Khadija Shaw must go on !

Peu de but encaisses mais peu de but marqués. C’était un constat fait, en fin de saison dernière, par la meilleure passeuse de l’équipe, Claire Lavogez (7 caviars), alors que les Bordelaises s’apprêtaient à finir 4èmes de Division 1, en ayant lutté jusqu’au bout pour le podium ; objectif déclaré de 2019-20. Le message de la N°8 – qui a depuis prolongé son contrat – a visiblement été compris par la direction, car pour passer le cap offensif et continuer encore de grandir, les FCGB Girls ont offert à Viviane Asseyi (12 buts en 2018-19) des coéquipières de choix : Ouleymata Sarr et surtout Khadija Shaw.

Recrutée début juin, l’attaquante de 22 ans jouait auparavant aux États-Unis, en faveur de l’Eastern Florida State College et des Tennessee Volunteers (des équipes universitaires), puis en faveur du Florida Krush. Auréolée d’une belle réputation de buteuse, notamment avec sa sélection de Jamaïque, pour laquelle elle avait marqué 19 buts (un record) lors des éliminatoires pour le mondial 2019 en France, Shaw a pu être découverte par le grand public lors de ce grand tournoi, juste après l’annonce de sa signature à Bordeaux (contrat de 2 ans). Si la Jamaïque, pour sa toute première participation, a été éliminée dès le premier tour avec 3 défaites en autant de matches – et n’a d’ailleurs toujours pas… payé ses représentantes, qui donc s’en plaignent très logiquement -, le jeu de sa vedette n’est pas passé inaperçu. Le bon coup se devinait pour les Girondines

 

Confirmation dès les matches amicaux (5 buts en 5 matches), mais surtout dès les premières journées de la nouvelle saison de D1 (déjà 4 buts en 2 matches, pour deux doublés contre Fleury (4-1) et à Dijon (0-3). Forte physiquement, pour des remises et du jeu en pivot, sans parler des duels et de la conservation de balle, la N°9 bordelaise au parcours personnel délicat (enfance au milieu des guerres de gangs, plusieurs membres de sa famille assassinés) profite aussi de son 1m80 pour avoir un bon jeu de tête et de son gabarit puissant pour se permettre des frappes lourdes. Mais Shaw, qui a appris le football tôt, dans la rue, en se frottant aux garçons, si elle n’a pas une technique infaillible, n’est pas qu’une force de la nature, comme l’ont déjà montré ses buts : rapide, efficace dans son sens du jeu et des déplacements, ayant le flair pour se faire oublier et être là pour conclure sans superflu, elle semble avoir tout ce qu’il faut pour rester dans les meilleurs buteuses de la Division 1, avec les stars comme Ada Hegerberg, Valérie Gauvin, Kadidiatou Diani, Eugénie Le Sommer, Marie-Antoinette Katoto et ses coéquipières Ouleye Sarr et Vivi Asseyi, buteuse à 1 reprise chacune en D1. 

« Avant de venir, je ne savais pas grand-chose de Bordeaux, mais j’en ai beaucoup parlé avec mon agent, qui m’a parlé du projet que Bordeaux voulait développer et ça m’a immédiatement intéressée. Moi, je suis une joueuse qui joue très simplement quand je suis en positon d’attaque, je joue simple pour essayer d’être efficace, ça dans ce que je fais. Avec les autres, nous avons des styles de jeu différents, mais chaque jour on s’entraîne pour essayer de bien combiner et faire de notre mieux pour réussir à créer des occasions pour l’équipe. Moi, je cherche à marquer le plus possible et à créer le plus d’occasions possibles aux autres, ce ne sera que bénéfique pour l’équipe. » déclarait récemment la concernée au club, la jouant plus modeste que ce que ses références pourraient laisser croire.

Son de cloche légèrement différent du côté d’Asseyi, qui expliquait sur Canal + à quel point la Jamaïcaine l’impressionnait. Au point d’accepter – comme elle le fait avec la France – de jouer davantage sur un côté, tout comme Sarr, pour laisser l’axe et la plupart des stats à Shaw ?

« Pour moi, Khadija est une grande joueuse, notamment par sa taille, déjà. C’est un très bon point d’appui pour nous. Mais elle a aussi une qualité technique et physique assez particulière. Physiquement, c’est un monstre. On le voit toutes à l’entrainement, elle bouge tout le monde. Mais c’est une très bonne joueuse et tant mieux pour nous, parce que je pense qu’elle va nous faire du bien. »

En attendant de voir comment ce trio d’internationales évoluera, Khadija ‘Bunny’ (son surnom de jeunesse venu de son adoration pour… les carottes) Shaw semble déjà se placer comme la nouvelle tête de gondole des FCGB Girls. Celle qui pourra aider les Girondins de Bordeaux au féminin a atteindre leurs grands objectifs.

Quant à sa trajectoire personnelle, si elle continue à être ascendante, Bordeaux ne sera probablement qu’une étape (malheureusement)…

« Elle a toujours voulu être une n°10, mais je pensais qu’elle devait être une n°9. Parce que les défenseures ne peuvent pas l’arrêter. (…) En France, ce sera plus technique. C’est très bien pour elle, puisque c’est une joueuse technique et cérébrale. J’ai le sentiment qu’elle peut aller très, très haut. J’ai hâte de voir où elle sera dans quatre ans. » argumentait Brian Pensky, son coach de l’équipe universitaire de soccer des Tennessee Volunteers (USA), dans So Foot.

Il n’aura peut-être pas besoin d’attendre quatre ans pour voir sa protégée aller « très, très haut ». L’arme n’est déjà plus vraiment secrète

Pour voir Khadija Shaw et les Girondines à l’oeuvre, dans un choc contre Montpellier (J3 de D1), ça se passe après-demain (samedi), à 14h30, au stade Sainte-Germaine du Bouscat (places au tarif unique de 5€).

Allez vous faire une idée !