Triaud – Dugarry : l’école est finie ?

Se clashant depuis des mois, voire des années, par médias interposés, concernant la situation du club bordelais, le président du FCGB et l’ancien attaquant international des Marine et Blanc, formé au club, ont eu, lundi, l’occasion de débattre directement, sur RMC, où « Duga » anime sa nouvelle émission depuis peu. Mais le débat a trop vite pris la forme d’un règlement de comptes, ou plutôt d’un procès avec Dugarry dans le rôle du procureur et Triaud dans le rôle de l’avocat.

Les choses auraient pu (dû ?) en rester là, si JLT, le lendemain, sur GOLD FM, n’avait pas fait un débrief assez cinglant de sa discussion avec le champion du monde 98 :

« Non, ça n’a pas été trop chaud avec lui, mais ce que j’aimerais, quand on invite un Président, c’est qu’on écoute ses explications. Dugarry, j’ai beaucoup d’affection pour lui, je le respecte. Il a des opinions, et il démontre ses opinions avec des faux arguments, c’est ça que je trouve extraordinaire, mais je ne veux pas rentrer dans le débat sans lui. Il dit ce qu’il veut, mais quand il pose des questions il faut qu’il écoute les réponses et puis qu’il les analyse avant de les rejeter sans y réfléchir. Or, il rejette tout parce qu’il n’y a que sa version qui est la bonne et je trouve que ce n’est pas normal, car quand on invite quelqu’un ce n’est pas pour lui faire une leçon que je devrais écouter, c’est pour m’entendre moi, pas lui ou ceux qui sont en plateau avec lui.

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Je pense que Christophe devrait se rappeler aussi que le football est un peu compliqué. Il a peut-être oublié qu’en 1996, quand il joue la finale de l’Europa Ligue, ils se battent sur les deux derniers matches pour éviter la relégation en D2, avec cette équipe extraordinaire, et on termine 16èmes. Donc je ne sais pas ce qu’il a connu comme heures de gloire avec Bordeaux. Il en a connu surement beaucoup, mais lui, le seul trophée qu’il ait gagné aux Girondins c’était une Coupe de la Ligue en 2002. Donc voilà, il a des opinions très tranchées, des démonstrations qui ne sont pas toujours convaincantes, et il n’écoute pas ce que je lui dis. Hier, simple exemple, je lui dis qu’on fait jeu égal contre les meilleurs, mais qu’on est moins bon contre les équipes de bas de tableau. Il me répond que c’est facile de faire jeu égal avec les meilleurs. Ah bon ? Alors comment ça se fait que Monaco ait fini troisième ? Si c’était si facile que ça de les battre, comme on l’a fait deux fois, ils auraient dû finir derniers ?

Après, il me dit qu’en Europa Ligue, on est parfois en compétition avec des équipes qui ont des budgets très inférieurs aux nôtres… Je lui dis que non, ils ne sont pas très inférieurs aux nôtres, justement. Ils le sont en apparence, mais les joueurs sont payés nets d’impôts, logés, ont des voitures gratuites. Et là, il me dit que c’est parce qu’ils ont des voitures fournies par le club qu’ils jouent mieux que nous… Ce n’est pas ce que j’ai dit. J’ai seulement répondu sur le budget. Car si on rajoute tous ces avantages que ces joueurs perçoivent dans un pays comme Chypre, financé par beaucoup d’entreprises russes, cela remet les choses en perspective quant au fait qu’ils ont, finalement, les mêmes budgets que nous, car pas les mêmes conditions, les mêmes charges, la même fiscalité. Grâce à cela, ils peuvent attirer des joueurs espagnols, brésiliens, argentins, qui sont mûrs, avec de belles carrières. Et ils ont donc peu de joueurs chypriotes. Mais on arrive quand même encore à se qualifier… On avait perdu à Nicosie mais après on avait éliminé Larnaca. Pas largement, certes… Mais vous savez, à l’époque de Christophe, avec une très belle équipe, on joue une demi-finale de Coupe de France contre Calais, qui est en CFA, et on se fait éliminer. Nous, comme d’autres, connaissons parfois des mésaventures. C’est le problème du football, car dans aucun autre sport ça ne se passe de cette façon-là, avec autant d’incertitude. Voilà… Mais je ne suis pas là pour faire une émission sur Christophe Dugarry, et encore une fois je l’aime beaucoup, il ne faut pas se tromper de débat. Mais si on veut débattre, il faut écouter les arguments des autres et ne pas rester figé sur une posture, avec des conclusions qui sont souvent un peu fallacieuses. »

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Ces remarques de Triaud sont, évidemment, remontées jusqu’aux oreilles de Dugarry, qui, toujours sur RMC, a d’abord fait mine de calmer (un tout petit peu) le jeu…

« On s’apprécie avec Jean-Louis, mais on est tellement loin l’un de l’autre, nos avis sont tellement différents sur le foot, sur les Girondins, qu’on n’arrive pas à s’accorder, donc on se chamaille… Je n’ai pas trouvé que ça avait chauffé entre nous, mais c’était une discussion pas très enrichissante… Et qui a confirmé que l’on n’était vraiment pas d’accord. Il reste figé sur sa position, il n’écoute absolument pas les observations des uns et des autres. Il peut ne pas être d’accord avec mes observations, mais qu’il écoute. Nos querelles elles datent d’il y a au moins quatre-cinq ans. Lui fait une analyse purement footballistique, au niveau des résultats, alors que j’ai bien compris que s’il gagnait le dernier match de la saison dernière, ils sont septièmes plutôt que onzièmes, que face au PSG ils font deux fois match nul, et que comme ils ont le septième budget, tout va très bien. J’ai bien compris cela. Sauf que pour moi, le problème aux Girondins n’est pas là, pas dans les résultats. Le problème c’est que le stade est à moitié vide parce que les gens ne veulent plus y aller, parce que le spectacle est catastrophique

