Depuis deux ans, avec Benoît Costil, Bordeaux s’est trouvé un capitaine

Cela n’avait pourtant rien d’une évidence, à l’époque, après le renvoi de Jocelyn Gourvennec – le coach qui l’avait convaincu de venir – et la rupture de contrat – à sa demande, par ‘loyauté’ envers JG – de l’ancien capitaine, Jérémy Toulalan, mais ça l’est aujourd’hui. Benoît Costil capitaine des Girondins de Bordeaux, c’était tout de même un choix audacieux en janvier 2018, quand… Éric Bedouet, faisant alors l’intérim entre Gourvennec et Gustavo Poyet, lui avait donné le brassard pour la première fois.

Il faut se souvenir qu’à l’époque celui qui venait d’arriver (libre) du Stade Rennais n’avait pas réalisé des premiers mois au FCGB très brillants ; loin de là. Pour l’expliquer, on parlait alors d’un collectif malade, d’un club en crise structurelle, de son ‘mal du pays’, de problèmes d’adaptation par rapport aux nouvelles méthodes d’entraînement entre Rennes et Bordeaux, d’une mauvaise intégration au groupe voire d’un rejet de la part d’une partie du public aquitain, encore attaché à Cédric Carrasso, portier des Marine et Blanc entre 2009 et 2017. Depuis, le brassard de captain et le remplacement de Franck Chaumin par Paulo Grilo comme entraîneur des gardiens du groupe pro ont métamorphosé Costil, vite (re)devenu le dernier rempart solide qu’il avait été en Bretagne et même un des meilleurs bordelais sur le terrain. 

De plus, l’âge aidant (29-30 ans à son arrivée, 32 ans à présent), ce surtout dans un groupe avec beaucoup de jeunes, Ben’ s’est affirmé, au-delà de son niveau, comme un leader pour le groupe et un relais pour les différents coaches (Poyet, Bedouet, Ricardo et Paulo Sousa). S’entendant très bien avec ‘son’ coach des gardiens, le très paternaliste Paulo Grilo ; dont il aurait très mal pris le départ quand Paulo Sousa est arrivé avec son staff ; Costil a été confirmé comme capitaine par Sousa dès la venue de ce dernier, en mars, puis encore conforté dans ce rôle cet été malgré le grand recrutement de son ami Laurent Koscielny, en provenance d’Arsenal. Kos’ n’avait, de toute façon, pas l’intention de piquer le brassard à celui qu’il a connu chez les Bleus (51 sélections en A pour le défenseur central, 1 pour le gardien de but).

Actuel leader (5.62/10, un centième de point devant Laurent Kosicelny) des notes G33, Benoît Costil présente l’avantage, en plus de son jeu complet, de sa régularité et de son leadership, d’être toujours là pour un coach, un club et des coéquipiers. Jamais blessé – ou presque -, bon coéquipier – notamment pour les jeunes gardiens qui poussent derrière, dont Gaëtan Poussin -, lucide dans ses analyses et ‘bon client’ pour les médias, le Normand d’origine, formé à Caen, est surtout le premier à vanter les supporters et à les comprendre, à défendre le projet du club (quitte à y aller très fort l’été dernier) et à dire de Paulo Sousa qu’il est le meilleur coach de Ligue 1. Et à moins qu’il soit un excellent acteur, les paroles et l’investissement semblent sincères de sa part.

Des éléments forts, qui ont sans doute compté pour la prolongation de son contrat (jusqu’en juin 2022). En effet, comme le disait l’ex défenseur du FCGB, Niša Saveljić, dans ‘Girondins Analyse‘ quand nous l’avions reçu : « Les anciens servent à cela, c’est leur rôle de transmettre ces valeurs de sérieux. (…) Le capitaine ne doit pas porter le brassard juste pour la photo. Même si il fait un mauvais match, ça arrive, il doit être crédible et légitime pour garder tout le monde en alerte, agir pour que les jeunes ne se relâchent pas« . Un portrait qui colle bien à ce qu’incarne aujourd’hui Benoît Costil aux Girondins de Bordeaux.

D’ailleurs, les deux ans de Costil comme capitaine ; sans être non plus une durée énorme ; sont la meilleure longévité d’un capitaine aux Girondins depuis bien longtemps. Ces dix dernières années – et ce pour différentes raisons (méformes, blessures, départ du club, changement de coach etc) -, ni Jérémy Toulalan, ni Jaroslav Plasil, ni Cédric Carrasso, ni Lamine Sané ou encore Grégory Sertic et Alou Diarra n’ont gardé aussi durablement et incontestablement l’étoffe autour du bras. Surtout, contrairement à ses prédécesseurs, le brassard semble rendre Costil meilleur et… lui convenir. Alors, même si les Girondins de Bordeaux sont loin d’aller très bien, ils ont au moins (re)trouvé, au fil du temps, un vrai capitaine à qui se fier et à qui se raccrocher quand le bateau tangue. C’est déjà ça…