« Mon père m’a nourri avec les histoires de ce personnage fascinant. Puis en 2010, lors de la grève des joueurs de l’équipe de France à Knysna,
je me suis demandé de qu’aurait fait Claude Bez dans ce genre de situations. Est-ce qu’il serait monté dans le bus ? Donc, sans tomber dans le « c’était mieux avant » , il me paraissait intéressant de revenir sur cette période, quand le football était fait de personnages truculents. Et Laurent Pédebernard, le coréalisateur, a cinquante ans, donc il est en plein dans la « génération Bez ». (…)
Nous ne voulions pas faire un film de spécialiste. Le projet, c’est que même les néophytes puissent bien comprendre toute l’histoire de Claude Bez, ce grand personnage haut en couleur, qui aujourd’hui serait complètement anachronique. Il n’y a désormais que Jean-Michel Aulas, dans un style bien plus édulcoré, qui peut se réclamer un peu de son héritage.
Ce film, c’est l’histoire d’un président de club racontée comme un polar, avec l’ascension, la chute, et en toile de fond, les Girondins de Bordeaux et l’évolution du football.
(…) Nous avons été bienveillants à son égard, mais nous n’avons pas éludé sa chute. Et puis, durant son ascension, on voit Bez dire qu’il aime l’argent. Il bénéficie un peu du « syndrome Jacques Chirac » : il dit des choses qui choquent, mais cela passe bien. Sa façon de s’exprimer sans filtre le rend sympathique. Quand il dit qu’affronter Tapie lors d’un débat télévisé serait perdu d’avance parce qu’il est « gros, petit et vilain » , ça le rend sympathique. Après, nous n’éludons pas l’épisode qui le voit frapper des journalistes, mais en l’expliquant. Parce que souvent, ces images sont balancées sans explications. Nous évoquons également le rôle de Jacques Chaban-Delmas, qui, en dehors de son passé de grand résistant, n’a pas fait que des belles choses. C’est un monde cruel, implacable, que Charles Biétry résume bien lorsqu’il dit que « Claude Bez n’a pas réclamé de l’amour, il a réclamé de la puissance ». »