Salariés, anciens, politiques : l’appel de F. Brunet pour le futur du FCGB
En décembre dernier, au moment de la prise de pouvoirs totale de King Street et de l’éviction de GACP, c’était sur RMC qu’il s’était livré. Hier, pour pouvoir tout développer, c’était sur RIG, dans l’émission GA, que Florian Brunet, un des porte-parole des Ultramarines Bordeaux 87, a parlé. Longuement.
Mais – en marge de ses propos sur la crise au FCGB, le conflit avec le président Frédéric Longuépée et ses équipes, puis les « magouilles » du directeur du football Eduardo Macia et la lassitude du coach Paulo Sousa – Florian a surtout véhiculé un message fort : les UB 87 ne veulent plus être les seuls à s’alarmer pour l’avenir des Girondins de Bordeaux. L’appel est donc lancé, publiquement, aux politiciens, anciens joueurs, (anciens) salariés et à tous les supporters, pour dénoncer ce que devient notre club au scapulaire et faciliter son rachat par un repreneur plus fiable que des fonds d’investissement américains.
« On s’est fait voler notre club »
« Des événements, il y en a tous les jours. Et on a des dossiers qu’on n’a pas eu le temps de sortir sur cette direction. J’envie ceux qui arrivent encore à parler de football, car nous on n’en parle même plus. Mon sentiment, et je le disais encore récemment aux stadiers – atterrés -, c’est qu’on s’est fait voler notre club, que les Girondins de Bordeaux que nous aimons n’existent plus. Seuls les supporters l’incarnent. (…) On est au fond du trou, comme jamais on a été. On s’est fait voler notre club par un fonds vautour, pour qui on est un actif nocif dont ils se foutent. Et ils nous ont fait venir toute une cohorte de guignols sans valeurs, ceux qui dénaturent le club de l’intérieur. Notre but, à tous, et il faut en être conscients de ces enjeux, c’est de sauver ce qui peut encore l’être. C’est très important, car on est dans une situation dramatique. Nous, par exemple, on essaye de sauver notre sécurité et David Lafarge – sans qui on n’aurait jamais eu ‘Adieu Lescure’ par exemple –, d’être toujours présents, de faire des tifos et de préserver l’âme populaire qui a totalement disparu au club. »
« Faire en sorte que l’actif FCGB soit le plus nocif possible aux yeux de King Street, pour les faire partir »
« King Street n’a aucune envie de rester actionnaire des Girondins, ce même si Longuépée le dit car il aimerait bien vu qu’il est numéro 1 avec eux et que ça flatte son égo. Ils ont placé des gens qui tuent le club de l’intérieur. Une échéance hyper importante arrive en juin : la DNCG. Déjà que, la dernière fois, on ne l’a pas passée sans remarque… Mais j’espère que d’ici là beaucoup de choses auront bougé. Ça bouge déjà tous les jours, énormément, et j’interpelle sur votre radio pour dire qu’on n’entend pas assez tous ceux qui aiment les Girondins. En 2018, au moment du rachat, j’avais débattu sur France 3 avec Nicolas Florian, qui n’était alors pas encore le maire de Bordeaux mais adjoint d’Alain Juppé. Il avait défendu ce projet, mais j’y reviendrai plus tard… Nous, notre rôle, c’est de faire en sorte que l’actif FCGB soit le plus nocif possible aux yeux de King Street, car l’enjeu ce n’est pas le coach Paulo Sousa ou le sportif, c’est de faire partir King Street. Mais eux, ce sont des requins qui ne veulent rien perdre des 100M€ du rachat. Ils veulent vendre 140M€ le club, alors qu’il vaut 70M€, maximum… Donc notre rôle, pour qu’ils vendent, va être fondamental. Il faut les attaquer sur leur image, rendre l’actif FCGB le plus nocif possible pour eux, pour qu’ils partent. Le plus vite possible ; vraiment ! »
« Vous avez osé soutenir ce projet ; alors assumez et montez au créneau pour vous rattraper »
