Cédric Carrasso : « Le coup de fusil »

Touché par le manque de considération de la direction bordelaise à son égard pendant sa longue blessure au genou, le portier bordelais de 34 ans revient également sur ce « coup de fusil » pris à Nantes en février dernier et ses conséquences sur sa relation avec sa direction, à un an de la fin de son contrat actuel :

« C’est le moment de la blessure le plus dur (à la Beaujoire fin janvier, ndlr). Sur un geste anodin, sans contact, le coup de fusil ! […] Là, tu revois tout. Tu sais ce que ça va engendrer. Je faisais un saut de treize ans en arrière.
On passe d’une place essentielle à rien du tout ; du terrain, du jeu à un coin du vestiaire où tu ne sers à rien. Pendant quinze jours, les gens ont de la peine, prennent de tes nouvelles, certains sont aux petits soins, puis ça s’estompe progressivement pour te retrouver finalement seul. Il n’y a plus rien sinon ton ‘cocon’, et très peu de vrais amis. Tu es isolé avec un entourage médical. Le foot avance sans toi. Tu as l’impression d’être complètement à la marge, inutile. Tout, autour de toi, te fait penser à ça. Tu te rends compte que finalement tu n’es qu’un produit… Un joueur qui n’existe que par la performance qu’il apporte à son club. […] Même quand tu as beaucoup donné pour ton club, quand tu t’es blessé sur le terrain, en compétition, les dirigeants sont beaucoup moins présents. C’est malheureux, mais c’est la réalité. Toutes les réactions te font penser cela.
On devait se revoir avec les dirigeants si j’avais fait une dernière saison ‘normale’. Je n’ai vu personne… Mais je n’ai plus aucune nouvelle de qui que ce soit en haut du club. Quand j’ai prolongé (décembre 2013), on avait mis cette troisième année à certaines conditions qui n’ont rien à voir avec les deux précédentes. On va donc dire qu’aujourd’hui j’ai un contrat plus que basique et qui peut bien varier suivant mon temps de jeu. Notre accord tacite, sur la confiance passée, était qu’on se revoit en fin de saison dernière. Cette situation est décevante. […] Après sept ans au club je m’attendais à un autre comportement. Mes dirigeants ont eu une réaction banale, sans grande considération. Ils se disent sûrement : « Carrasso, il a trente-quatre ans, il vient de se faire les croisés alors on attend ». Ils doutent de moi, de mon retour. […] C’est le foot, vous êtes bien un produit. Franck Mantaux et Jocelyn Gourvennec, eux, ne sont pas étonnés ! […] A Bordeaux on oublie vite. Si pour eux (les dirigeants) je ne suis plus bon, je vais me battre pour mon coach, mes coéquipiers, tous les supporters qui m’ont toujours encouragé.

[…] Je ne cours pas après un contrat, mais je m’attendais à un autre retour. Qu’on décale mon contrat d’une saison, ou le temps de ma blessure, en se disant que ça fait sept ans que je tiens le truc, et qu’on me laisse la chance de revenir dans de bonnes conditions. Mais comme je suis tellement attaché aux Girondins, ils croient peut-être que tout cela est normal. […] Je suis étonné du comportement de certaines personnes. Je croyais avoir d’autres relations avec eux, bien plus profondes. »

Extraits tirés de l’interview de France Football daté de l’édition  FF du 9 août 2016.

Crédit photo : @zoomgirondins