DaGrosa, King Street, Longuépée, la revente : Florian Brunet dit tout !
Invité dans « L’After Foot », sur RMC, Florian Brunet, porte-parole des Ultramarines, est intervenu sur la situation actuellement traversée par le club et interpelle sur des faits… graves :
« Le sentiment général, c’est tout simplement que ce qu’il se passe actuellement est ce que nous avions dit il y a un an, malheureusement. Mais, tout d’abord, je voudrais dissocier les problèmes actuels : il y a le sportif, le problème d’actionnariat et l’environnement du club. Bordeaux est un club de football, ce n’est pas un club de divertissement. Le sportif doit être central. Aujourd’hui il se porte bien et c’est plutôt une bonne nouvelle car finalement le club vaut déjà plus cher aujourd’hui que ce qu’il ne valait il y a un an, grâce à son équipe. Alors après, comment a été montée cette équipe ? Avec quels niveaux de salaires ? Qu’est-ce que ça entraîne au niveau financier ? Ça, on (les UB 87) ne le sait pas bien. Mais l’équipe se porte bien. On a un entraîneur qui porte haut les couleurs du club, qui nous plait énormément et ça c’est un point positif. Le sportif doit, de toute façon, être le plus important et d’ailleurs cela permet d’enchaîner sur le reste. C’est un des sujets du conflit, parce que justement on est venu nous expliquer que le sportif pouvait être secondaire. C’est en tout cas ce que nous ont dit les personnes qui travaillent pour King Street (actionnaire majoritaire du club, qui détient 86.4% des parts du club, ndlr). Eux ne sont pas du tout intéressés par le football. Alors le sportif doit être central, mais attention ça peut aussi devenir secondaire dans le sens où on a aussi connu une fois la relégation au début des années 90 et l’année où l’on est relégué pour des raisons administratives on était à deux doigts d’être européens. Donc quelques fois, l’organisation du club prend le pas sur le sportif, donc il y a une limite aussi. D’ailleurs apparemment, je ne sais encore une fois pas comment a été réalisé ce travail au niveau sportif, mais il y aurait déjà des dérives financières, un gros trou financier. Mais enfin en tout cas on voit le résultat sur le terrain et pour l’instant c’est pas trop mal. »
Le sportif est donc une donnée assez rassurante et un point très important pour les Girondins de Bordeaux dans cette situation générale floue. Mais ce pas vraiment le sportif qui fait débat au sein de la communauté des Marine et Blanc, c’est plutôt le contexte de l’actionnariat, que Florian Brunet n’hésite pas à rappeler et à dénoncer :
« Au niveau de l’actionnariat, il y a eu un très gros problème dès le départ : la personne qui dirige le projet n’est pas la même que celle qui le finance. Ça veut dire que Joe DaGrosa a porté un projet où ce n’était pas son argent. Il a été le chercher cet argent et ce n’est que de la dette, d’autant plus que l’argent provient d’un fonds d’investissements qui se fiche complètement du football. Ils ne savent même pas ce que c’est. Ce problème-là, on l’avait dénoncé un an auparavant, donc on va droit dans le mur parce que Joe DaGrosa joue avec un argent qui n’est pas le sien ! On a décidé de leur donner une chance, le contact était plutôt bien passé avec Hugo Varela. On s’est toujours méfié, mais nous avons essayé de travailler avec eux. Ils sont arrivés, ils nous ont affiché des objectifs très ambitieux : d’être européens voire même en Ligue des Champions ! Puis ils font un recrutement qui est pertinent, donc nous on reste dans notre rang, on ne va pas regarder comment ils ont fait ce recrutement…
Daniel Riolo (éditorialiste d’RMC, répondant à F. Brunet) : « Si tu me permets de te couper deux secondes, Florian, je ne trouve pas le recrutement si pertinent que ça. J’entends bien ce que tu veux dire d’un point de vue sportif, néanmoins ce recrutement a plombé les comptes. Les salaires qui ont été attribués ont fait exploser la masse salariale et c’est à cause de ça que Bordeaux est absolument dans la merde aujourd’hui, que Joe DaGrosa et ses amis vont devoir partir, que King Street va se retrouver seul dans le navire et essaiera peut-être de récupérer ses billes en vendant des joueurs pendant le mercato, et que le club peut couler à cause de ça. »