« Aussi, on entre dans la campagne des municipales de 2020. Et là, j’interpelle Nicolas Florian, qu’on a vu pendant deux heures, dans son bureau, et qui était outré de ce qu’on lui a raconté. Alain Juppé et lui ont soutenu ce projet et dès le départ on leur a dit que c’était une folie, car les Girondins de Bordeaux c’est dans le patrimoine de tous les Bordelais, même ceux qui n’aiment pas le foot. Le maire de Bordeaux et les politiques ont laissé le club se faire… avaler par un fonds d’investissement vautour, donc ils doivent rendre des comptes. Et j’interpelle tous les politiques : vous avez osé soutenir ce projet-là et vendre une partie du patrimoine de Bordeaux à un fonds vautour ; alors assumez et montez au créneau pour vous rattraper. Comprenez-moi bien : si j’accapare la parole, c’est que c’est super important. L’enjeu est de casser l’image de King Street pour qu’ils acceptent de vendre le club à un prix raisonnable. Nous devons leur faire comprendre qu’ils doivent partir vite plutôt que de s’entêter à rester sans vendre le club. Ils n’auront pas le prix qu’ils veulent et risquent d’y perdre encore plus d’argent et aussi leur image. »
« Ça peut finir en accident industriel »
« Je me demande, aussi, pourquoi les anciens joueurs ne disent rien… Ils sont où la génération de 96 ? Les champions de France 2009 ? les Girondins des années 80, 2000, 2010 ? Chamakh, Trémoulinas… Quelqu’un comme Dugarry, lui, remonte beaucoup dans notre estime et il dit des choses pertinentes. Nous devons tous mettre de l’énergie pour que King Street accepte de vendre le club à un prix raisonnable, car des gens travaillent déjà sur ça bien sûr. Après, autre sujet par rapport à ça, les réseaux sociaux deviennent très importants et même trop peut-être. Les insiders, là – que j’aime bien en soi mais que je n’ai jamais vus en vrai -, ils ont besoin de sortir leurs infos pour se faire mousser, mais ça ne sert pas le club, car ceux dont ils parlent n’ont pas envie de sortir. Sinon, ils le feraient. Bruno Fievet et Stéphane Martin – des amoureux des Girondins – en font partie, car ils sont atterrés par ce qui se passe au club. Même des partenaires du club, qui mettent des millions, ont été dégoûtés par les vœux du club, tellement insipide comme cérémonie. Il faut vraiment trouver un repreneur qui comprenne les valeurs et l’histoire du club pour que King Street et Longuépée dégagent… Rendez-vous compte, des investisseurs sont arrivés sans rien connaître, ont débauché des dirigeants parachutés, et ils pensent que le club n’existait pas avant eux. Ça peut finir en accident industriel, comme Bastia, Le Mans, ou Strasbourg à une époque… Et si on tombe en Ligue 2, on sera combien au stade René Gallice ? 3 000 ? 4 000 ? Et ce ne sera pas comme en 92, on ne remontera pas si facilement, en une saison… »
« On sait que les salariés sont d’accord avec nous, mais qu’ils osent sortir du bois »
« Tout ce conflit, et il faut le rappeler, il est parti de l’affaire de la billetterie. Mais comment c’est parti, ça ? Des salariés – dont je garde encore les noms secrets – sont venus au local nous parler, nous dire de les aider. Mais ces salariés, ils se planquent… Et il va falloir sortir du bois. Ils veulent garder leurs places, mais si on tombe en Ligue 2 les salariés ne seront plus 200 comme en ce moment… Ce sera 50-60 et donc 140 personnes au chômage. Et je parle là de salariés historiques, pas des jeunes loups venus avec Longuépée. Ils viennent tous pleurer au local, nous appeler à l’aide, mais derrière – excusez-moi l’expression – ça se chie dessus. Nous, on sait qu’ils sont d’accord avec nous, mais qu’ils osent sortir du bois ! Car c’est aussi leur club et leur entreprise. Pareil pour les anciens joueurs encore au club… Patrick Battiston, il est méprisé en interne. Philippe Lucas et Daouda Diallo, quand ils ont été malades, ils n’ont pas été accompagnés. Personne du club n’a été les voir. Donc que tout le monde se bouge et sorte du bois, bordel, surtout ceux qui nous disent qu’ils sont à bloc avec nous et n’en peuvent plus d’être pris de haut par Longuépée et ses jeunes loups supporters de Paris ou Marseille, payés 15 000 euros par mois, et qui lui lèchent les bottes ! Dans ce club, il n’y a plus rien, plus d’âme, de valeurs humaines. Que tout le monde se réveille ! Les Girondins de Bordeaux, c’est un club magique, avec une histoire incroyable… Ne le laissons pas crever ! Poussons King Street dehors !
