Gourvennec à Bordeaux, le jour d’après

Si l’on s’en tient aux statistiques, en huit journées, Bordeaux c’est : 4 victoires, 3 défaites et un nul, ce qui fait un total de 13 points et une 6ème place au classement. Par opposition, l’année dernière, à la même période, le club comptait 10 points et était positionné à la 12ème place. Au niveau des chiffres, Gourvennec fait donc mieux que son prédécesseur, du moins pour l’instant, car rappelons nous que Willy Sagnol avait lui aussi connu un très bon départ avec les Girondins, en 2014.

Il y a plusieurs explications à ce meilleur début de saison. Au-delà du changement d’entraineur, ou du nouveau souffle qu’il peut apporter à une équipe blessée par une saison où la Ligue 2 n’avait plus été aussi proche depuis longtemps. 

Déjà, Gourvennec dispose d’un groupe bien différent de celui de Willy Sagnol. Il y a eu des départs, des départs de joueurs qui étaient, comme le coach le dit lui même « arrivés à la fin d’un cycle ». Pour compenser ces départs il y a eu des arrivées, mais aussi des retours. Il a ainsi vu des joueurs d’expérience intégrer son groupe (Ménez, Toulalan, Carrasso) pour encadrer des jeunes qui ne sont plus des novices en Ligue 1 puisqu’ils disputent leur deuxième saison. Des jeunes dont l’avenir n’est plus incertain puisqu’ils ont tous prolongé avec le club cet été (Ounas, Vada, Prior, Guilbert). Dans la catégorie des jeunes, le nouveau coach bordelais profite surtout d’un Malcom qui fait un début de championnat tonitruant. Déjà auteur de 3 buts, dont un splendide coup-franc contre Saint-Étienne, le Brésilien est dans tous les bons coups offensifs, et son entente avec Ménez et Rolan fonctionne. 

On le savait pour l’avoir vu officier avec l’EAG Guingamp, et en tant qu’ancien numéro 10, Jocelyn Gourvennec est un adepte du 4-4-2. C’est un système qui favorise l’équilibre d’une équipe tout en permettant une transition plus rapide entre défense et attaque à la récupération du ballon. Le 4-4-2 permet à la fois une bonne couverture de terrain en défense avec les fameuses deux lignes de quatre mais donc aussi de se projeter rapidement vers l’avant. Un système parfaitement adaptable avec les joueurs rapides dont il dispose, comme Malcom, Ounas ou Ménez. On l’a d’ailleurs vu à Metz, où les contres-attaques bordelaises ont fait mouche. Mais il n’est pas figé sur ses positions. Ce qui s’est passé avec les gardiens en est le parfait exemple. La logique a voulu qu’il choisisse Prior comme titulaire aux dépens de Carrasso qui revenait juste. Néanmoins, n’étant pas satisfait des performances du jeune homme et malgré ses discussions avec lui, il n’a pas hésité à remettre Carrasso dans les buts sans attendre. Bien lui en a pris puisque ce dernier est aujourd’hui en tête au classement des gardiens de Ligue 1

L’état d’esprit semble aussi avoir changé depuis son arrivée. Le mot d’ordre est le plaisir. Plaisir à l’entrainement, plaisir pendant les matchs, le football vu comme un métier mais aussi comme un divertissement qui doit amener du bonheur aux gens et les faire revenir au stade. Les joueurs tiennent tous le même discours. Au delà du traditionnel « le groupe vit bien » ils disent tous être heureux ensemble, comme une famille. 

Cependant, il serait trop simple de ne sortir que du positif de ces 8 premiers matchs car on a également pu voir des restes des failles de l’an dernier, comme lors de la déroute à Toulouse, où l’équipe a tout simplement sombré après avoir encaissé 2 buts en 10 minutes et où le manque d’engagement sur les coups de pieds arrêtés a été criant. 


Contre Angers et Caen, aussi, où les Bordelais ont été incapables de trouver la solution face à des équipes bien en place, et pas question de se cacher derrière l’état de la pelouse. Car, à Paris, la pelouse était impeccable, mais les joueurs n’ont pas existé. Au-delà du talent des joueurs parisiens, on a retrouvé ce Bordeaux perdu, celui qui se dit qu’il est vaincu d’avance et qui regarde l’adversaire jouer. On dit souvent que se sont les joueurs qui font vivre un système, mais force est de constater que le passage en 4-3-3 a clairement été un échec. La défaite à Paris est donc à mettre au (dis)crédit des joueurs, mais aussi de l’entraineur. 


Il reste donc encore beaucoup de travail à Jocelyn Gourvennec pour guérir les cicatrices de saisons compliquées mais, que ça soit dans la forme ou dans le fond, on peut être globalement satisfait de ce qu’il fait au club pour l’instant. Il a désormais deux semaines pour préparer le match à Rennes, où il faudra impérativement rebondir pour ne pas être décroché du haut de tableau.