Farnolle : « J’espère jouer à Bordeaux un jour »
Bonjour Fabien et merci encore d’avoir accepté cette interview. On va commencer, malheureusement, par évoquer le match de vendredi à Caen. Vous meniez 1-0, tu réalises pas mal d’arrêts, mais vous encaissez 2 buts en fin de match. Que s’est-il passé ?
En 2012, Clermont avait raté de peu la montée en Ligue 1 et tu avais été nommé dans les meilleurs gardiens de la saison. Depuis, l’équipe joue surtout le maintien et vit un début d’année 2014 très difficile avec 8 matches sans victoire… Comment expliquer cette irrégularité ?
Oui, c’était le bon vieux temps ah ah… même si on loupe la montée. Le groupe était fatigué, on avait énormément de blessés et, surtout, on avait un effectif de 16 joueurs valides. Ça faisait un peu juste pour une saison entière. Maintenant, depuis deux ans, il y a une perte de vitesse, un petit manque d’ambition après des montées loupées. On n’a pas passé le cap entre dire et faire en sorte de devenir une équipe du haut de tableau qui a pour ambition affichée, à tous les niveaux du club, de monter en Ligue 1.
Avant que j’arrive, Clermont avait déjà joué et raté la montée de peu. Malgré le manque de notoriété médiatique de Clermont, nous sommes attendus à tous les matches ! Le changement de coach (Régis Brouard NDLR), avec une philosophie plus joueuse mais un manque d’expérience à ce niveau, joue peut-être aussi. La Ligue 2 est un championnat très compliqué à manœuvrer, très physique. Me concernant, j’ai pour ambition personnelle d’être encore nommé dans les meilleurs gardiens et d’être, cette fois, élu pour prouver, si Dieu le veut, ma régularité au haut niveau.
Ça fait maintenant 3-4 saisons que tu es titulaire en Ligue 2. Quelles sont tes ambitions pour la suite de ta carrière ? L’été dernier tu parlais de contacts pour découvrir la L1 ou l’étranger…
Cela fait 4 ans que je suis titulaire. Je me suis imposé dès ma première année car le coach Michel Der Zakarian a su me faire confiance. Je devais même le suivre à Nantes, mais Clermont a refusé de me laisser partir car une clause avait été signée entre les deux présidents. A la fin du mercato d’été, Marseille s’est signalé, mais le nouveau coach ne m’a pas laissé partir. Là, je suis en fin de contrat et j’espère avoir la chance de partir jouer le plus haut possible. J’ai 29 ans, je me sens capable de relever tous les défis, en France comme a l’étranger ! Même si, secrètement, étant 100% Bordelais et 200% Lormontais, j’espère jouer en pro à Bordeaux un jour, auprès de ma famille, de mes amis, pour prouver ma valeur et ma détermination aux gens qui en doutaient en portant le maillot et en représentant le club qui a tant fait pour ma formation.
On dit souvent que le poste de gardien de but est un peu à part dans le foot, que l’approche du métier et la gestion d’une carrière ne sont pas les mêmes que pour les joueurs de champ. Toi qui es plutôt bien placé pour avoir un avis, qu’en penses-tu ?
Le poste en lui même est déjà à part dans l’équipe, donc les carrières sont différentes. Elles sont plus longues, moins nomades, car il n’y a pas de polyvalence chez les gardiens. Un joueur de champ peut reculer ou avancer sur le terrain en changeant de poste, nous non. Et nous n’avons qu’une place sur le terrain. Pour changer de club, il faut attendre ce qu’on appelle le jeu des chaises musicales. Il n’y a pas le droit à l’erreur, la concentration est plus importante pour un gardien que pour n‘importe quel autre joueur.
En France, on se vante souvent d’avoir les meilleurs gardiens de but, notamment car on les formerait mieux qu’à l’étranger… Tu penses que c’est vrai ou qu’on s’enflamme un peu ?
