La dernière provocation des Nantais, une vérité qui blesse ?

Déjà, lors de leur rencontre à domicile précédant le déplacement à Bordeaux, les Ultras du FC Nantes avaient déployé une banderole visant à chambrer les supporters bordelais qui désertent leur stade depuis des mois.

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Indépendamment ou en réponse à cette banderole – à la limite peu importe – les Ultramarines, lors du match contre Montpellier, précédant la réception du FCN, avaient déployé la banderole suivante, incitant les amoureux du FCGB à venir encourager leur équipe pour le retour du Derby de l’Atlantique. Un premier aveu assez triste… Car il est bien anormal, et donc révélateur, qu’une telle banderole appelant son propre public à se manifester pour une telle affiche contre un rival doive être sortie par le principal groupe de supporters. Ailleurs, les supporters – quoi qu’on puisse en dire de certains – n’ont pas besoin de ça pour remplir leur propre stade !

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Au moment du match, la triste démonstration a, malheureusement, continué… Visiblement, la Brigade Loire a été davantage suivie par les supporters nantais que les UB87 par les supporters bordelais, puisque si l’affluence de plus de 24 000 personnes pour ce match était assez nettement supérieure à ce qui se fait en ce moment au Parc Lescure/stade Chaban-Delmas, c’était sans doute davantage grâce aux 2 000 « Canaris » présents dans la zone « visiteurs », étendu sur une grande partie du virage nord pour l’occasion, et aux nombreux supporters nantais présents dans le reste du stade et reconnaissables à leur maillot jaune, qu’à la mobilisation, somme toute bien timide, des supporters bordelais. Ces derniers ne pouvaient pourtant pas évoquer le manque d’enjeu sportif ou les derniers mauvais résultats, vu que Bordeaux venait d’enchaîner 7 journées de L1 sans perdre et d’aller gagner à Nice, revenant ainsi à portée de tir du premier tiers du classement et de la zone européenne…

Si on pouvait donc s’attendre (à tort) à voir plus de Bordelais, la venue en masse des Nantais était, elle aussi, prévisible. Tandis que l’affluence habituelle du stade des Girondins cette saison tourne environ à 15 000 spectateurs en moyenne (soit environ autant que Nantes la saison dernière… La 4ème de suite en L2), le Stade de la Beaujoire est, pour sa part, très bien garni ! Un contexte propice, pour les Nantais avant de sortir cette dernière banderole, lors du match de dimanche, et de se moquer une nouvelle fois du manque d’engouement criant de leurs rivaux Bordelais, accusés de ne pas s’intéresser à leur club.

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Le pire dans l’histoire, c’est que les faits leur donnent raison… Et si le FCN a gagné le match sur le terrain, dans un duel à 11 contre 11 pendant 90 minutes, il a aussi gagné la bataille plus globale des tribunes. Un secteur où les Bordelais ne sont, malheureusement, plus présents depuis longtemps, faisant que le FCGB compte moins d’abonnés que des clubs moins réputés comme Guingamp, Rennes, Lorient, Bastia, Montpellier ou même encore Valenciennes et ce malgré une politique tarifaire parmi les plus avantageuses des 20 écuries de Ligue 1.

Contre Nantes, la déroute la plus sévère n’a donc peut-être pas été sur le terrain, malgré le score… Et le choc risque d’être encore plus grand pour le prochain match d’Europa League entre les Girondins de Bordeaux et l’Eintracht Francfort. En effet, les Allemands, qui étaient déjà plusieurs milliers à Nicosie et à Tel-Aviv devraient, selon les dernières informations de Sud Ouest (notamment), être entre 8 et 11 000 à faire le déplacement à Bordeaux, le jeudi 28 novembre prochain, pour le compte de la 5ème journée des phases de poules.

Sachant que les affluences contre le Maccabi Tel-Aviv et l’APOEL Nicosie lors des précédents matches du groupe ont été seulement d’environ 8 et 10 000 spectateurs, et qu’il a même fallu que les Quick de l’agglomération girondine donnent gratuitement les places pour atteindre la barre des 10 000, la langue de Goethe risque donc d’être bien davantage parlée que celle de Molière sur et aux abords du stade. Et les visiteurs nettement plus nombreux que les locaux…

Un comble, surtout en Coupe d’Europe, et une nouvelle humiliation à prévoir, pour ce qui risque d’être, sauf si Bordeaux parvient miraculeusement à se qualifier pour les 1/16èmes de finale à l’issue de cette phase de groupe et/ou à se qualifier pour l’Europe à l’issue de la saison en cours (on voit mal comment dans les deux cas), le tout dernier match européen de l’histoire des Girondins de Bordeaux au Parc Lescure.

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Rassurons nous comme on le peut encore : Le FC Girondins de Bordeaux est sans doute un grand club, a défaut d’être aujourd’hui une grande équipe sur le terrain… Mais force est de constater que le public bordelais est, lui, bien plus grand pour ce qui est de se plaindre sur le net et rester dans son canapé à critiquer que pour se mobiliser derrière son équipe, surtout dans les moments « difficiles ».

On relativisera tout de même le terme difficiles (d’où les guillemets), cela serait encore plus capricieux, et même limite indécent, quand on sait que les clubs du FC Nantes et de l’Eintracht Francfort, pris ici en exemples au vu de l’actualité sportive, ont connu des moments autrement plus difficiles que Bordeaux depuis 2009, avec en point d’orgue la D2 ; pendant 4 ans pour Nantes, en 2011/2012 pour Francfort… Sauf que, eux, n’ont pas perdu pour autant le soutien populaire, ou, au moins, dans le cas nantais, pas autant que Bordeaux en ce moment.

L’ironie du sort, au final, c’est que, normalement, ce sont les supporters adverses qui devraient, majoritairement, être « envieux » des bordelais, à la fois pour la stabilité du club, mais aussi pour la présence régulière des Girondins dans le haut du tableau, dans les palmarès récents (cf : le doublé Coupe de France – Coupe Gambardella gagné il y a à peine 5 mois) et dans les Coupes d’Europe qu’ils considèrent, eux, avec un tout autre regard.

Mais bon, à Bordeaux, plus qu’ailleurs, on préfère se plaindre sans arrêt et dire qu’on ne « cautionne pas » quand cela va mal… C’est tellement plus facile.

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