Les anecdotes de Julien Courbet sur sa première comme speaker, la sono de Lescure et Bordeaux – Milan
Toujours lors de son passage sur BeIN Sports, l’ancien speaker des Girondins de Bordeaux, Julien Courbet, raconte comment il a vécu cette activité, à travers des anecdotes bien choisies.
« Ma première fois ? Bien sûr que j’étais paniqué. Donc je ne suis pas fier de ce que je vais vous raconter… J’étais, à l’époque, tellement en panique, que j’avais cassé mes lunettes juste avant d’arriver au stade. Alors qu’on était dans une cabine, tout en haut ! Donc je suis paniqué, je n’y vois rien… Alors que je suis supposé annoncer la sortie des joueurs, lors d’un Bordeaux – PSG. Et celui à côté de moi le sait, donc il me dit : ‘On va bien rigoler’, et il me met un petit post-it quand un joueur parisien sort. Je lui dis, ‘donne-moi les noms, car je ne vois pas ! »… Vous vous souvenez d’Amara Simba ? L’attaquant qui faisait des bicyclettes… Et moi, je ne vérifie pas, forcément, donc j’annonce : ‘Changement pour le Paris Saint-Germain ; sortie du N°13, Machin, et entrée du N°11, Simba le marin’. Je n’avais rien vérifié ! Donc il y a 30 000 personnes qui sifflent. J’étais tétanisé.
La deuxième étape importante, dans ma carrière de speaker, c’est quand il faut aller sur la pelouse. Et là, je vous le dis honnêtement, il faut y aller sur la pelouse ! Quand vous avez 30 000 personnes au stade, qui ne vous pardonnent rien – même si vous êtes un supporter -, se retrouve dans le rond central et leur parler… Il faut le faire. Quand on est à la télé, on parle à un morceau de fer, on imagine juste les gens derrière ; pareil à la radio. Mais là, il y a une arène surchauffée en face de fou, des dizaines de milliers de gens en attente, donc vous n’avez pas le droit à l’erreur… Une fois, je me suis amusé à souhaiter la bienvenue aux supporters d’une équipe adverse : ‘Bouuh ! » (rire) ! Vous n’avez le droit que de dire ‘Allez Bordeaux, on va gagner !’… Par contre, quand la communion s’installe, que vous parlez avec vos tripes, et qu’eux le sentent, que vous les faites chanter… Quand vous lancez un ‘Est-ce que vous êtes là, telle tribune ?!' » et que ça répond ; alors là, c’est carrément des moments d’extase. Très humblement, je le dis, bien sûr que j’avais parfois l’impression de participer aussi, un peu, à un succès.
Le speaker, il compte, il est très important, même sans être là sur le terrain. Et, malheureusement, à Bordeaux, j’ai dû me battre avec une sono déplorable, et j’ai tenté d’expliquer pendant des années qu’on ne pouvait pas avoir un public de feu sans une bonne sono. Après, le speaker est capable, quand les joueurs arrivent, de mettre l’ambiance. Ce sont ces 20 secondes-là les plus importantes… Le joueur, il a un cœur, et s’il sent un public chaud il est transporté. J’ai eu la chance d’animer le Bordeaux – Milan de 96, contre le grand Milan. On perd 2 à 0 en Italie – et donc au retour on se dit que c’est fichu… – mais je chauffe le public depuis le terrain, pendant l’échauffement. Et je vois les joueurs des deux équipes ; alors je dis, en remontant dans la tribune, aux gens autour de moi : ‘C’est sûr, il va se passer quelque chose » ! Les Italiens avaient les chaussettes baissées, et les Bordelais étaient transcendés par l’ambiance. Bixente Lizarazu avait, je m’en rappelle toujours, deux traits noirs sous les yeux ! Christophe Dugarry et Zinédine Zidane regardaient le public, qui était survolté. Ils sont rentrés sur le terrain comme onze gladiateurs. Ce n’était plus du football, c’était un match à la vie à la mort ! Donc c’est pour dire que le speaker – et je rends hommages à tous les speakers -, c’est vraiment le 12ème ou le 13ème homme. A Bordeaux, je les connais tous. »