspendus, joueurs en forme/méforme) c’est quoi l’actu à Ajaccio ? Elle devrait ressembler à quoi votre équipe ?

De ce côté-là, ce n’est pas la joie non plus. Ronald Zubar et Benoît Pedretti sont blessés jusqu’à la fin de la saison. Ricardo Faty ne devrait reprendre l’entraînement que la semaine prochaine. Mutu, on ne sait pas trop. Une absence diplomatique ne serait pas à exclure. Du coup, en défense centrale, Perozo et Dielna (cousin de Zubar NDLR) devraient être titulaires avec Hengbart et Crescenzi sur les côtés. Benjamin André, qui avait commencé la saison en latéral, jouera au milieu de terrain. L’inconnue, c’est l’attaque. Mais en gros, l’équipe sera la même que contre Marseille (Ochoa – Hengbart, Perozo, Dielna, Bonnart – Pierazzi , C.Goncalves/Mostefa – B.André, Cavalli, Lasne – Eduardo/Tallo NDLR)..

10. Un mot sur les passages ajacciens de Cheick Diabaté et de Matthieu Chalmé ? Et sur la situation d’un ancien de chez nous qui évolue en Corse, Paul Lasne ?

Cheick Diabaté, c’est l’idole. Tout le monde a tendance à l’oublier mais c’est bien à Ajaccio qu’il a explosé ! Il revient quand il veut ! Et, si tu nous lis Cheick, sache que l’on a besoin d’un grand attaquant comme toi à Ajaccio. Reviens, juste pour une mission de 6 mois pour nous aider à nous maintenir… Mathieu Chalmé, par contre, il peut rester à Bordeaux. Sa venue, c’est un mauvais souvenir. A la ramasse physiquement, totalement dépassé, des cartons à foison, un impact offensif nul, bref à oublier !

En ce qui concerne Paul Lasne, il vient d’être élu meilleur joueur de l’ACA du mois par les supporteurs avec 55% des voix et c’est mérité. Méfiez-vous de lui car dimanche, le danger viendra principalement de lui. Ce n’est pas pour rien qu’il est notre meilleur buteur (2 buts). Si Pantaloni, Emon et Dupont le faisaient jouer en milieu relayeur, Ravanelli l’a replacé en ailier droit. Il peut donc plus facilement faire parler sa bonne frappe. Mais il n’est pas seulement l’Ajaccien qui se crée le plus d’occasions, il est aussi celui qui ne rechigne jamais aux tâches défensives. Enfin, sa conservation de balle et sa capacité à percer les défenses nous font énormément de bien.

11. Enfin, un petit prono pour dimanche ?

Je signe pour une victoire 1 à 0. A la 79ème minute Salim Arrache, rentré à la 70ème, est lancé dans la profondeur par Lasne et trompe Carrasso d’un intérieur du pied. Imparable. Cette victoire donne confiance aux joueurs qui remportent 4 matchs d’affilée et se replacent à la 11ème place avant la trêve.

12. (Question bonus) : Les valeurs et l’identité corses qu’on sort à chaque fois, mythe ou réalité ?

Réalité. Avec un petit bémol quand même : c’est moins fort qu’avant. Enfin quand on voit Lippini (ex-joueur de l’ACA NDLR) péter un plomb avec Clermont contre Angers on se dit qu’une petite réaction d’orgueil comme ça ne ferait pas de mal à l’AC Ajaccio.