Vraiment ; que tout le monde se réveille. Ce n’est pas possible que seuls les Ultras soient révoltés. On mérite mieux que ça ! Qu’un fonds d’investissement vautour, que de jeunes loups qui dénaturent notre club. Je suis désolé, mais ce sont les tripes qui parlent. Je le redis, au départ, ce sont deux salariés historiques qui sont venus allumer la mèche sur l’affaire de la billetterie, pour que le conflit prenne de l’ampleur, et j’appelle ces deux personnes-là à sortir du bois. Si on continue de se laisser faire, le risque de Ligue 2 au prochain passage devant la DNCG est présent. En l’espace de 24 heures ; comme en 91, alors qu’on avait failli jouer l’Europe ; si King Street refuse de rajouter les 20 ou 30M€ demandés pour combler le trou, c’est la L2. Et 140 salariés vont partir. Alors j’appelle ces salariés qui sont venus au local nous dire tout le mal qu’ils pensaient de Longuépée à prendre leurs responsabilités. On ne donne pas de noms, mais ça ne durera pas… Les Ultramarines ne prendront plus les coups tout seuls, comme depuis des mois. Les salariés ; je leur envoie un signal car on ne va pas tarder à donner les noms ; Ils sont venus nous dire, au local, qu’ils sont 100 derrière nous et qu’ils n’en pouvaient plus, mais après ils se planquent. »
« Alain Giresse a été méprisé. Alors, quand est-ce qu’il pète un plomb ?! »
« Pour en revenir aux anciens joueurs qui ne parlent pas, même un grand Monsieur que je connais bien et que je respecte énormément, Alain Giresse, je sais qu’il s’est fait traiter avec mépris par Longuépée, qu’il a été reçu comme une merde, à Paris. Il est venu nous dire qu’il s’est senti mal à l’aise toute la journée. Mais Bordeaux, dont il est LA légende, c’est lui ! Ils n’ont pas le droit ! Ils devraient lui dérouler le tapis rouge ! Alors ; quand est-ce qu’il pète un plomb ?! Il a fait une sortie pour le dire, mais c’était trop gentil. Il faut les désosser, taper plus fort ! Pareil pour Lizarazu. Liza, je l’adore, et je lui ai dit pourtant… Il a fait une sortie qui va dans le bon sens. Mais c’est timide. Il n’y a que nous qui sommes… ce n’est même pas vraiment excessifs ; mais passionnés. Depuis le début, on est trop gentils, on se fait prendre pour des cons, voler, mépriser, insulter. Il devrait y avoir une révolte. On se sent seuls, aujourd’hui, il faudrait une révolution, de tout le monde. Les gens, parfois, s’étonnent que je m’énerve sur Twitter, mais depuis le départ on est trop gentils. Bordeaux, c’est notre vie, notre famille, nos tripes, notre cœur. Et moi, dans ma vie, je ne suis pas bien à cause de tout ça. Et tous ces mecs-là, comme Giresse et Liza, devraient se sentir pareil, car quand on insulte Bordeaux, c’est eux qu’on insulte. Alors qu’ils montent au créneau, car nous on se sent seuls. Bordeaux est trop gentil ! Depuis le début…
(…) Maintenant, si je dis tout ça, en parlant avec mon cœur et mes tripes, c’est pour choquer, inquiéter. Le sportif ne devrait jamais être secondaire pour nous. Après, le club est toujours en Ligue 1, avec encore des salariés historiques, donc il n’est pas encore mort. Bien sûr qu’il n’est pas mort. Il est immortel ce club. Tant qu’on sera là et que des gens aimeront ce club, il vivra. Mais qu’on se réveille, tous, qu’on interpelle tout le monde avant qu’il ne soit trop tard et qu’on soit en Ligue 2 : joueurs, anciens, politiques, salariés, supporters… Rendez-nous ce club des Girondins, car on nous l’a volé !«
Le message est passé. Sera-t-il suivi d’effets ? On l’espère.