Les supporters, au cœur de la communication de Paulo Sousa

Dire du bien du public en général, et notamment de celui du club qu’on entraîne – même si certains coaches en disent parfois du « mal » quand ils trouvent les fans trop sévères -, c’est une évidence pour un technicien ; tout comme pour les (anciens) joueurs, dirigeants et observateurs. Simple question de respect et de considération à avoir pour ceux qui payent et font l’effort de venir garnir des stades qui seraient – par définition – vides sans eux. Question aussi, peut-être, d’admiration pour ceux qui viennent de manière régulière – pour ne pas pas dire systématique -, à domicile comme à l’extérieur, par passion et dévotion en animant les tribunes avec ferveur, afin de représenter leur club et leur ville. Simple question de bon sens aussi, car se mettre les/ses supporters à dos dans sa communication, et ce même si on n’est pas forcément très sensibles à leur présence, n’est jamais très malin. Simple question d’humilité, au minimum, car si les acteurs du football pro en vivent, c’est bien car il y a des (télé)spectateurs pour dépenser de l’argent et faire tourner l’industrie.

Dire du bien du public, Paulo Sousa ne manque évidemment pas de le faire, mais le Portugais le fait avec une telle récurrence et de tels angles qu’il nous semble intéressant de revenir dessus, car les supporters sont vraiment un point central de sa communication, qu’il évoque dans beaucoup de conférences et d’interviews.

Lors de sa conférence de presse de rentrée, aux Chartrons, l’ancien grand milieu de terrain défensif de la Juventus de Turin et du Borussia Dortmund l’a encore abordé. « Nos supporters doivent prendre plaisir à voir notre équipe, pour vouloir venir remplir plus notre stade. On veut qu’ils viennent pour galvaniser et pour presser nos joueurs, afin d’arriver aux résultats les plus élevés possibles. (…) Je veux donner à tous nos supporters et à tout le monde du foot l’image d’une équipe capable d’arriver au même niveau de l’histoire de ce club. Comme je l’ai dit avant, il faut leur donner le plaisir d’aller au stade à chaque fois, à domicile et à l’extérieur, car ils doivent sentir qu’ils verront sur le terrain toutes les valeurs qu’ils ont. Mais pour ça, il nous faut encore des joueurs… » a-t-il notamment analysé.

Technicien « romantique » assumé dans sa vision du football, Sousa n’en était pas vraiment à ses premiers mots aimables envers le public. Dès fin mars et sa première interview d’entraîneur des Girondins, donnée au club, il affirmait : « Je dis toujours que les supporters sont le plus important de toutcomme où est-ce que l’équipe arrivera. Et après, ensemble, on va arriver à avoir des résultats« . Quelques jours plus tard, après un 0-0 à Amiens, dans un stade de la Licorne rempli mais pourtant pas le plus bouillant qui soit, le Lusitanien récidivait : « Je voudrais féliciter les supporters venus au stade. Tous. Non seulement les nôtres, qui sont arrivés nombreux pour beaucoup nous aider et donner tout le cœur qu’ils ont pour notre équipe, mais aussi ceux d’Amiens. Il y avait une très belle atmosphère et je crois que, pour moi, pour vous (journalistes) et pour les joueurs, conserver une telle ambiance dans un stade est la meilleure contribution que les supporters peuvent donner au foot« .

Peu de temps après, en amont du match contre… Marseille (2-0), où les supporters et surtout les Ultramarines avaient joué leur rôle à fond en venant au Haillan la veille du match et en mettant l’ambiance dès l’arrivée du bus au stade le jour J, Paulo Sousa expliquait : « Ça ne doit pas nous donner peur de jouer, mais plutôt donner de l’enthousiasme, de la motivation, pour offrir à nos supporters et à notre ville de quoi être fier. (…) Nos ultras et nos supporters ont déjà la passion, car ils ont un sens d’appartenance. Après, pour séduire plus de supporters et les attirer au stade, il y a certes les résultats à améliorer, mais notre équipe doit aussi avoir ce sens-là, de l’appartenance, cette culture dont je parle beaucoup, le fait de faire partie de la famille de Bordeaux, de notre club. (…) Pour moi, entraîneur, mais aussi pour vous, journalistes, et pour les joueurs, je crois que c’est très bien de garder des stades plein de supporters. Pour l’image du foot français aussi, c’est important, car ça peut faire écrire des mots positifs ou négatifs. Alors à nous tous d’améliorer cet aspect, pour plaire à nos supporters et aux supporters en général ».

Mis bout à bout, les dires de Paulo Sousa sur les supporters, semblent donc bien plus que de la comm’ pour flatter le public. Apprécié de l’ensemble des supporters, malgré des résultats pour l’instant négatifs (2 victoires, 2 nuls et 6 défaites… de suite), Sousa le doit notamment à son discours général sur le jeu et la mentalité, mais aussi à l’importance du rôle qu’il donne au public et au fait de devoir le rendre heureux et même de s’en inspirer au niveau des valeurs. L’ex entraîneur de la Fiorentina et du FC Bâle, au-delà de simplement dire merci aux fans pour leur soutien, semble saisir qu’une « alchimie » – c’est son mot – est à créer entre acteurs sur le terrain et acteurs en tribunes. « Je dis toujours que les fans ce sont les plus importants de tous. Ensemble, on doit arriver à créer une alchimie avec les supporters pour avoir de bons résultats. Je veux voir une équipe qui sera le miroir de notre ville : heureuse, belle, jouant bien, qui donnera tout tous les jours, en étant protagoniste » s’enflammait-il à son arrivée, livrant alors son beau credo. Alors, s’il arrive à faire comprendre ça aux joueurs qu’il entraîne, les choses ne peuvent qu’aller mieux pour qu’on puisse enfin revoir un FCGB plaisant.

En tout cas, on comprend mieux pourquoi avec les Ultramarines « le courant passe très bien » dixit Florian Brunet (porte-parole des UB 87)… 

Nous ne savons pas si, dans sa jeunesse (et peut-être même encore maintenant ?), Paulo Sousa était (est ?) lui-même supporter d’un club, mais le natif de Viseu a le chic pour comprendre les supporters et voir leur utilité, en faisant aussi passer à ses joueurs le message qu’ils ne jouent pas que pour eux quand ils portent le maillot d’un club. Mine de rien, tous ne l’ont pas/plus forcément assimilé dans le monde du foot. Notamment (surtout ?) en France.