Florian Brunet : « Totalement ! Mais Daniel, ça va encore plus loin que ça. Ces gens-là, qui sont venus nous parler de Ligue des Champions, ça fait deux mois qu’ils se cachent. Joe DaGrosa et Hugo Varela se cachent depuis deux mois et à un moment donné, on a des escrocs en face de nous ! Il faut appeler un chat un chat. Ils ne viennent plus au stade, ils ne nous donnent plus de nouvelles, alors qu’ils nous ont vendu monts et merveilles ! Donc aujourd’hui, on se retrouve avec un fonds d’investissements qui n’en à rien à faire du club ! King Street, ils veulent vendre vite, et ils seraient prêts, visiblement, à ne pas être très gourmands, ils seraient prêts à le faire à un prix où ils retrouveraient leur investissement. Ils se sépareraient du club sans discuter et ils ont même mandaté un certain Daniel Ehrmann pour s’en occuper. C’est en tout cas les informations que l’on a, et King Street est très pressé de vendre, c’est un élément très important. Aujourd’hui, Joe DaGrosa et Hugo Varela sont hors-jeu ! A moins d’un coup de théâtre. Mais de toute façon ils ne représentaient quasiment rien dans le capital du club, car ils avaient simplement porté le projet et avaient convaincu King Street de les suivre dans ce projet. King Street s’est aperçu que ce n’était pas des gens sérieux et visiblement ils sont hors-jeu. Et maintenant, King Street se retrouve avec le club des Girondins comme un caillou dans la chaussure. J’en arrive à présent au troisième point. »
Entre un actionnaire qui veut déjà (re)vendre et deux principaux « responsables » du projet sportif jetés par-dessus le bord navire en raison de leur mauvaise gestions, le club des Girondins de Bordeaux se retrouve dans de beaux draps. Cependant, une question légitime se pose à présent au FCGB. Qui est le véritable patron ? Florian Brunet, répond :
« J’en arrive à présent au troisième point, qui est l’environnement du club. Frédéric Longuépée (président du FCGB, ndlr) a été recruté pour ce travail et depuis un an on est témoin de quelqu’un qui détruit le club de son âme de l’intérieur. Des salariés qui travaillaient pour ce club depuis des décennies ont été licenciés sans ménagement, d’autres salariés sont en dépression, la sécurité des Girondins – qui a fait ses preuves depuis 20 ans, car nous on travaille par exemple avec les stadiers et avec les responsables de la sécurité depuis 20 ans – est menacée. Il faut savoir qu’aujourd’hui, le responsable de la sécurité (David Lafarge, ndlr) subit une pression incroyable de la part de Longuépée, et ça fait d’ailleurs six mois qu’il essaye de contrôler toute notre liberté d’expression en interdisant nos banderoles. Sauf que depuis 20 ans il y a toujours eu un partenariat, une confiance réciproque, entre le club et nous. De notre côté, on refuse qu’il (Frédéric Longuépée, ndlr) contrôle nos banderoles, et à partir de là il fait pression sur le responsable de sécurité, qui n’en peut plus. Et ce qu’il se passe avec nous, ça se passe comme ça à tous les niveaux du club. Il y a des salariés qui sont venus nous voir en nous disant, « On n’en peut plus, faites quelque chose pour nous ! ». Et pas des moindres… Des salariés qui sont là depuis 20 ans. Ça commence à sortir du bois, Ludovic Obraniak l’a confirmé, il y a eu un article de Mathias Edwards dans la revue Far Ouest, une enquête approfondie dans laquelle énormément de salariés sont venus témoigner.
Sans oublier l’histoire de la billetterie, qui est un véritable scandale ! Il y a des gens qui sont en train de nous appliquer une espèce de théorie de la rareté des places en égalisant les gens dans le stade. Alors qu’à Bordeaux c’est le Virage Sud qui est tout le temps le plus plein. Eux, ce qu’ils font, c’est qu’ils ne veulent pas que le Virage Sud soit trop plein, donc ils mettent les gens un peu ailleurs, ils égalisent le stade ! Pour nous, c’est scandaleux, c’est toucher à la tribune populaire, c’est toucher au poumon du stade. Et c’est comme ça à tous les niveaux ! […] Est-ce que l’on regrette M6 ? La question ne se pose pas comme ça et surtout il faut penser à l’avenir proche. Comme je vous ai dit, visiblement, King Street veut vendre très, très vite, donc il faut déjà sauver le présent. Il y a une situation à l’intérieur des Girondins qui est très, très grave, que ce soit au niveau des 200 salariés ou au niveau de la tribune populaire, des tensions qui sons très, très fortes. Il ne faudrait pas que ça aille trop loin. Il y a certaines personnes qui ont été mises en place par GACP, mais pas que, car King Street, par l’intermédiaire de Frédéric Longuépée, a été recruter Antony Thiodet et également tout un tas de personnes, à des salaires très élevés. Des anciens supporters de l’OM ou du PSG ont été recrutés également. Ce que je veux dire par là, c’est qu’on a retiré l’âme du club, et ça gêne les salariés qui disent « Je bois mon café le matin avec un supporter de l’OM ! ». Il y a un problème de culture club, mais à la limite ce n’est pas un problème majeur. […]. Le coeur du problème, c’est surtout qu’il y a un château du Haillan qui se porte très mal, au niveau de son ambiance et de son état d’esprit, les salariés nous le remontent tous les jours, ça se passe très mal à tous les niveaux.