C’est un gros dossier. Moi je pense qu’avant nous étions les meilleurs en formation. Mais c’était avant. Aujourd’hui, je pense que nous n’avons pas été assez humbles pour voir ce qui se faisait à l’étranger et qui a pris un peu partout. Nous avons de moins en moins de gardiens français performants à l’étranger. En France, on fait très attention à la technique, à la prise de balle, à l’esthétique etc et pas assez à l’anticipation et aux situations d’urgence. En vrai, dans les matches, il y a trop de paramètres différents (pression, autres joueurs, ambiance, éclairage etc, sans oublier les nouveaux ballons et les divers types de frappe) qu’il faut les aborder pour faire les gestes justes une fois mis en situation. C’est l’efficacité qui doit primer.
Au Portugal, j’ai appris à bien dégager certains ballons qu’on me demandait de bloquer quand j’étais en France ! Bien dégager un ballon c’est parfois mieux que le bloquer. Aussi, je trouve qu’à force de vouloir absolument intégrer les gardiens dans le groupe, sans faire de préparation vraiment à part, on efface petit à petit le fort caractère, l’esprit différent, un peu kamikaze qui est propre à ce rôle. Mais il est vrai que les gardiens français sont propres techniquement et on été beaucoup copiés. L’étranger est venu piocher nos méthodes. Mais rien ne nous empêche de former de bons gardiens pour notre championnat, qui, avec l’expérience, sont obligés de « goaler » différemment.
Après ta formation à Bordeaux, tu es parti jeune au Portugal (Vitoria Setubal) avant de revenir dans le monde amateur girondin (Lormont, Libourne et un retour à Bordeaux) et de rejoindre Clermont en 2010. Tu n’as pas quelques regrets par rapport à ce début de carrière atypique ?
En formation, j’avais un gros caractère lol. J’étais impatient, franc, sûr de moi, kamikaze. Mélangé à ma jeunesse cela n’a pas toujours plu, ce qui est normal. J’avais les mêmes qualités et le même potentiel que maintenant, mais à l’époque on avait préféré s’attarder sur mon comportement parfois limite plutôt que sûr mes qualités. Patrick Battiston m’avait averti, mais j’avais fait autrement. C’est mon seul regret. J’ai ensuite prouvé que j’avais les qualités pour réussir quand je suis revenu aux Girondins (saison 2009/2010 NDLR). Mon parcours en amateur, surtout à Lormont, m’a appris à mûrir et à me battre pour faire de ma passion un métier. J’ai surtout appris à respecter ce sport et ce qu’il te donne. Quand on voit des copains bosser à l’usine toute la journée et le soir jusqu’à 20 heures, se défoncer, courir pour ne pas être en retard lors qu’ils ont tellement d’excuses, ça fait énormément de bien. Je suis très fier d’avoir vécu ça et vraiment content d’avoir aussi compté sur leurs encouragements, qui font partie de ma petite réussite.
Tu suis toujours les Girondins ? Tu penses quoi de l’équipe actuelle et de ton homologue Cédric Carrasso ?
Bien sûr que je suis encore les Girondins ! Je suis même à fond derrière eux, car j’ai encore des potes qui y jouent. Après, je pense que la digestion du titre de 2009 et du non titre de 2010, plus le départ de Laurent Blanc et des joueurs cadres, a été difficile et plus longue que prévu. Malgré ça, Bordeaux arrive toujours à être compétitif et à terminer européen chaque saison. C’est un signe qu’il y a de la qualité. Cédric, il est au top ! Il fait partie des cadres assumés et il le prouve a chaque match. Sur sa ligne c’est un des meilleurs gardiens de L1.
Que peut-on te souhaiter pour la fin de saison ?
Tout d’abord, qu’on se maitienne le plus rapidement possible. Ensuite, que je ne me blesse pas. Après, on verra…
Pour finir, un mot pour les supporters bordelais ?
Allez Bordeaux ! La plus belle ville du France (sans aucune objectivité ahahah) ! J’espère, bien sûr, défendre nos couleurs un jour !!!
Encore une fois, un grand merci à Fabien Farnolle pour sa gentillesse, sa franchise et sa disponibilité. Nous lui souhaitons beaucoup de joie et de réussite dans ses projets futurs et espérons le revoir bientôt.