La CFA descend, mais ce n’est pas grave, le partenaire KIA est parti après dix ans, mais c’était prévu qu’il parte… Tout va bien. Je sais très bien que le sport c’est le sport. Une année on peut finir 14ème ou finir 6ème, j’ai bien compris. Le problème, pour moi, il est beaucoup plus global, il est dans la gestion globale du club. Quand je vois que ce club a 180 employés… Ce sont des questions qui m’interpellent, je n’attends pas de savoir qu’un club chypriote donne des voitures gratuites parce qu’il paye moins d’impôts… Ça ne m’intéresse pas. Mais si lui veut défendre ça… De toute façon, je ne m’exprimerai plus sur les Girondins de Bordeaux parce que ça n’intéresse plus personne. Il est sur sa position, je suis sur la mienne, je ne suis absolument pas d’accord avec lui mais ce n’est pas bien grave, je suis très content de voir que tout va bien aux Girondins de Bordeaux, que tout se passe hyper bien, que le football est très agréable, que c’est redevenu un club avec de l’ambition, qu’il y a des grands joueurs qui sont arrivés, que le stade va se remplir… C’est vraiment un club incroyable et on a hâte d’aller à nouveau, dans ce stade fabuleux. »

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… avant de relancer la guéguerre d’égos en se permettant des remarques assez désobligeantes envers d’autres dirigeants du FCGB, quand un supporter, par téléphone (un gars de chez nous puisqu’il s’agissait de Marc de Girondins Analyse en l’occurence…), a voulu lui dire qu’il exagérait parfois un peu dans ses observations :

« Mais ce n’est pas un directeur sportif Ramé… Ramé, avant d’être entraineur, il était responsable de la performance. Pour moi, Ulrich Ramé est là par défaut. Il a été directeur de la performance, puis entraineur parce qu’on ne savait plus qui mettre, et, le truc à pas faire, on l’a mis directeur sportif. Ok. Malgré toutes mes critiques, je suis à peu près convaincu du bon choix du recrutement qui a été fait, avec Gourvennec, Toulalan et Ménez. On va voir si ça porte ses fruits, mais moi je pense que le problème des Girondins est bien plus global que la performance à court terme. Pour moi, le problème est bien plus compliqué que le classement, la place à laquelle ils finissent. Pour le directeur sportif, Jean-Louis pense que ce n’est pas nécessaire, que c’est lui le directeur sportif… Il pense qu’il connait extrêmement bien le football, qu’il peut être directeur sportif, président, entraineur, enfin pratiquement tout quoi…  Quant à De Tavernost, il aurait repris les choses en mains, mais il y comprend quoi au football ? »

Si l’exagération, la mauvaise foi et la gaminerie sont présentes des deux côtés, tant chez Dugarry que chez Triaud, la violence des saillies verbales de « Duga » nous interpelle cependant davantage. On se souvient qu’en 2011, date qui colle à celle que donne Dugarry pour expliquer son opposition avec Triaud, l’ex joueur de Bordeaux, Marseille et du Milan AC avait surpris son monde en faisant, à demi-mots, une déclaration de candidature pour succéder à JLT.

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Depuis, il a très largement fait machine arrière, répétant qu’il n’avait pas envie de travailler dans le foot, sinon comme commentateur/consultant, et allant même jusqu’à dire, en mars dernier, que s’il ne voulait pas reprendre les Girondins c’est « Parce qu’(il) aime trop (sa) vie, à profiter de (sa) région bordelaise, à partir en vacances ».

On se rappelle aussi que Jérôme Bonnissel, ancien équipier de Duga sous le maillot Marine et Blanc, mais surtout ancien directeur de la cellule de recrutement du FCGB, parti pour des désaccords avec… Triaud, avait pourtant davantage pris le parti de ce dernier, en mai dernier, reprochant au double buteur du fameux Bordeaux/Milan de 96 de donner beaucoup de lecons dans le vide… et par intérêt(s) personnel(s), direct(s) ou indirect(s) :

« Qu’il arrête de nous prendre et de nous faire passer pour des cons et qu’il nous dise précisément ce qu’il a derrière la tête. Devenir président ? Placer un copain au poste de directeur sportif ? Pour moi, il n’en a pas la compétence. On dirait que Christophe Dugarry monopolise le « girondisme », l’amour de ce maillot. Ce que j’entends de lui, c’est surtout beaucoup de critiques et seulement les contours d’un pseudo projet. Aujourd’hui, la place est libre. Je suis son supporter inconditionnel pour qu’il devienne directeur sportif des Girondins. Je veux le voir à ce poste. Et quand il y sera, je me mettrai à sa place de commentateur et je regarderai s’il est la bonne personne pour le club. En attendant, je lui dis : arrête de parler et montre-nous !« .

Bref, le personnage de Christophe Dugarry n’a sans doute pas fini de diviser les foules et de faire débat à Bordeaux. Au moins autant que celui de Jean-Louis Triaud en fait.

Mais au final, est-ce que tout cela fait vraiment avancer les choses ?

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