Au niveau du Virage Sud, ça se passe très mal aussi et il y a d’énormes tensions. Nous, on espère qu’une chose ; vraiment : c’est que ça ne dérape pas, mais les provocations se multiplient des deux côtés, rien est fait pour calmer l’ambiance. On est rentré là dans un rapport de force qui est extrêmement dangereux. Aujourd’hui, que notre liberté de parole soit contrôlée, mais ce n’est même pas négociable. Frédéric Longuépée ne peut pas nous interdire de banderoles. Aucune banderole n’est insultante et nous défendons notre club, on est à l’intérieur d’un débat, il n’y a aucune raison qu’il contrôle nos banderoles. Il y a aussi l’histoire de la billetterie qui ne cesse de continuer encore et encore, voilà le présent actuel ! »
Un environnement désastreux donc, tant pour les salariés que pour les supporters du club, un management visiblement peu louable mené par Frédéric Longuépée, mais – heureusement – Florian Brunet rappelle une chose importante : ce présent-là ne devrait pas durer encore très longtemps… :
« Ce présent-là ne va pas durer très longtemps, puisque comme je vous le disais précédemment King Street veut vendre le club au plus vite. Donc l’enjeu n’est déjà plus là, nous sommes déjà dans l’après. Moi, je suis là pour interpeller, pour interpeller des gens qui nous disaient il y a un an : « Ne vous inquiétez pas, ces gens-là (DaGrosa et Varela, ndlr) sont sérieux, ces gens-là vont porter haut le club ». Je voudrais interpeller Nicolas de Tavernost (dirigeant d’M6, ndlr), en qui j’ai quand même beaucoup d’affection, qui nous a dit ce genre de choses. Est-ce que vous le pensez encore, Monsieur De Tavernost ?! Je voudrais interpeller aussi Nicolas Florian (maire de Bordeaux) et Alain Juppé (ancien maire), qui politiquement nous disaient : « Ce projet est viable ». Il ne faut pas oublier que les Girondins de Bordeaux sont un vrai patrimoine de la ville ! On parle du vin de Bordeaux, mais aussi de son club de foot ! Moi, je mets tout le monde devant leurs responsabilités et je leur demande simplement une chose : qu’ils mettent en route leurs carnets d’adresse ! Ce n’est pas possible que les Girondins de Bordeaux n’intéressent personne ! Il n’y aurait personne de sérieux, qui puisse mettre 80 ou 100M€ sur la table et fasse vivre sérieusement le FCGB, avec de l’ambition ?! Parce qu’aujourd’hui l’enjeu il est là ! J’en ai encore discuté avec Alain Giresse. Philippe Fargeon nous parlait des Girondins de Bordeaux et disait qu’il fallait défendre le Virage Sud. Le Virage Sud fait partie du club et c’est une fierté du club aujourd’hui ! Il faut défendre les salariés, il faut défendre l’histoire du club et il faut déjà être dans l’après ! Il faut se battre pour reconstruire ce club, avec son âme, et conserver cette âme qui est formidable, qui est une véritable âme populaire. Voilà pourquoi il faut se battre, pour le club et le Virage Sud, sa tribune populaire ! »
Le message transmis par le porte-parole des Ultramarines est très clair. L’enjeu s’avère être grand pour les Girondins de Bordeaux, qui se retrouvent (encore…) – et malheureusement – dans une position délicate. Interrogé sur les actes de Frédéric Longuépée envers la tribune populaire, Florian Brunet détaille même le point de vue très inquiétant du président des Girondins de Bordeaux :
« Frédéric Longuépée ne conçoit pas qu’il y ait une tribune ultra. C’est quelque chose qui le dépasse. La sécurité qui est mise en place depuis vingt ans, il veut la remplacer par une sécurité privée. Lui, il ne comprend pas qu’une tribune populaire puisse s’exprimer : à ses yeux nous ne sommes que des ambianceurs, on n’a pas à avoir un partenariat avec les stadiers du club ni même de liberté d’expression. C’est quelque chose qui le dépasse. Il ne connaît pas le football Frédéric Longuépée, avec tout le respect que l’on n’a plus aujourd’hui parce que c’est allé trop loin. Il ne connaît pas l’environnement des supporters et encore moins celui de Bordeaux. Qui est au-dessus de lui aujourd’hui ? Daniel Ehrmann. Et je l’interpelle aussi, d’ailleurs. Si King Street veut vendre rapidement, il faut que les choses se fassent vite et intelligemment. J’interpelle aussi ceux qui seront intéressés. Ils doivent comprendre une chose : le football doit être central ! Il ne faut pas imaginer qu’on puisse faire du développement commercial tout en occultant le terrain, et on ne peut pas faire du développement commercial tout en occultant le Virage Sud aussi. C’est une hérésie ! Le repreneur ne doit pas prendre le Virage Sud de haut comme l’a fait Frédéric Longépée depuis un an, ce n’est pas possible. […] Quoi qu’il en soit, on interpelle tous les amoureux des Girondins : il faut que ce club trouve un repreneur sérieux et retrouve le haut du classement, c’est dans l’intérêt de tous. »
Voilà l’état actuel de la situation des Girondins de Bordeaux. Un bilan sportif comme seule bonne note, un management qui laisse des questions, des salariés usés, un actionnaire qui veut déjà (re)vendre… C’est tout un combat pour la survie du club que devront mener tous les amoureux des Girondins de Bordeaux. Sans doute même le plus grand combat de fond de l’histoire récente de notre club.