Laurent Brun : « Notre livre va beaucoup plus loin que le seul point de vue sportif »

Dans GA lundi soir, sur la radio RIG, Laurent Brun et Julien Bée étaient les invités pour raconter les dessous de leur livre : « La fabuleuse aventure des supporters Girondins à Bordeaux » (à commander ICI).

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Après les explications de Julien voici donc celles de Laurent, qui met en avant d’autres aspects de l’ouvrage :

LAURENT BRUN : « Bien avant de parler du stade, de Lescure, on remonte à la genèse du quartier tout entier, à son histoire, à son contexte. On repart quasiment jusqu’à 200 ans en arrière, et on arrive à ‘Pourquoi ce stade ?’. On parle du premier parc des sports, construit et inauguré en 1924, avant que Lescure n’apparaisse, en 1938, ou plutôt le stade municipal comme on disait au départ. A la base, le premier stade était une place forte pour le rugby et le cyclisme, car Bordeaux et la périphérie comptaient une douzaine de vélodromes, et on le dit. Puis il y a quelques matches de foot dans les années 25, jusqu’au milieu des années 30, des matches de coupe du Sud Ouest. Mais l’endroit n’était pas forcément fait pour le football au départ, et on rappelle que la première mouture du stade a fait faillite.

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On insiste aussi, et peu de gens l’ont fait par le passé, sur le fait que Lescure, ou Chaban-Delmas, c’est deux stades en fait : un stade moderniste, et la plaine des sports, qui s’intègre dans un quartier art-déco assez unique en France, et pas assez mis en avant à mon goût. On s’attarde sur ça, sur le fait qu’après la guerre de 1870 et au début du XXème siècle il y a une envie de changer les choses, d’avoir un lieu de sport-loisirs et de compétition accessible à tous, gratuitement, pour créer un esprit sportif sain. C’était vraiment unique et novateur comme point de vue pour l’époque. Et Robert Hue ; rien à voir avec le politicien ; a été visionnaire en voulant que Bordeaux se dote d’un tel endroit, un domaine sportif complet. On a vraiment voulu accentuer sur cela, sur cet héritage, car aujourd’hui la plaine des sports sert aux écoles, aux riverains, aux visiteurs, mais c’est ce qui a amené la faillite de ce ‘deuxième stade’. Ensuite on aborde la construction du stade municipal, Lescure, dans sa configuration quasi actuelle, avec, pour la première fois au monde, des voûtains, et donc des tribunes sans piliers. On a voulu mettre tout ça en perspective, cette histoire, cet ancrage dans la ville et le quartier, en donnant aussi la parole aux associations de riverains qui se sont battues et ont réussi à faire fléchir le conseil municipal et annuler le projet de rénovation du site tout entier, dont l’espace art-déco, afin qu’on ne touche à rien, et surtout pas aux annexes du domaine de Lescure, qui restent gratuites et accessibles à tous, en dehors du stade principal, restant dédié au sport professionnel. Dans ce combat, on donne la parole aux différents protagonistes : les pour, les contre. C’est aussi dans le livre.

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On sait qu’il a déjà des bouquins de qualité qui ont été faits sur le sujet du Parc Lescure, et on les a consultés, mais ils datent un peu. Et avec le temps, on a trouvé d’autres choses à dire. On ne veut pas les invalider, mais on pense que notre livre va beaucoup plus loin que le seul point de vue sportif : il parle d’humain de patrimoine, d’histoire. Après, peut-être que dans quelques années, des gens amèneront des choses nouvelles, et tant mieux. Mais nous, on voulait vraiment faire ce travail, sur ce stade, car on arrivait dans la période où les Girondins ont quitté Lescure. C’est donc de là que Julien a eu l’idée de faire une ode, un hommage, à ce stade et à sa richesse incroyable. Il y a tout eu dans ce stade ! Du foot, du vélo, du hockey, de la boxe, ‘holiday on ice’, de la moto, des concerts de Johnny Halliday, de Dire Straits… On a aussi retrouvé et partagé des histoires décalées, des anecdotes, voire des facéties, sur la pelouse notamment, sur le climat, les coulisses. Car dans le récit, il y a du classique, du conventionnel, mais on s’accorde aussi, de temps en temps, des fantaisies, toujours en rapport avec le stade. Par contre, on s’est vraiment arrachés les cheveux, car il a fallu tout vérifier, tout documenter, tout recouper, et tout sourcer… la moindre affirmation. C’est un travail de titan, tous les jours, toutes les nuits… Et quand on n’est pas sûr, on parle au conditionnel, car on n’a pas la prétention de tout savoir, et de toute manière on ne peut jamais tout savoir. J’ajoute également qu’on repart aussi, un peu, dans d’autres stades bordelais où les Girondins ont joué : Suzon, Musard, Galin, le Matmut Atlantique, et ce pour comprendre Lescure. Ce livre, en fait, c’est un peu une passerelle entre plusieurs disciplines, surtout le sport et l’histoire. Ce n’est pas juste un livre sur les supporters. C’est l’histoire du stade et des Girondins. Sous forme de visite guidée. »