Nicolas Morin : « Gourvennec a de la chance d’être à Bordeaux… On a été moins indulgent avec Sagnol »
Très inquiet pour la suite de la saison des Girondins de Bordeaux ; au moins autant que certains supporters, dont… les Ultras ; le journaliste Nicolas Morin (France 3 Aquitaine) se refuse quand même à désigner un coupable, notamment l’entraîneur, Jocelyn Gourvennec, bien qu’il ne comprenne pas tout dans ses décisions. Voici le long, et très intéressant, diagnostic fait par Nicolas sur le cas du technicien breton.
« Je ne ‘défends’ pas Jocelyn Gourvennec ; car je ne travaille pas au club et que, dans le fond, ça m’est égal ; mais on ne peut pas dire qu’il n’essaye pas de changer les choses, car il changé les hommes, les systèmes, les compositions, les postes… Il a, évidemment, sa responsabilité, mais quand je vois, parfois, ce qu’il se passe sur le terrain… Je trouve que certains joueurs sont largement en-dessous de leur niveau, comme Sankharé et certaines recrues. Jonathan Cafú, sans vouloir être méchant, mais je trouve qu’il n’a pas le niveau attendu. Il jouait en Bulgarie, il avait fait 2-3 bons matches en Coupe d’Europe, Bordeaux l’a surpayé, mais ce n’est pas le niveau pour jouer dans un club de haut de tableau en France, ce que reste Bordeaux à mes yeux.
MEHDI FEDOUACH / AFP
(…) Aussi, en attaque, un joueur comme Gaëtan Laborde était incontournable de janvier à mai, et on voit que ses qualités de pressing manquent… Il a un impact, de l’abattement. J’ai eu la chance, la saison passée, en voyant des matches depuis le bord du terrain, de remarquer l’intensité qu’il mettait. Et ça manque beaucoup. Nicolas de Préville, il a des qualités, ce n’est pas un mauvais joueur, mais il n’est pas ‘chiffonnier’ devant, comme Laborde, en servant d’appui. Je crois que Laborde n’a pas compris pourquoi il a été sorti de l’équipe, avant de se blesser… Je ne vois pas pourquoi Gourvennec se coupe volontairement d’un joueur comme lui ? Après, il s’est peut-être relâché par rapport aux attentes de Jocelyn Gourvennec suite à sa sur saison dernière ? Je ne sais pas.
Au final, et je me rappelle pourtant avoir rigolé lorsqu’il a signé, mais un Alexandre Mendy, vu son prix d’achat et son temps de jeu, apportait beaucoup dans l’attitude et va énormément manquer du fait de sa blessure. En tout cas, le souci c‘est que toute la colonne vertébrale de l’équipe est faible, du gardien à l’attaquant en passant par la défense centrale et les milieux axiaux. Partant de là, il est dur de faire beaucoup mieux qu’en ce moment. Est-ce qu’il faut replacer des joueurs à leurs postes précédents ? Je pense que Jocelyn Gourvennec y a déjà réfléchi… Après, il fait des choix.
La jeunesse de l’effectif ? Elle n’excuse rien, surtout quand c’est voulu. A 22 balais, si vous jouez en Ligue 1, je suis désolé, mais il faut l’assumer. Oui, c’est le haut niveau et il y a une concurrence, mais le caractère pour s’imposer on peut l’avoir à 21 ans… ou alors on ne l’a pas. Jouer à Bordeaux, dans un club comme ça, les jeunes joueurs doivent être capables de l’assumer. C’est comme dans le monde de l’entreprise. (…) Aujourd’hui, Gourvennec a un peu tout essayé, et il ne lui reste plus grand-chose je trouve. Il est allé jusqu’à rechercher Maxime Poundjé, qui ne jouait plus… Là, il fait presque les fonds de tiroirs, même si c’est un peu méchant pour ce joueur, afin qu’on ne puisse pas dire qu’il n’a rien changé…
Je crois que si le club se refuse à le licencier, c’est aussi car il y a une dimension économique très importante dans le fait de changer de staff, qui coûterait plus de 5 millions d’euros. Gourvennec a peut-être effectué une bonne première saison, mais il n’est pas allé en phase de poule de l’Europa League, et il est en échec. Donc au nom de quoi, il ne serai pas menacé après avoir perdu 9 matches sur 12… ?!? Pourtant, lui il le sait qu’il n’est pas menacé. Ce jeudi, la direction va se réunir avec lui, et ils se reposeront la question en mars, si Bordeaux est toujours 15ème. La question ce n’est pas ce qu’il a fait la saison dernière, ou les années d’avant, c’est ce qu’il fait aujourd’hui, car on est au haut niveau. Aujourd’hui, même avec deux ou trois nouveaux joueurs, ce Bordeaux ne redeviendra pas fort du jour au lendemain, donc est-ce que Jocelyn Gourvennec est encore l’homme de la situation ? Je ne sais pas… Il a, en tout cas, de la chance d’être à Bordeaux, dans un club qui le laisse travailler… On a été moins indulgent avec Willy Sagnol. Il a 20 points après 18 journées de Ligue 1, c’est quand même inquiétant ! Et pour revenir sur les objectifs européens fixés dès le début de saison, même si ce n’est que via la 6ème place, encore, il faudra avoir un rythme de deux points par match en moyenne, soit quasiment un rythme de champion, et il y a beaucoup d’équipes à rattraper. Donc c’est énorme… »