Coach Ramé, fait pour durer ?

« Je pense que le maintien est assuré. Mais le devoir s’achèvera le 15 mai. Il y a trois semaines on aurait signé pour prendre 5 points en trois matches avec deux gros déplacements, à Monaco et Marseille. (…) Être entraîneur, on y prend goût, c’est un métier passionnant, mais ce n’est pas moi qui décide. Je sais juste que je suis là jusqu’au 15 mai. Je montre ce que je vaux, mais je n’ai aucune certitude. »

Des propos, tenus dimanche soir par Ulrich Ramé à l’issue du match nul (0/0) à Marseille qui assure plus ou moins à coup sûr le maintien en Ligue 1 aux Girondins, déjà assez différents de ceux prononcés il y a 3 semaines… Quand il déclarait alors : « Je ne me fais pas d’illusions pour la suite, je sais que je suis là pour huit matches avec un seul objectif, maintenir vite les Girondins en Ligue 1. Ensuite, on verra. A l’heure actuelle, je n’ai pas d’attente particulière par rapport à tout ça, je sais que j’ai une mission sur sept/huit matches, point barre ».

 
« Assurer le maintien des Girondins en Ligue 1 », voilà quelle était la mission, vitale et on ne peut plus claire, du remplaçant de Willy Sagnol. Cela n’avait, certes, absolument rien d’insurmontable – au contraire ! -, vu la situation de départ, pour « Youl », mais cela a sans doute été fait bien plus rapidement que prévu. Car avec 43 points, soit 9 unités d’avance sur le premier relégable, à 5 journées de la fin, et pas moins de 5 équipes entre le FCGB (12ème) et le GFC Ajaccio (18ème), on peut considérer les choses comme entendues.

http://www.zupimages.net/up/16/15/cyd6.jpgLe classement à l’arrivée d’Ulrich Ramé et de son staff.

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Le classement actuel.

 

Après un premier match joué la peur au ventre et qui n’avait rien arrangé (1/1 contre Bastia), et avec deux déplacements de suite, à Monaco (2ème) et à Marseille (aussi en crise, mais on connait la rivalité…), le tableau aurait pu, aujourd’hui, être bien plus noir qu’il ne l’est là pour le Bordeaux du trio Ramé – Chalmé – Espanol. Surtout pour une équipe, 19ème défense de L1 et restant dernièrement sur un 0/4 et un 1/4 subis à Toulouse (19ème) et à Reims (17ème), qui semblait donc promise à jouer son maintien contre Angers, Troyes et Lorient, ses prochains adversaires – avant… le PSG et Caen -, apparaissant désormais comme des rencontres à aborder « pour le plaisir », et pour finir le mieux (« moins mal » ?) classé possible, sachant également que finir 12ème ou 8ème cela fait quelques millions d’euros de différence au niveau des droits TV reçus en fin de saison.

Bref, le « constat », purement factuel, est que l’ex gardien de but aux plus de 500 matches avec les Marine et Blanc a déjà rempli sa mission et que, mine de rien, vu le contexte, cela n’était pas gagné qu’il y parvienne si vite. Surtout en faisant un point fort de ce qui était jusque là le domaine le plus faible : l’organisation défensive. Elles semblent déjà loin les « erreurs individuelles » sans cesse dénoncées par Willy Sagnol sur ses dernières semaines, montrant que le problème était surtout tactique et collectif, indépendamment des absences pour blessures, que Ramé déplore de la même manière que son prédécesseur.

Mais la question principale, c’est surtout : « Et maintenant ? »

 
Car si les résultats, à (très) court terme, sont là et que le fameux « choc psychologique » a, semble-t-il, plutôt très bien marché auprès des joueurs, surtout par rapport à la fin d’une « ère Sagnol » particulièrement mauvaise, la finalité n’était, évidemment, pas là pour les Girondins de Bordeaux, où personne ne se satisfait – doux euphémisme… – de la saison 2015/16 et d’un maintien obtenu à 5 journées de la fin du championnat après avoir dû virer un entraîneur et son staff, chose rarissime à Bordeaux, car ça n’allait vraiment plus. 
 
Devant repartir pas loin de zéro dans la construction d’une équipe (et pas que, mais ça c’est encore un autre problème…) pour obtenir de meilleur résultats et produire un meilleur jeu que ces 4 ou 5 dernières saisons, où des places de 6ème et 7ème auront été une norme bien trop peu enthousiasmante, le club doit trouver un coach et un staff qualifiés. Mais qui ? Ulrich Ramé, qui a commencé à passer les diplômes d’entraîneur ces dernières années et qui était, depuis quelques mois, coordinateur des équipes de jeunes des Girondins, n’a évidemment pas encore assez de vécu pour que l’on soit affirmatif sur son cas, dans un sens comme dans l’autre. Et même si son passé, peu éloigné, d’ancien grand joueur et capitaine des derniers Girondins champions de France en date a suffi à rassurer, fédérer et séduire tout le monde au club, sur un objectif immédiat, les doutes des supporters sont bien légitimes sur l’intérêt de vouloir prolonger son intérim, qui ne fait encore que débuter d’ailleurs.

Le style, rigoureux et défensif, ainsi que des choix de joueurs travailleurs et les tactiques prudentes adoptées jusque là n’ont, en effet, réellement charmé… personne. Et si c’est là la seule identité de coach d’Ulrich Ramé et du trio qu’il forme avec son ex coéquipier Chalmé et l’éducateur Espanol de loin le plus expérimenté des trois, même si le moins connu , le maintien de ce staff a de quoi faire peur, bien qu’il présente quand même le mérite, à la base, d’être complémentaire et déjà intégré au club (à l’inverse du précédent).

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Il serait tout de même hâtif, vu tout le contexte présenté en préambule, de réduire, déjà, la vision et le travail de Ramé et de ses adjoints à du simple « bétonnage » bête et méchant en les emprisonnant dans une case d’entraîneurs frileux et minimalistes sans avoir pris un minimum le temps de les voir à l’œuvre. Et si certains médias généralistes, suivant Bordeaux de loin, comme toutes les autres équipes sauf les plus… médiatiques, justement, font ce raccourci, ce n’est quand même pas nous qui allons commettre cette erreur avec notre propre club ! Ne serait-ce que par principe et par respect pour les plus de 10 ans de bons et loyaux services rendus par Mr Ramé à nos couleurs. Cela ne doit, bien sûr, pas nous empêcher, si l’austérité footballistique des premières sorties demeure identique contre Angers, Troyes et Lorient, d’être critiques et de manifester contre Ramé entraîneur. Mais dire cela, c’est l’évidence même pour un public qu’on sait exigeant, et qui acceptera mal, dans son ensemble, un « deuxième Ricardo ». A moins que les résultats et l’avenir montrent que cela n’avait fait que poser les bases de quelque chose de plus grand. C’est tout le mal que l’on souhaite à Ulrich Ramé et à son staff. Avouez que l’histoire serait belle

Mais nous n’en sommes pas vraiment là, (très) loin s’en faut. Et la vérité de l’instant c’est que Ramé a su remplir sa mission rapidement, sans convaincre au-delà du Haillan. Il s’est désormais offert 5 matches pour se révéler dans un contexte moins crispé, où la manière sera un peu plus attendue que les résultats. C’est à la fois peu, en soi, et déjà beaucoup pour celui qui, il y a seulement un mois, n’était vu que comme un sauveur de meubles éphémère. Un peu comme lors de ses débuts dans les cages bordelaises, lui le jeune venu d’Angers et lancé uniquement après les déboires de Stanley Menzo, qui a su saisir sa chance avant d’écrire la légende que l’on sait.