La métamorphose de Nicolas de Préville

« Vaillant mais décevant », c’est ainsi qu’on avait titré le bilan individuel de la saison 2018-19 de Nicolas de Préville. Un bilan plutôt négatif donc, mais adouci sur la fin, puisque l’ancien lillois avait terminé sa saison par ses meilleurs performances depuis sa signature au FCGB, fin août 2017. Environ 2 mois après la publication de ce bilan – qui se terminait sur une touche d’espoir : « Paulo Sousa a dit qu’il le voyait marquer au moins 10 buts en 2019-20. Grosse cote ! Mais sur ce que De Préville a montré depuis que le Lusitanien est là, on a encore le droit d’y croire. Ça ne coûte rien. » -, le N°12 bordelais a confirmé qu’il était devenu un tout autre joueur sous les ordres  de Sousa, arrivé en mars et qui immédiatement su utiliser les qualités (oubliées) de De Préville que sont le jeu entre les lignes et la faculté à jouer vers l’avant.

« Nico est un vrai exemple pour nous aujourd’hui. Tous les joueurs doivent être ambitieux, courageux, avec l’envie de gagner les matches, et lui représente bien tout ça » a notamment déclaré coach Sousa en conf’ de presse, ce jeudi. Sur les valeurs morales, dur de donner tort à l’ex technicien de la Fiorentina, car NdP a dû s’accrocher pour s’imposer – même s’il faudra attendre encore un peu pour vraiment dire qu’il s’est finalement imposé -. Mais celui qui ; plombé par deux premières saisons ratées à Bordeaux ; n’a encore marqué que 9 buts (+ 7 passes décisives données) en 67 matches au FCGB est actuellement le meilleur atout offensif d’une équipe… en crise.

C’est là tout le paradoxe, car l’ex espoir d’Istres et de Reims, âgé de 28 ans, tire son épingle du jeu et se comporte en leader au moment où les résultats sont plus mauvais que jamais : 7 défaites, 2 victoires et 3 matches nuls depuis l’arrivée de Paulo Sousa, le coach qui l’a relancé. Tellement bon sous les ordres de Sousa ; dont il semble presque le seul à avoir compris le style de jeu sophistiqué et les principes de jeu nobles même si peu efficaces à court terme ; De Préville a même de grandes chances de dépanner comme… milieu relayeur tant que les recrues réclamées par l’entraîneur à ce poste n’arrivent pas.

« Le coach m’a dit d’entrée qu’il croyait beaucoup en moi et il compte encore beaucoup sur moi. Et c’est vrai que, de sentir qu’on a besoin de moi, ça me fait du bien. Je joue plus avec lui et j’ai plus de responsabilités, il me demande d’encadrer les joueurs autour de moi car il pense que j’ai très bien compris ce qu’il demande. Alors j’essaye au mieux d’amener ça à l’équipe, et si moi j’arrive à être performant je vais aider les autres joueurs à être bon » a résumé le joueur face à la presse, avant Dijon – Bordeaux (3ème journée de la Ligue 1 2019-20). « Nico manquait de confiance, comme d’autres. Il ne savait pas ce qu’il devait faire sur le terrain. Ce n’était pas clair pour lui. Aujourd’hui, il sait ce qu’on attend de lui » a même complété le mentor Sousa à propos de son disciple inattendu.

3 fois buteur sur les 6 derniers matches de championnat qu’il a joué et 3 fois buteur lors des matches amicaux de l’été, le polyvalent Nicolas de Préville, qui n’est plus qu’à 1 but de la barre des 40 réalisations en Ligue 1, est décidément un joueur surprenant. De ceux qui ne peuvent pas être mis dans des cases au niveau du jeu tant leur jeu n’est pas fait pour briller d’abord individuellement. Ainsi, c’est quand le jeu se veut le plus complexe, porté par un entraîneur au romantisme assumé mais aux résultats pour l’instant dramatiques, que le natif de Chambray-lès-Tours redore son blason, au moment où on l’attendait le moins. Un chemin en décalage, mais qui place à présent Nicolas de Roussel de Préville en homme de base de Girondins en détresse.

La roue a tourné du bon côté pour lui. Pourvu maintenant qu’elle finisse par tourner du bon côté pour toute l’équipe. Afin que Nico et Paulo ne soient plus les seuls à (se) comprendre. Et que tous entrent dans leur monde.